ahmed bencherif écrivain et poète

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Archive pour avril, 2013


au crépuscule de ma vie ; ahmed bencherif

28 avril, 2013
Poésie | Pas de réponses »

Au crépuscule de ma vie

 

 

 

 

 

O Ciel ! Déjà le crépuscule de ma vie.

Combien de jours et combien d’années déroulés,

Tel un livre inachevé non sans peine écrit

Dans la fougue et les ardeurs accumulées

De mon cœur battant en quête de passions,

De mes sens frémissants à la volupté,

De ma bourse ouverte à mes prédilections

A puiser aux feuilles de ma frivolité.

 

C’était hier : la vie me souriait grassement

Et vers elle, je me propulsais sans tomber,

Battant mes ailes dans le vaste firmament,

Parcourant des terres en grandes joies comblées.

 

 

C’était hier : la vie m’enivrait de plaisirs,

Prolongeait indéfiniment ma fleur de l’age,

M’assurait les amours, comblait tous mes désirs,

Ceux d’un courtisan toujours à la page.

 

Comme l’oiseau, j’étais aérien inlassable

Comme le papillon je butinais les fleurs,

Séducteur des cirées, sylphides agréables,

Semant par tous les champs l’immense bonheur.

 

Toujours prince galant le sourire aux lèvres,

Diseur de mots en or aux blondes et brunes,

Mais amant sulfureux qui point ne se sèvre

Savourant leurs pommes et leurs belles prunes.

 

Du champagne coulant à flot, mais point d’opium,

Le buvant dans les coupes de cristal limpide,

Aux bals dansants de mes loisirs sans décorum,

Jamais ivre jamais violent et toujours lucide.

 

extrait les odes de l’amour à paraitre

présentation analytique, vente dédicace-ouvrage hé hé c’est moi qui l’ai tué centre culturel Mecheria; ahmed bencherif

18 avril, 2013
culture | 2 réponses »

Présentation analytique

de l’ouvrage

hé hé hé c’est moi qui l’ai tué

Vente dédicace

Au centre culturel de Méchéria

Samedi 20 avril 2013

 

Dans sa note de lecture, un internaute a vu deux modes d’écriture différenciables entre mon premier roman (Marguerite) et le second (Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué). Effectivement, il y a une mutation entre le roman historique qu’est Marguerite et le roman de psychologie sociale qu’est le texte Hé hé hé c’est moi qui l’ai tué. Dans le premier, le personnage principal était un adolescent qui rêvait de gloire et de grandeur et qu’il fallait élever dans la trame narrative en respectant les actes et les paroles compatibles avec tout autre adolescent dans le monde. Dans le second, le personnage principal est un adulte qui a son comportement et sa personnalité propres. Un autre internaute a vu dans le second roman la ressuscitation de la mémoire collective de la ville natale de l’auteur, conscient du fait que celui-ci n’avait été ni témoin, ni acteur. Dans l’analyse de ces deux lecteurs, il existe une part de vérité.

Nous avons dit que le roman est classifié dans la psychologie sociale, c’est-à-dire qu’il procède tour à tour de psychologie et de sociologie. Ce mode d’écriture a été imposé par le sujet qui visait à ressusciter le quotidien d’une petite ville cosmopolite par ses diverses ethnies, ses confessions et le mode de vie de chacune d’elles, avec les inégalités sociales qui prévalaient. Donc c’est ici l’aspect sociologique Il a été également déterminé par le type de personnages qui évoluaient dans la trame narrative, selon leurs caractères, leurs motivations, leurs désirs, leurs frustrations. L’étude psychologique de ces personnages n’était pas aisée. Il fallait donc respecter la personnalité de chacun en fonction de ces critères énoncés. Ces personnages étaient des gens ordinaires qui appartenaient à la dernière hiérarchie sociale, qui ne possédaient ni charisme, ni force persuasive, afin de s’aventurer à la conquête d’un certain leadership. Malgré ces désavantages dont ils souffraient, il n’en demeure pas moins qu’ils incarnaient une symbolique et les gens recherchaient leur compagnie. Ils n’avaient rien à offrir, sauf leur verbe, leur humour, leurs facultés psychologiques atypiques. Chacun d’eux incarnaient un livre dont la lecture ne s’achevait jamais, tant le renouveau état chez eux assuré par leur propre génie.

Qui étaient ces personnages ? Ils étaient le maraudeur, le mythomane, le vaniteux, l’idiot, le pied-bot, le frappeur de l’œil, la libertine, c’est-à-dire les personnages d’un livre qui s’intéresse à l’étude psychologique de la littérature française classique du 19ème siècle. C’est dans cette pléiade qu’évoluait le personnage principal qui n’était autre que le vaniteux. Celui-ci avait son vis-à-vis en la personne du mythomane. La proximité entre les deux personnages était malgré tout accommodante. Elle s’imposait dans toutes les assemblées de loisirs que tenaient au quotidien tous ces personnages. Elle ne générait aucun ressentiment entre eux, ni jalousie, ni envie. Chacun se suffisait de lui-même et s’inquiétait de son propre aura sur ses spectateurs de bouffonnerie en plein air. Le vaniteux agit ; le mythomane délire dans son imaginaire et ses fabulations sont bien construites qu’il est difficile de les déceler.

Le contexte social avait pour espace dans la petite ville coloniale présaharienne, Ain-Sefra, dans laquelle écumait le nationalisme, après le long silence des armes qui avait suivi la longue insurrection de Bouamama. Des ethnies et des confessions cohabitaient dans leur quotidien dans leur quête permanente du pain, dans leur modestie, leur humeur, leurs désirs, leurs ambitions, loin cependant des frictions politiques qui engendrent irrémédiablement des antagonismes. Tout le monde connaissait tout le monde et personne ne possédait une fortune outrageante qui infailliblement aurait indisposé l’état d’esprit collectif et créé des animosités individuelles. Il n’existait pas de grands bourgeois dans cette petite ville et les petits bourgeois se comptaient sur le bout des doigts. Certes il existait des inégalités sociales, mais elles n’étaient pas criardes, loin d’être offensantes. L’on retient aussi que personne ne mourrait de faim, car chacun se débrouillait comme il pouvait pour gagner sa subsistance.

L’élément sociologique qui retient l’observateur se situe au niveau de la tolérance entre les individus, entre les religieux, entre ceux-ci et ceux-là. Il n’existait donc aucune secte religieuse chrétienne, ni mouvement salafiste musulman, encore moins des extrémistes juifs dont la communauté était négligeable en nombre. Les lieux du culte étaient ouverts pour leurs propres fidèles dont les prêtres, rabbin et imams officiaient leur ministère loin de tout prosélytisme. Les bars avaient aussi leurs fidèles de diverses ethnies et diverses confessions : Musulman, chrétien, juif faisaient la bringue à un même comptoir. La mosquée, l’école coranique, les taleb et les oulémas existaient aussi. Mais ils ne s’insurgeaient pas contre les buveurs de vin, les amateurs du vice, les quelques libertines appartenant à leur propre religion. Pourtant, l’islam orthodoxe malékite prédominait comme à son apparition au 8ème siècle de notre ère au grand Maghreb. Il faut dire aussi que la petite ville vivait dans un conservatisme collectif et que toute innovation pouvait offusquer le musulman, le chrétien ou le juif. Nous n’omettrons pas de dire ce même caractère tolérant régissait les écoles ecclésiastiques dont la plus importante, le lycée Institution Lavigerie, ou celle de sœurs blanches qui prodiguaient l’enseignement général ou artisanal.

Cette tolérance au niveau individuel s’illustrait dans la relation de la cité chérifienne avec son fils, le maraudeur, qui ne fut jamais inquiété, ni maltraité, ni matraqué pour ses maraudages de fruits et légumes, pour l’unique raison qu’il était handicapé physiquement et chef de famille nombreuse. C’est un exemple comme tant d’autres non cités qui illustraient la mutualité de la société colonisée face à ses moyes de subsistance très durs et quasiment incertains : les citadins gagnaient leur vie dans une agriculture vivrière ou dans quelques emplois de commis dans des administrations ou comme saisonniers dans des chantiers fortuits ; les autres, qui nomadisaient,  tiraient leur subsistance de l’élevage.

La trame narrative évoluait autour du vaniteux, le dénommé Mohamed dont la personnalité psychologique force notre admiration dans sa simplicité, sa modestie, son air affable. Mais il n’était guère bouffon. Au contraire, il ordonnait bien sa vie, son jardin, ses heures de loisirs. Ce caractère vaniteux n’est pas spécial, exceptionnel à son propre psychique. Il est universel et a suscité l’intérêt des écrivains, des psychologues, des penseurs qui en étaient tantôt émerveillés, tantôt critiques négativement. Les citations anciennes ou contemporaines sur cette faculté mentale ont foisonné. Pour donner une définition plus ou moins rapprochée, la référence à la citation de l’écrivain belge Jean Mergeai : « L’orgueilleux se regarde dans un miroir, le vaniteux se contemple dans les yeux des autres ». On déduit qu’il existe un lien entre l’orgueil et la vanité. Celle-ci par conséquent végète en nous-même à divers degrés. L’écrivain français Alphonse Karr étaye ce postulat en disant : « La vanité est l’écume de l’orgueil ». Ainsi Friedrich Nietzsche conforte cette idée par sa citation : « La vanité d’autrui n’offense notre goût que lorsqu’elle choque notre propre vanité ».  Marc Aurèle définit le vaniteux dans sa relation avec les autres :  « Le vaniteux fait dépendre son propre bonheur de l’activité d’autrui ; le voluptueux de ses propres sensations et l’homme intelligent de ses propres actions ».

Le vaniteux cherche à se vanter sans justification aucune, il peut même mentir par pure prétention et il en est conscient, contrairement au mythomane dont les mensonges ne sont pas intentionnels. Il cherchera toujours à être encensé par une quelconque formulation sensée ou maladroite. Quant à l’orgueilleux, il méprise les éloges indélicats

Tous ces traits caractériels se retrouvent inclus dans la personnalité de Mohamed, le personnage central. Sa femme, Fatma, les connaît merveilleusement bien et sait les courtiser pour obtenir ce qu’elle désire, assouvir ses caprices. Elle ne manipule pas son mari, mais elle le gonfle et la mue caractérielle s’opère vite. Mohamed passe alors de l’état colérique à l’état bon enfant. Il  lui achète les choses qui font plaisir à toute femme : foulard, petit flacon de parfum, produits de maquillage artisanaux, robes d’intérieur à bas prix. Il lui donne également l’argent pour aller au bain, remplir son devoir sociétal de congratulation aux naissances, baptêmes, mariage. Pourtant leur foyer vivait littéralement dans la précarité. Fatma l’appelle : « mon lion ». C’est parti : Mohamed rugit et s’apprête à aller en chasse pour rapporter la proie à sa compagne  Fatma parvient à convaincre son mari pour lui acheter une nouvelle robe de valeur (QIMA), à l’occasion du mariage de son propre frère, malgré la précarité de leur subsistance. Mohamed fait alors la tournée des magasins de tissus pour l’acheter à crédit, sachant que le remboursement état vraiment aléatoire, ce que les marchands n’ignoraient pas et le renvoyaient sans façon. Là encore l’orgueil le sauva chez le dernier marchand qui l’offensa en présence du caïd, un parent de sa femme. Le caïd paya  la robe et Mohamed repartit très heureux, comme peut l’être un enfant.

Le destin de Mohamed ne s’arrêta pas là. Son orgueil écuma et commença pour lui une longue histoire au bar. Il picolait presque tous les jours avec son ami Brahim qui en courtisait également la vanité de façon magistrale pour économiser ses sous. Au bar tout le monde venait  des civils, des militaires, des brutes, des sages, des couples français, la libertine. Parmi ces buveurs invétérés, il y avait un tyranneau, le légionnaire Hans, à la taille d’un Hercule et au courage d’un félin. Il narguait tout le monde au bar, comme dans la rue, percutait celui-là, molestait un autre. Les gens le craignaient et l’évitaient. Même la police militaire ne l’inquiétait pas. Il était parvenu ainsi à être honni par les Arabes et les Français. Un soir de bringue, en rentrant à la caserne, il fut tué dans un bosquet de tamarix de l’oued.

Au bout de quelques jours, la gendarmerie fut dans l’impossibilité quête ne bloqua à identifier le coupable et ficela le dossier en accusant X. Mais le crime n’était pas crapuleux et les jours passants, il eut une certaine connotation nationaliste, car le nationalisme était en effervescence à Ain-Sefra, comme partout en Algérie. Le coupable anonyme fut tôt encensé par les Musulmans. Tout le monde  en parlait, c’était le point du jour de tous les jours. Un matin, Mohamed se rend chez le chef de la commune mixte et lui déclare : « Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué ». Il est embarqué, transféré au tribunal militaire d’Oran. Il écopa de cinq ans de prison et fut ramené par train jusqu’à Méchéria. De là, il fut transféré à la prison de Tabelbala, conduit par des cavaliers spahis. Il était vraiment glorieux de son exploit et les prisonniers l’admiraient, l’adulaient.  Il purgea une année, quand le directeur de prison le convoqua et lui déclara placidement : « Mohamed, ce n’est pas toi le tueur. Tu es libre, rentre chez toi ».

Voil0 comment cet ouvrage rend hommage à des gens ordinaires qui avaient créé leurs propres légendes. C’est ce que vous découvrirez en le lisant et plusieurs fois en interpellant votre esprit critique comme le suggère l’internaute dans sa note de lecture.

 

 

 

Ahmed Bencherif, écrivain et poète

Auteur de :

- Marguerite tome 1 éditions Publibook0 Paris

- La grande ode  poésie.   éditions Publibook Paris

-Marguerite tome 2 éditions Edilivre Paris

- L’Odyssée poésie ; éditions Edilivre Paris

- Hé hé hé c’est moi qui l’ai tué drarou Constantine

A paraître :

Les odes de l’Amour   poésie

le soir d’Algérie annonçant ouvrage hé hé hé c’est moi qui l’ai tué; ahmed bencherif

13 avril, 2013
presse | 2 réponses »

Culture : EN LIBRAIRIE
HÉ ! HÉ ! HÉ ! C’EST MOI QUI L’AI TUÉ DE AHMED BENCHÉRIF
Entre fiction et réalité

C’est un roman inspiré d’une manière plutôt historique, quoique véridique, mais l’auteur Ahmed Benchérif voulait enrichir le contenu de son livre par d’autres personnages tels que Kada Aroudj, Boujaâda et autres légendaires qui, comme Mohamed (la vedette), aimaient la vie comme des insectes qui bourdonnent autour des plantes, tels le papillon, l’abeille et autres.
Mohamed avait planté un rosier qui donnait déjà des fleurs, juste pour se rapprocher de celle qui était ses rêves. Mais un jour, suite à l’assassinat d’un légionnaire, dont l’auteur du crime resta méconnu, Mohamed voulant faire marquer de son emprunte la révolution, il lança de ce fait à certaines gens et plus particulièrement à l’administrateur que c’est lui qui a commis le crime Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué. II écopa alors de 13 mois de prison, jusqu’à ce que l’enquête découvrit que le criminel était un autre, il fut donc libéré… Dans la préface, la professeur et poétesse Arwa Charif dira à propos de l’auteur et de son ouvrage : «Ahmed Bencherif reconstitue les fragments de souvenirs qui estampent sa ville natale Aïn-Sefra dont des figures symboliques esquissent la mémoire. Il rend hommage à des personnages légendaires dont la société recherchait la compagnie par les joies qu’ils créaient, les énigmes qu’ils posaient. Ils évoluaient dans leur espace naturel, jamais refoulés, ni honnis.» Et plus loin : «C’est un frappeur de l’œil, dont le phénomène échappe à l’analyse scientifique ; c’est un mythomane qui raconte plaisamment ses anecdotes, un maraudeur intégré socialement pour nourrir sa famille nombreuse, un idiot qui surprenait ses détracteurs. L’auteur sauvegarde l’âme de la cité chérifienne en la tissant dans une poétique de l’espace et en suivant la trace d’un personnage omniscient. Il s’agit du vaniteux dont la construction de la personnalité cadençait et poussait la trame vers un conflit psychologique du personnage principal qui se projetait vers une ambition héroïque. C’est Mohamed qui avait cru à sa victoire sur soi-même, en se forgeant un personnage qu’il n’était pas. Il assume son propre rôle pour se distinguer et nourrir la chronique du village, ébranlé par un meurtre sur la personne d’un légionnaire qui incarnait le mal. L’analyse psychanalytique soutenait la quête du vaniteux vers un meilleur personnage plus attrayant, plus renommé, pour être le meilleur et rien que le meilleur. Voilà alors qu’un meurtre est commis sur la personne d’un légionnaire qui incarnait le tyranneau des bistrots, de la caserne, de la rue. Mohamed se culpabilise et va au bout de sa propre logique psychologique. » Le livre compte 368 pages, il est édité par les éditions Darouh. Dr Ahmed Bencherif et l’auteur de Marguerite Tome I et II , l’Odyssée, la Grande Ode.

édition du 13/4/2013

B. Henine

hôte en milieu bédouin-extrait Marguerite t/2;ahmed bencherif

10 avril, 2013
Marguerite t/1; t/2 | Pas de réponses »

Le crépuscule tombait, le couchant brunissait, le ciel s’était vidé de ses planeurs  et noircissait. C’était déjà la nuit qui commençait tôt dans le bled où la solitude régnait épouvantablement en maîtresse absolue : point d’activités, point de loisirs, c’est le sommeil qui la régente. On ne distinguait rien à quelques pas et, plus loin, l’on ne voyait que des ombres qui se mouvaient. Avant la parution d’une étoile quelconque, on servit à manger, à la lueur blafarde et oscillante d’un quinquet dont s’exhalait une senteur sulfureuse. Le mets nocturne état habituel : du couscous et beaucoup de viande, celle d’un chevreau qu’on avait égorgé, à la rentrée des troupeaux. Hadj Kadda choisit le plus savoureux morceau et le remit à Hamza. Il lui proposa d’effectuer ensemble un safari d’une semaine pour aller chasser de l’antilope, plus au sud, puis illustra tout le plaisir immense que cela procurait. Hamza dit qu’il n’en avait pas le temps et préférait laisser cette partie de chasse pour une nouvelle opportunité. Hadj Kadda fit remarquer qu’à partir de l’automne les antilopes descendent au Sahara où elles trouvent de la nourriture et une température supportable et que le mieux était de saisir cette occasion. Hamza répondit qu’il avait des choses urgentes à faire avant de prendre son activité au magasin et qu’il comptait rentrer au village le lendemain. Ses hôtes furent affreusement surpris : il n’avait pas passé les trois jours redevables à l’hospitalité et il pensait partir. Hadj Kadda en était déconcerté, ses fils, aussi. Son frère la ressentit comme une insulte, car il était privé de rendre la diffa, protocole immuable. « Cet acte ne se fait pas dans nos coutumes, dit-il. Tu es le fils d’une grande tente et tu dois comprendre ces choses, tu ne peux pas faire une chose pareille, c’est une honte pour nous, ne me laisse pas jurer ». Hamza était confus par ces insistances et accepta, malgré tout, l’invitation. A la bonne heure s’écria hadj Kadda. Demain, dit-il, nous sortirons de bonne heure pour cavaler un peu.

Juste après le repas, les hôtes  de hadj Kadda partirent en direction de leur campement, distant d’une demi lieue environ, tandis que Hamza regagna la petite tente de passage isolée et ce fut l’extinction des feux, alors que la lune ne s’était pas encore levée. Il n’était pas plus de vingt heures, rendez-vous des ruraux pour un grand sommeil compensateur. Les charognards les dérangeaient tout de même, au moins une ou deux fois. Tantôt, c’est un chacal qui veut tenter sa chance et voler un agneau, tantôt, c’est l’hyène. Mais, les chiens étaient aguerris et ne leur laissaient guère aucune chance. Ils les reniflaient à distance et les chargeaient dans un hallali époustouflant. Les prédateurs n’avaient qu’à prendre la fuite et ne revenaient pas de sitôt ; quelques fois une hyène vaincue faisait le gala pour les chiens.

Le campement se réveilla plutôt au dernier quart de la nuit, qu’aux aurores. Les individus avaient bien dormi et n’éprouvaient point de paresse, ni cette fâcheuse habitude citadine de bâiller au lever. Ils étaient prêts à se dépenser, hommes et femmes. Dans la cuisine, une ménagère avait allumé le feu et servait de l’eau chauffée pour les ablutions, une autre préparait la soupe, une autre pétrissait la semoule. Il faisait encore noir, quand le petit déjeuner fut servi ; chacun se restaura avec un appétit de gros mangeur. L’obscurité ne dura pas plus d’une demi heure et fut chassée promptement par les premières lueurs du jour, alors les hommes se démenèrent : certains éconduisirent les troupeaux, d’autres emmenèrent des bourricots pour colporter de l’eau, d’autres encore allèrent sur deux mulets pour ramener du bois de combustion, tandis que hadj Kadda et Hamza montèrent à cheval pour faire une promenade.

Au petit matin, hadj Kadda, deux de ses fils et Hamza partirent vers le campement où ils devaient déjeuner. Ils y arrivèrent une demi heure plus tard. Leur hôte, Salem, les reçut avec convivialité dans la grande tente. Le même rite culinaire est observé  en milieu bédouin, les mêmes habitudes. Les invités passèrent donc une journée à manger presque sans fin et à la tombée de la nuit, ils regagnèrent leur campement. A l’aube, Hamza fit ses adieux et prit le chemin du retour. Il cavala longtemps et fit, vers le coup de neuf heures, un crochet au piedmont où il espérait revoir Haidar et dada Aicha. L’exploitation pierreuse n’avait pas changé et offrait le même tableau de désolation et d’infécondité ; le sol était imparfaitement labouré et avec discontinuité, selon la  résistance de la roche; les remblais s’accumulaient en contre bas de la montagne et le puits avait juré d’être inviolable. Sans descendre de cheval, Hamza appela le vieux révolutionnaire : « Haidar ! Haidar ! » Celui-ci était au fond d’un fossé, à moins d’un mètre de profondeur. Il cognait avec force et hargneusement une roche plus dure que l’airain qui le dissuadait en dégageant souvent des étincelles éparses. Il jeta la masse, monta sur une roche, se hissa lentement et sortit du fossé. Il était soulagé de s’arroger une trêve, la trêve d’un combattant. D’ailleurs, il le pensa, il menait un combat permanent contre les forces de la nature qui demeuraient victorieuses.

Haidar vit alors un cavalier à une centaine de pas. Il le visionna  longuement, reconnut le visiteur et s’exclama joyeusement : « Oh ! Le petit Hamza qui a grandi ! ». Il alla à sa rencontre, en boitant légèrement et en se crispant parfois, aiguillonné par la douleur à la jambe. Hamza abandonna sa monture et vint vers le héros de l’insurrection de 1871. Les deux personnes s’embrassèrent chaleureusement et se donnèrent de fortes accolades. Ils ne s’étaient pas revus, depuis trois ans et leurs retrouvailles furent émouvantes. Ils étaient amis, malgré la différence d’age et de classe sociale. L’amour de la révolution les avait rapprochés. « Viens, dit Haidar, nous causerons un moment au soleil ». Ses frères arrivèrent et réservèrent le même accueil au visiteur. Par miracle, ces paysans n’avaient pas changé et se conservaient solidement. Ils refusaient de s’incliner à la fatalité et ignoraient leur misère qui n’avait pas entamé leurs capacités de résistance. Ils avaient des rides aux visages moins affirmés, mais c’était l’œuvre du vieillissement. Le besoin de survie leur avait appris à se nourrir sans se formaliser des caprices du goût.

Ils burent du lait bouilli mangèrent de la galette de couleur marron dont l’arrière goût excellent rappelait du chocolat. Hamza dit que ce n’était pas des glands et Haidar lui répondit que la semoule dérivait des caroubes, très riches en glucides, que ses frères  cueillaient dans la forêt en automne, que séchaient et pulvérisaient ensuite les femmes. Il regarda autour de lui et s’aperçut que dada Aicha n’était pas au dragonnier. Il gardait un vivant souvenir de la vieille dont la poésie l’avait profondément marqué et qu’il voulait entendre de nouveau, pour panser ses douleurs, raviver la flamme révolutionnaire qui l’animait. Il demanda si elle n’allait pas venir à l’exploitation pierreuse et ses descendants observèrent un lourd silence avant de lui répondre qu’elle mourut, l’année passée, à cent  dix ans. Surpris, il ne formula aucun mot et eut une mine de chagrin. Il l’avait aimée, comme il aimait la Douja et pensa qu’une autre mémoire s’éteignit, riche d’enseignements et de valeurs ancestrales.

guerre, extrait l’Odyssée; ahmed bencherif

10 avril, 2013
Poésie | Pas de réponses »

Guerre

 

Des bombes et des bombes pleuvent sur la ville,

Eventrent les dalles, creusent des puits profonds,

Cisaillent des piliers, détruisent câbles et fils,

Lézardent tous les murs, rasent en large et en long

Tours et immeubles, villas et les maisons,

En font des montagnes de débris sinistres

En pierres et béton en millions de litres,

Ruinent tous les meubles, font perdre raison.

 

La poussière monte, court dans les boulevards,

Crée une voûte noire, raréfie l’oxygène

Envahit l’espace et les réduits rares,

Enlaidit les sites et détruit l’hygiène,

Colle aux objets qu’elle couvre de sa crasse,

Pénètre dans les plis et recoins multiples,

Noircit l’asphalte, ne laisse point de traces

Ennuie et agace, asphyxie la ville.

Le feu prend là, plus loin, dans tous les quartiers ;

Ses torches surgissent partout et s’élancent

Dans le ciel à hauteur d’un palmier dattier,

Ultra violettes, furieuses et denses.

 

Ses flammes dévorent toute chose exposée,

Brûlent bois et tissu, les pneus et les tôles,

Les denrées et boissons, sérums entreposés,

Calcinent bâtisses, n’épargnent point de pole.

 

extrait Odyssée

Satire, extrait l’Odyssée; ahmed bencherif

10 avril, 2013
Poésie | Pas de réponses »

 

Satire

 

 

Voyez-le débarquer grossier et fanfaron,

Ouverts tous azimuts en terre conquise

Cynique et brutal, malingre et sans le rond

Le savoir indigent, riche en sottises.

 

Il accourt au trésor gardé par le Français

Qui tient fusil en main, disposé à tuer

Il tient ce qu’il ne pût arracher par le passé

Par l’armée d’Aragon, hardiment renvoyée.

 

Il vient le matin, les habits vieillis

Le soir, c’est la mue, il est en costume

Le destin l’a servi ! Le Français l’a servi,

Lui offrit le gîte et le pain en prime.

 

Il renie sa souche, oublie son propre nom :

Espagnol, puis Français, Algérien, se dit-il

Maître du terroir qu’il reçut en don

La haine dans son cœur, mesquin et combien vil.

 

Il se donne les airs de seigneur avéré

Mais sans briller par l’esprit chevaleresque,

Il se dit trop savant, sans connaissance titrée

Allègue ses œuvres combien pédantesques

Erige son parti pour tracer ses politiques,

Aux vues très étroites, sans grande analyse

Des données sociales qui mettent à nu sa fresque,

Croit à l’illusion de garder son emprise.

 

Il exhibe sa force par un ciel serein,

Se cache aux salves qui tonnent si soudain,

Répète son credo, son habituel refrain

Sur l’insécurité, affiche son dédain,

Exige des armes sans ardeur au baroud,

Menace de quitter l’Algérie pour toujours,

Pour vaincre d’astuce la France bien sourde

A ses revendications qu’il clame sans détour.

extrait l’Odyssée

note de lecture d’un internaute sur mon ouvrage « hé hé hé c’est moi qui l’ai tué; ahmed bencherif

2 avril, 2013
culture | 1 réponse »

Envoyé le 26/03/2013 à 10:43

Lecture de « Hé !Hé !Hé ! c’est moi qui l’ai tué ! »
Ce texte de BENCHERIF Ahmed se révèle être d’une ambigüité déroutante :il y a en permanence une quête de soi qui se dévoile dans ce tissu sémantique intertextuel qui nous fait penser à la force d’une phrase introspective d’un Dostoïevski , ou encore l’imbrication de ces récits sans lien, de prime abord, nous mène dans les méandres d’une narration à la Fitzgerald, ces suites de tableaux si diversifiés et qui dépaysent vraiment dans leur tonalité, nous fait penser à Marquez. Le style est tourné d’une manière géniale sauf que le « je » du narrateur caché par le pronom à la 3em personne « il »du récit est problématique d’une frustration, une énorme frustration que les mots traduisent par des écarts, la métaphore est présente en puissance : c’est une présence très forte de la poésie qui joue des coudes avec la narration ;on aurait tendance à croire que la définition de certains termes lui échappent mais en réalité si on y prête attention, c’est un emploi judicieux qui en est fait.
En somme dans ce texte sefraouin c’est toute la terra literraturra qui est convoqué.
Dans le récit la position de la femme qui souffre à cause d’un mari burlesque et qui va jusqu’à risquer sa vie est un drame que seul un Shakespeare sait alimenter de son style vivace. Le roman de Bencherif mérite plus qu’une simple lecture de passe temps, c’est un livre qui suscite moult réflexions. On aurait aimé que les tabous sexuels qu’il casse soient moins « agressifs » même si on nous montre une manière de faire la chose « à la hussarde » si on peut dire caractéristique de ce désir au féminin néantisé par un machisme primitif. Une petite critique la quatrième de couverture présente très maladroitement le livre.
Ce second roman est de loin supérieur à « Margueritte » ;dans ce dernier la fiction est entrecoupée de longues digressions sur l’Histoire de l’Algérie qui restent sans justifications précises, elles alourdissent la trame narrative ; de plus le passage de l’un à l’autre trahissent une différence de style handicapante parce qu’on a l’impression de lire deux auteurs distincts.
Mais dans tous les cas le travail sur la langue est bien présent, l’auteur en est conscient sauf que la poésie envahie d’une manière presque -si j’ose dire- permanente le texte, ce qui présente quelque fois pour les néophytes des difficultés de compréhension.
Il est certain que Ahmed Bencherif joue dans la cour des grands il est temps qu’on s’en aperçoive, il faut rendre hommage à ce septuagénaire venu tardivement à l’écriture et qu’on aimerait lire encore longtemps.
s

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