Hommage à Charles-Robert Ageron.,
Par Ahmed Bencherif
Le grand historien, Charles –Robert Ageron, quitta la vie active sans gloire, pour avoir attaqué le syndrome du colonialisme en Algérie. Il en est ainsi des hommes d’exception qui crée des œuvres percutantes. Il quitta la vie le début septembre 2008, terrassé par la maladie.
Sa thèse « Les Musulmans algériens et
la France », soutenue en 1968, soit six ans après l’indépendance de l’Algérie, se distingue par une audace que peu de spécialistes pouvaient s’approprier pour piocher dans le passé colonial et le mettre à la disposition du lectorat. Elle est colossale et couvre la période allant de 1871 à 1919. Elle constitue une référence de base pour l’intelligentsia, dénote l’analyse objective de la praxis coloniale multiforme, reflète une probité intellectuelle exemplaire, procède d’une clarté sidérante, dans la mesure où elle situe les évènements dans leur contexte historique pur et sans maquillage. Les investigations, que mena Ageron, nécessitèrent une grande persévérance, de l’opiniâtreté et surtout l’occultation de ses sentiments et de ses opinions.
Ageron nous a fourni une didactique pour comprendre le passé colonial qui avait désastreusement évolué à partir de 1871, soit à l’avènement du gouvernement des maires. Disons tout de suite qu’il réfuta les thèses infirmes des penseurs coloniaux. Disons aussi qu’il rendit bien des fois hommage au peuple algérien pour être resté lui-même : fier, vaincu mais insoumis, résistant infatigable.
Sa thèse m’avait permis de réfléchir, puis de comprendre les mécanismes que j’ai développés dans le roman historique « Marguerite tome 1 ». Par probité intellectuelle, je lui avais dédié cet ouvrage ; hélas, il ne put, pour cause de maladie, savourer le plaisir de savoir que sa thèse avait servi à faire un roman historique volumineux.
Le premier tome transpose le quotidien en Algérie, en situation conflictuelle grave de trois communautés : les colons, les juifs et ceux qu’on appelait honteusement indigènes. Sinistre tableau : séquestre, régime d’exception, sussions fiscales, parole muselée, famines régionales, internement administratif, déportation en Nouvelle Calédonie….
Le second tome, qui paraîtra très prochainement, relate :
- la révolution avortée des colons
- la crise anti-juive qui avait embrasé l’Algérie
- l’insurrection de Marguerite
Mon œuvre, telle que conçue, n’aurait certainement pas vu le jour, sans l’apport substantiel de Charles-Robert Ageron. Encore une fois, je lui rends hommage.
Qu’il repose en paix !
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26 août, 2009 à 18:14
Cher Ahmed,
Je suis venu, j’ai lu, j’ai su… Je comprends mieux, à présent, l’histoire de l’algérie! Gazelle.
30 avril, 2009 à 1:11
Sincèrement, je méconnais ce grand homme! Mais si tu trouves qu’il mérite cette Douaa et bien , je dirais : que Dieu lui accorde sa clémence !!!!
29 avril, 2009 à 20:24
Nadia, un ami intellectuel, très musulman, à qui j’avais loué le travail analytique et audacieux du professeur, invoqua le Seigneur pour en bénir l’âme et dit en substance : que Dieu lui accorde sa clémence. Comme tu le sais, c’est une formule musulmane. Ramenée à sa juste valeur, elle nous indique de combien est grande la tolérance de l’Islam nord-africain.
28 avril, 2009 à 18:56
Hommage à Charles-Robert Ageron
Je tiens à rendre hommage à ce grand historien!!! Qu’il soit remercié pour sa persévérance et sa clairvoyance .
REPOSEZ EN PAIX MONSIEUR !!!