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Archive pour le 10 avril, 2013


hôte en milieu bédouin-extrait Marguerite t/2;ahmed bencherif

10 avril, 2013
Marguerite t/1; t/2 | Pas de réponses »

Le crépuscule tombait, le couchant brunissait, le ciel s’était vidé de ses planeurs  et noircissait. C’était déjà la nuit qui commençait tôt dans le bled où la solitude régnait épouvantablement en maîtresse absolue : point d’activités, point de loisirs, c’est le sommeil qui la régente. On ne distinguait rien à quelques pas et, plus loin, l’on ne voyait que des ombres qui se mouvaient. Avant la parution d’une étoile quelconque, on servit à manger, à la lueur blafarde et oscillante d’un quinquet dont s’exhalait une senteur sulfureuse. Le mets nocturne état habituel : du couscous et beaucoup de viande, celle d’un chevreau qu’on avait égorgé, à la rentrée des troupeaux. Hadj Kadda choisit le plus savoureux morceau et le remit à Hamza. Il lui proposa d’effectuer ensemble un safari d’une semaine pour aller chasser de l’antilope, plus au sud, puis illustra tout le plaisir immense que cela procurait. Hamza dit qu’il n’en avait pas le temps et préférait laisser cette partie de chasse pour une nouvelle opportunité. Hadj Kadda fit remarquer qu’à partir de l’automne les antilopes descendent au Sahara où elles trouvent de la nourriture et une température supportable et que le mieux était de saisir cette occasion. Hamza répondit qu’il avait des choses urgentes à faire avant de prendre son activité au magasin et qu’il comptait rentrer au village le lendemain. Ses hôtes furent affreusement surpris : il n’avait pas passé les trois jours redevables à l’hospitalité et il pensait partir. Hadj Kadda en était déconcerté, ses fils, aussi. Son frère la ressentit comme une insulte, car il était privé de rendre la diffa, protocole immuable. « Cet acte ne se fait pas dans nos coutumes, dit-il. Tu es le fils d’une grande tente et tu dois comprendre ces choses, tu ne peux pas faire une chose pareille, c’est une honte pour nous, ne me laisse pas jurer ». Hamza était confus par ces insistances et accepta, malgré tout, l’invitation. A la bonne heure s’écria hadj Kadda. Demain, dit-il, nous sortirons de bonne heure pour cavaler un peu.

Juste après le repas, les hôtes  de hadj Kadda partirent en direction de leur campement, distant d’une demi lieue environ, tandis que Hamza regagna la petite tente de passage isolée et ce fut l’extinction des feux, alors que la lune ne s’était pas encore levée. Il n’était pas plus de vingt heures, rendez-vous des ruraux pour un grand sommeil compensateur. Les charognards les dérangeaient tout de même, au moins une ou deux fois. Tantôt, c’est un chacal qui veut tenter sa chance et voler un agneau, tantôt, c’est l’hyène. Mais, les chiens étaient aguerris et ne leur laissaient guère aucune chance. Ils les reniflaient à distance et les chargeaient dans un hallali époustouflant. Les prédateurs n’avaient qu’à prendre la fuite et ne revenaient pas de sitôt ; quelques fois une hyène vaincue faisait le gala pour les chiens.

Le campement se réveilla plutôt au dernier quart de la nuit, qu’aux aurores. Les individus avaient bien dormi et n’éprouvaient point de paresse, ni cette fâcheuse habitude citadine de bâiller au lever. Ils étaient prêts à se dépenser, hommes et femmes. Dans la cuisine, une ménagère avait allumé le feu et servait de l’eau chauffée pour les ablutions, une autre préparait la soupe, une autre pétrissait la semoule. Il faisait encore noir, quand le petit déjeuner fut servi ; chacun se restaura avec un appétit de gros mangeur. L’obscurité ne dura pas plus d’une demi heure et fut chassée promptement par les premières lueurs du jour, alors les hommes se démenèrent : certains éconduisirent les troupeaux, d’autres emmenèrent des bourricots pour colporter de l’eau, d’autres encore allèrent sur deux mulets pour ramener du bois de combustion, tandis que hadj Kadda et Hamza montèrent à cheval pour faire une promenade.

Au petit matin, hadj Kadda, deux de ses fils et Hamza partirent vers le campement où ils devaient déjeuner. Ils y arrivèrent une demi heure plus tard. Leur hôte, Salem, les reçut avec convivialité dans la grande tente. Le même rite culinaire est observé  en milieu bédouin, les mêmes habitudes. Les invités passèrent donc une journée à manger presque sans fin et à la tombée de la nuit, ils regagnèrent leur campement. A l’aube, Hamza fit ses adieux et prit le chemin du retour. Il cavala longtemps et fit, vers le coup de neuf heures, un crochet au piedmont où il espérait revoir Haidar et dada Aicha. L’exploitation pierreuse n’avait pas changé et offrait le même tableau de désolation et d’infécondité ; le sol était imparfaitement labouré et avec discontinuité, selon la  résistance de la roche; les remblais s’accumulaient en contre bas de la montagne et le puits avait juré d’être inviolable. Sans descendre de cheval, Hamza appela le vieux révolutionnaire : « Haidar ! Haidar ! » Celui-ci était au fond d’un fossé, à moins d’un mètre de profondeur. Il cognait avec force et hargneusement une roche plus dure que l’airain qui le dissuadait en dégageant souvent des étincelles éparses. Il jeta la masse, monta sur une roche, se hissa lentement et sortit du fossé. Il était soulagé de s’arroger une trêve, la trêve d’un combattant. D’ailleurs, il le pensa, il menait un combat permanent contre les forces de la nature qui demeuraient victorieuses.

Haidar vit alors un cavalier à une centaine de pas. Il le visionna  longuement, reconnut le visiteur et s’exclama joyeusement : « Oh ! Le petit Hamza qui a grandi ! ». Il alla à sa rencontre, en boitant légèrement et en se crispant parfois, aiguillonné par la douleur à la jambe. Hamza abandonna sa monture et vint vers le héros de l’insurrection de 1871. Les deux personnes s’embrassèrent chaleureusement et se donnèrent de fortes accolades. Ils ne s’étaient pas revus, depuis trois ans et leurs retrouvailles furent émouvantes. Ils étaient amis, malgré la différence d’age et de classe sociale. L’amour de la révolution les avait rapprochés. « Viens, dit Haidar, nous causerons un moment au soleil ». Ses frères arrivèrent et réservèrent le même accueil au visiteur. Par miracle, ces paysans n’avaient pas changé et se conservaient solidement. Ils refusaient de s’incliner à la fatalité et ignoraient leur misère qui n’avait pas entamé leurs capacités de résistance. Ils avaient des rides aux visages moins affirmés, mais c’était l’œuvre du vieillissement. Le besoin de survie leur avait appris à se nourrir sans se formaliser des caprices du goût.

Ils burent du lait bouilli mangèrent de la galette de couleur marron dont l’arrière goût excellent rappelait du chocolat. Hamza dit que ce n’était pas des glands et Haidar lui répondit que la semoule dérivait des caroubes, très riches en glucides, que ses frères  cueillaient dans la forêt en automne, que séchaient et pulvérisaient ensuite les femmes. Il regarda autour de lui et s’aperçut que dada Aicha n’était pas au dragonnier. Il gardait un vivant souvenir de la vieille dont la poésie l’avait profondément marqué et qu’il voulait entendre de nouveau, pour panser ses douleurs, raviver la flamme révolutionnaire qui l’animait. Il demanda si elle n’allait pas venir à l’exploitation pierreuse et ses descendants observèrent un lourd silence avant de lui répondre qu’elle mourut, l’année passée, à cent  dix ans. Surpris, il ne formula aucun mot et eut une mine de chagrin. Il l’avait aimée, comme il aimait la Douja et pensa qu’une autre mémoire s’éteignit, riche d’enseignements et de valeurs ancestrales.

guerre, extrait l’Odyssée; ahmed bencherif

10 avril, 2013
Poésie | Pas de réponses »

Guerre

 

Des bombes et des bombes pleuvent sur la ville,

Eventrent les dalles, creusent des puits profonds,

Cisaillent des piliers, détruisent câbles et fils,

Lézardent tous les murs, rasent en large et en long

Tours et immeubles, villas et les maisons,

En font des montagnes de débris sinistres

En pierres et béton en millions de litres,

Ruinent tous les meubles, font perdre raison.

 

La poussière monte, court dans les boulevards,

Crée une voûte noire, raréfie l’oxygène

Envahit l’espace et les réduits rares,

Enlaidit les sites et détruit l’hygiène,

Colle aux objets qu’elle couvre de sa crasse,

Pénètre dans les plis et recoins multiples,

Noircit l’asphalte, ne laisse point de traces

Ennuie et agace, asphyxie la ville.

Le feu prend là, plus loin, dans tous les quartiers ;

Ses torches surgissent partout et s’élancent

Dans le ciel à hauteur d’un palmier dattier,

Ultra violettes, furieuses et denses.

 

Ses flammes dévorent toute chose exposée,

Brûlent bois et tissu, les pneus et les tôles,

Les denrées et boissons, sérums entreposés,

Calcinent bâtisses, n’épargnent point de pole.

 

extrait Odyssée

Satire, extrait l’Odyssée; ahmed bencherif

10 avril, 2013
Poésie | Pas de réponses »

 

Satire

 

 

Voyez-le débarquer grossier et fanfaron,

Ouverts tous azimuts en terre conquise

Cynique et brutal, malingre et sans le rond

Le savoir indigent, riche en sottises.

 

Il accourt au trésor gardé par le Français

Qui tient fusil en main, disposé à tuer

Il tient ce qu’il ne pût arracher par le passé

Par l’armée d’Aragon, hardiment renvoyée.

 

Il vient le matin, les habits vieillis

Le soir, c’est la mue, il est en costume

Le destin l’a servi ! Le Français l’a servi,

Lui offrit le gîte et le pain en prime.

 

Il renie sa souche, oublie son propre nom :

Espagnol, puis Français, Algérien, se dit-il

Maître du terroir qu’il reçut en don

La haine dans son cœur, mesquin et combien vil.

 

Il se donne les airs de seigneur avéré

Mais sans briller par l’esprit chevaleresque,

Il se dit trop savant, sans connaissance titrée

Allègue ses œuvres combien pédantesques

Erige son parti pour tracer ses politiques,

Aux vues très étroites, sans grande analyse

Des données sociales qui mettent à nu sa fresque,

Croit à l’illusion de garder son emprise.

 

Il exhibe sa force par un ciel serein,

Se cache aux salves qui tonnent si soudain,

Répète son credo, son habituel refrain

Sur l’insécurité, affiche son dédain,

Exige des armes sans ardeur au baroud,

Menace de quitter l’Algérie pour toujours,

Pour vaincre d’astuce la France bien sourde

A ses revendications qu’il clame sans détour.

extrait l’Odyssée

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