Isabelle Eberhardt
Le destin te croisa à la fleur de l’age,
Te souffla le plaisir de courir l’aventure,
Découvrir de nouveaux et lointains rivages,
Te travestir en homme, t’équiper de monture,
Connaître d’autres mœurs, un culte et ses rites,
Fréquenter des femmes tatouées sans pudeur,
Apprendre l’Arabe et divers dialectes,
Vivre près des valeurs de bonté et candeur,
Contempler le métier à tisser en œuvre,
Admirer les mailles d’un tapis truculent,
Tenir dans tes bras un bébé que la mère sèvre,
Manger à ta faim du couscous excellent,
Sentir les haleines des grandes cuisines
Où le feu crépite, trempé de résines,
Voir traire une chèvre qui mit bas la veille,
, En manger du colostrum tonique et délicieux
Avec des dattes fraîches de couleur vermeille,
Prendre voix aux cérémonies aux chants pieux,
Fouler de tes pieds nus le sable du désert,
T’asseoir à l’ombre d’un palmier tout en fruit,
Sous l’immensité infinie des bleus éthers,
Au bord d’une seguia qui ruisselle sans bruit.
Isabelle ! Tu vins ! Tu vins au mont des Ksours
Rapporter l’inédit des batailles du Mougar,
Que livra Bou-Amama, le héros de toujours,
Grand tacticien et brave comme un léopard.
Tu avais traversé des plaines et collines,
Des vallées et des monts, des coteaux de vigne,
Et l’immense steppe, dans un train noir de suie,
Roulant cahin-caha, assourdissant de bruit.
Tu avais débarqué en gare d’Ain-Sefra,
Capitale des Ksours de très longue date
Des oasis froides, que couvre un beau drap
Blanc de neige en hiver, en été, nonchalantes.
extrait à l’hommage d’Isabelle Eberhardt
Odyssée Edilivre Paris