Grappes de raisins
En forme de grappe de raisin juteuse,
Qui brille au soleil par les jours de juillet,
Réveille les envies combien amoureuses,
Parmi les feuillages vert clair et douillet,
Plus grosse que le fruit du chétif grenadier,
Qui, pendant, balance au toucher d’un rameau,
Garde jalousement son nectar très envié,
Attendrit de couleurs et cure de maints maux,
Charnue comme nèfle, tendre dans la bouche,
Filante dans la main, brûlante dans les sens,
Cette cime de chair succulente enclenche
Un très fort sentiment d’extase et de transe.
C’est ton orgueil comblé, frais et impérissable,
Qui vit plus dans ta chair, plus encore dans ton cœur.
Il fut le témoin présent et invulnérable
De tes jours sereins ou vifs, tes joies ou tes langueurs.
Tu la pares d’écrin de soie noire ou rouge,
Couleurs violentes bien suggestives,
Qui donnent à chacun un tendre vertige,
L’élan de conquête de façon hâtive.
Le regard s’y pose, tu en es heureuse,
Tu jouis de plaisir, tu te sens la femme,
Tu décroches le prix de jolies berceuses,
Compliments sincères, venus du fond de l’âme.
Ta volupté, aussi, jamais inassouvie :
De câlins en câlins, tendres ou passionnés,
Elle en est vierge, tout au long de ta vie,
Toujours glorieuse, et à jamais fanée.
C’est ton sein féminin émergeant de ta chair,
De rondeur unique, appât pour le regard,
De belle volupté, qui croit en égal pair
Dès la naissance et pointe ses beaux dards.
Bleu œillet, extrait de l’odyssée à paraître ahmed bencherif
Je te vis radieuse, vêtue de bleu oeillet
Entre le tapis vert et le jaune doré,
Sous l’éther par journée très peu ensoleillée
Et, tout autour de toi, se dressaient les fourrés.
Tes noirs cheveux retombaient sur tes seins,
Tes yeux éjectaient la flamme pour brûler,
Lovés sous les cils noirs, sur ton visage sain
Sans faux pli, ni rides dont la peau était halée.
Tu étais si belle dans ce champ de blé mûr,
Gracieuse comme la biche de ton bled,
Attirante sans fin, rafraîchie par l’air pur,
Souriante à l’envie, sûr de ton remède.
Les épis caressaient tes jolies mains brunes
Les herbes s’inclinaient à tes pieds couverts.
Par émoi, l’artiste retenait son haleine
Et de partout montait le chant de l’univers.
Derrière toi, le champ prenait sa naissance,
Pour se jeter loin et finir au tapis vert
Fermé par une haie de plantes peu denses
Qui fermaient l’horizon où naissait le bel éther.
Un vent léger soufflait, caressait tes cheveux,
Baisait ton visage, rafraîchissait ta peau
Collait ta chemise sur ton corps délicieux,
Te susurrait à l’ouie l’évasion au hameau,
Roucoulait la chanson de l’amour à venir,
Berçait les feuillages où nichaient les oiseaux
Faisait flotter le blé joyeux de t’accueillir,
Heureux de vivre un jour avant la fatale faux.
Le gazon immense, par ci par là terreux,
Te faisait un beau lit très épais et tendre
Pour mouiller de rosée ton corps svelte et gracieux
En sentir l’haleine sans plus attendre,
Pour vivre des moments de plaisir intense,
Gravé en mémoire jusqu’à la fin des temps,
Oublier tes soucis, détruire tes transes,
Jouir à satiété de joie cachée longtemps.