- il vente dans les feuillages, comme il vente un air frais dans mon coeur, loin de cet amour, loin de cette espérance, droit sacré ici-bas pour toute âme. les rosées printanières tombent, arrosent d’eau pure les fleurs épanouies, mais dans on coeur il tombe, de ma douleur essorée, des rosées qui en refroidissent les ardeurs et les passions, comme dans un éternel hiver aux frimas qui ne fondent au timide soleil; elle est ce soleil timide et chaque jour elle apparait lointaine, en retrait de la nature et des belles âmes, comme si elle en éprouvait de la phobie. Puisse-t-il tenir ma main et ensemble nous lirons la magie des mains avant la magie des coeurs; quand échoue l’art ne faut-il croire un peu à la magie ne serait-ce que par vaine consolation..
- nuit plus noire que l’ébène et j’aime en ces instants de désarroi en fouiller les espaces pour les arroser des pleurs de mon coeur. Ciel aux feux éteints plus gris que mon âme battue au duel, j’aimerais en ces instants marquer de mon sceau vos espaces avec l’encre de mon âme qui suit un mirage qui ne veut jamais s’estomper.ainsi ma veillées sera des haltes successives à tous ces espaces pour me rappeler que ce mirage finira par s’évaporer.
- la source libérée coule en cascade, coeur affranchi de ses peurs explose d’amour.
-t’aimer comme un fou, t’aimer comme un sage, ce sera l’amour de mes saisons.
-t’aimer c’est oublier le temps et entrer dans l’éternité
Il y a des milliers d’années, la région d’Ain-Sefra recevait abondamment de pluie et partout les herbes hautes poussaient dans l’immensité des plaines sablonneuses qui s’étendaient jusqu’aux portes de l’oasis de Taghit. Tous les jours, le ciel était chargé de gros nuages, tous les jours il y tombait de grosses pluies qui trempaient le sol. Les crues étaient impressionnantes par leur grandeur qui atteignait cinq mètres de hauteur et leur vitesse était vertigineuse. Les oueds coulaient régulièrement et rugissaient comme des lions. Ils allaient arroser l’immensité désertique pour finir dans les palmeraies du Touat, à Kerzaz, à Adrar et aussi loin que le permettait le courant des eaux tumultueuses
Ses montagnes forment ce que les géographes ont appelé : le mont des Ksour en hommage au chapelet des ksars construits à leurs bases, depuis moins de deux mille ans, comme c’est le cas d’Ain-sefra, Sfissifa, Moghrar, Boussemghoun, Chellala. Elles sont imposantes, abruptes, difficiles à escalader et atteignent généralement mille huit cents mètres d’altitude. Dans le passé préhistorique, elles étaient densément boisées de chênes verts, de pins, de caroubiers, de genévriers et de diverses espèces. Elles abritaient des forêts profondes et inextricables. Leurs sommets étaient habillés de blanc presque toute l’année, une généreuse couche épaisse de neige qui fondait quand le soleil d’été commençait à chauffer et à émettre ses ardeurs. Ces eaux fondues s’infiltraient dans les couches géologiques profondes et ressurgissaient comme des sources généreuses qui donnaient à leur tour de grandes marres où venaient se désaltérer les animaux et les hommes.
Les géographes nous disent encore que la région d’Ain-sefra formait, dans ces temps les plus reculés de la préhistoire, un immense marécage qui s’étendait jusqu’à l’oasis de Taghit, à quatre vingt kilomètres au sud de Bechar. Elle avait donc sa végétation spécifique : des onces, des roseaux et des herbes très hautes et tendres. Au printemps, il y poussait aussi une multitude de fleurs variées, très belles et odorantes que butinaient les abeilles et les papillons. Mais cette région avait sa faune particulière, aujourd’hui hélas disparue et dont on retrouve la trace de sujets animaux sur les parois rocheuses qu’avaient taillés les premiers habitants. Elle ressemblait à la savane africaine et abritait le lion, le zèbre, l’éléphant, la girafe, le crocodile, le buffle, l’hyène, le serval, le guépard. Cet homme préhistorique nous a donc laissé sa mémoire par des gravures rupestres dont on retrouve des centaines de stations à ciel ouvert, éparpillées à travers l’atlas saharien et dont les plus belles se trouvent à Tiyout, vielles de cinq huit mille ans. Ces immensités fourragères suffisaient à entretenir ces troupeaux herbivores. Mais la sécheresse les appauvrissait d’année en année et le sol très humide s’asséchait de plus en plus. Plus loin dans le temps, soit soixante cinq millions d’années, il y vivait chez nous des dinosaures herbivores et les géologues en ont retrouvé un squelette, conservé aujourd’hui pour les besoins de la recherche scientifique, au musée de la Sonatrach à Alger.
Dans la région d’Ain-sefra, d’époque lointaine, il y a cinq mille ans, il y vivait un groupement humain, appelé Gétules, redoutables guerriers qui combattaient aux cotés des armées de la Numidie, de Carthage et d’Egypte. Ce peuplement était nombreux et se caractérisait par le grand nomadisme qu’il pratiquait. Ces mêmes individus peuplaient les hauts plateaux de l’est de notre pays, entre Constantine et Sétif. D’autres groupements moins importants en nombre habitaient au sud du Maroc, dans le territoire de Tafilalet. D’autres encore peuplaient le territoire entre Ouargla et Tabelsa, dont le mausolée remonte à deux mille cinq cents ans.
à paraitre prochainement en Algérie;
Zoubeida
Et par ce forum, je te sais avoir été :
Tu péris accablée de mal avancé
Sur ton lit d’hôpital, antre de charité
Et de soins, égal pour des humains menacés.
Ton repas du jour était la douleur atroce
Qui ruinait tes forces, perturbait ton esprit.
La nuit longue et noire t’éprouvait d’angoisse
Et te gardait dans les affres de l’insomnie.
C’était dans la blanche Alger perchée sur la mer,
Ta lutte s’avouait vaine contre le mal,
Ton chant de clémence montait dans les éthers
Dans un décor insolite de blancheur en salle.
En ultime espoir de prolonger tes jours,
Tu pris les airs en brancard pour la France,
De savoir clinique avisé, dans le bourg,
Le meilleur, par des mains de grande compétence.
Mais ton mal s’insinuait gravement dans ton corps,
Entamait ton envie de vivre longuement,
Troublait ton psychique, précipitait ton sort,
Te poussait à faire ton humble testament.
En piété, tu mis ton pied dans l’au-delà ?
Loin de ta Nadia, ton amie de toujours
Et de tes proches que ta perte accabla
De douleur muette, d’un profond deuil sourd.
Tu partis, Zoubeida ! Tu partis, Zoubeida,
Seule en voile blanc et de tout dépouillée,
Ni velours, ni bijoux, seule dans ton trépas,
Munie de ton bilan d’actes sains ou souillés.
publié à Paris par Edilivre
Mohamed éconduisit son âne dans le dépôt de bois dont il alluma un plafonnier électrique dont le voltage était si faible que l’on ne voyait presque rien. Il rangea les bûches dans un coin et s’écorcha un doigt qui saigna aussitôt. Il le suça instinctivement et le sang coagula. Il regagna la cuisine et sermonna fortement sa femme, puis il la saisit par les cheveux et la secoua vigoureusement et dit : « Maintenant, je vais t’apprendre à être prompte pour m’ouvrir la porte. ». Elle eut peur un peu, mais ne trembla pas, ne cria pas. Et dit : « Ne me frappe pas ; je t’ai préparé à manger et l’eau est chauffée pour que tu fasses tes ablutions. » Il la tenait toujours par les cheveux sans exercer de violence pourtant, alors qu’il était très nerveux. Quant à elle, elle restait humblement soumise et sûr d’elle-même. Elle n’essaya même pas de se dégager de l’étreinte de son mari qui dit : « Je vais t’apprendre à savoir qui suis-je. » Fatma restait imperturbable, malgré sa fragilité. Elle connaissait tout de son homme, sa violence, sa modération, ses limites. Aussi, elle n’en fut pas trop émue et dit : « Je sais qui tu es ; tu es mon lion qui rugit et fait fuir les braves. » Elle fit mouche et, à chaque fois que Mohamed entendait les mêmes propos, il se désarçonnait et jamais il ne put déceler la boutade du compliment. Pour s’authentifier comme tel, il rugit comme d’habitude, prit une amphore qu’il remplit d’eau tiède et regagna le dépôt de bois qui faisait office de salle de toilettes.
La salle de toilettes était aménagée dans un réduit. Comme le réseau d’assainissement public n’existait pas, elle disposait d’une fosse sceptique qui recevait les déchets et que Mohammed curait, quand elle se comblait et ces mêmes déchets allaient nourrir son champ de culture, une fois séchés au soleil. Oui, toute cette cité en était privée, la commune mixte n’avait pas assez de sous pour réaliser ces travaux nécessaires à la salubrité publique. L’eau courante n’existait pas non plus et chaque maison disposait de son propre puits. A vrai dire la volonté politique des pouvoirs publics était absente, au motif que les conditions de faisabilité n’étaient pas aussi appropriées, comme au village, édifié sur une surface plane et non rocheuse, lequel était majoritairement habité par des Français, mieux représentés politiquement que les Musulmans Français, les uns et les autres ayant chacun son propre collège électoral.
Mohamed éprouvait une grande difficulté pour se soulager. Il mangeait presque chaque soir du gros couscous par défaut, aliment qui lui incommodait le colon paresseux. A chaque fois, il était obligé de faire une grande pression de son abdomen pour évacuer. Toutes les tisanes, qu’il ingurgitait, ne lui facilitaient pas le transit. Cette fois-ci encore, il passait un mauvais moment, drôle en soi : il poussait, poussait à se couper la respiration ; il geignait, geignait à s’étrangler la voix. Au prix de maints efforts, il parvint à dégager autant que peu et se purifia les parties intimes, puis alla vers un autre endroit et fit ses ablutions.
Il retourna ensuite à la cuisine et s’assit sur une peau de brebis, au coin de la cheminée dont le feu flambait, ce qui offrait une bonne opportunité pour se dispenser de l’éclairage électrique. En bonne lionne, sa femme lui donna du café et toute une galette fourrée à l’oignon et aux graisses, bien chaude dont il découpa un gros morceau qu’il mit dans la bouche et sentit aussitôt une brûlure au palais. Il voulut cracher l’aliment, mais Fatma le regardait avec niaiserie. Alors, il l’avala et se brûla encore l’estomac. Il ne dit rien, coupa un autre morceau et le souffla plusieurs fois avant de le manger. Il se restaura de bon appétit et se ramassa, en s’appuyant sur la paume de sa main droite. Il sortit et laissa la porte entre ouverte et s’en alla faire sa prière en assemblée, comme le recommande sa religion. Il laissa le portail à sa gauche, continua son chemin, tourna à droite, marcha encore, s’engouffra à l’angle de la ruelle, sombre même en plein jour du fait d’un plafond qui la couvrait, fit quelques pas, tourna à droite et arriva à la mosquée. Il fit sa prière avec les autres croyants et sortit aussitôt, sans s’attarder outre mesure.
De retour chez soi, il sortit quatre brebis et une chèvre qu’il éconduisit à la barbe de la dune où le berger rassemblait le troupeau de la cité pour aller le faire paître, sur les contreforts de la montagne bleue. Il fit une grimace et dit : « hum la barbe ? » Hé oui, bien génial : la barbe, c’est toute cette partie broussailleuse à la base de la dune, qui ressemble effectivement à une longue barbe elliptique. Par souci d’environnement, elle était interdite au pacage. Il faisait encore sombre, quand il revint chez lui. Sa femme lui donna le casse-croûte du jour : une petite marmite pleine de gros couscous. Il fit une grimace en guise de désapprobation. Elle en comprit l’allusion et dit : « Je n’ai pas beaucoup de choix pour faire la cuisine et nourrir toute la marmaille que tu m’as faite ; nous sommes pauvres. » Cette réflexion lui déplut et comme il fallait comme toujours avoir le dernier mot, il fit une remarque judicieuse : « Le caïd mange aussi du Taâm (couscous) et les légumes ne poussent pas en hiver. » Il mit l’ustensile dans son sac en fibres d’alfa qu’il n’abandonnait jamais, scella et monta son petit âne, puis il partit en direction de son jardin, à une lieue au bord de l’oued.
Il ne faisait pas encore jour et la pénombre était encore épaisse. La cité reprenait pourtant son activité : les femmes aux métiers à tisser, les hommes aux jardins et quelques uns aux commerces au village, au fond de la vallée. En chemin, Mohamed disait bonjour à tel ou tel. Il traversa l’antique cimetière abandonné, depuis le vingt deux octobre mille neuf cents quatre, date où le général Lyautey choisit un autre site à sidi Boujemaâ où fut ensevelie la première dépouille, celle d’Isabelle Eberhardt, noyée dans l’oued, une journée plus tôt et dont il assista aux funérailles, célébrées selon le rite musulman. Il contourna ensuite la carrière d’argile et s’engagea dans un sentier étroit et accidenté, avant de déboucher directement dans la zone agricole, une frange peu large mais longue sur le long de l’oued, qui fait environ une vingtaine d’hectares, balisée par d’innombrables chemins clôturés en pisé d’une hauteur de deux mètres. La gelée tombée de nuit fondait et de ce fait le froid faisait de sévères morsures que sentait Mohammed aux mains, au visage, au dos, partout sur son corps que le lainage ne pouvait protéger efficacement.