Deux petites filles jouaient à l’écart. Elles étaient voisines et surtout de grandes amies presque inséparables. Elles se disaient tout, y compris les secrets de leurs propres familles. Une véritable confiance régissait leurs rapports. Elles n’étaient pas grandes, mais de petite taille, âgées de neuf ans seulement. L’une était blonde, l’autre brune. Elles étaient habillées en tunique forte, rouge pourpre, qui les gardait au chaud. Tous les habitants du hameau connaissaient le fort attachement qui les liait. Souvent elles étaient citées en exemple dans un milieu où la devise de la vie était : chacun pour soi. En effet, les Gétules étaient égoïstes, à la démesure, de façon inimaginable. Ils n’assimilaient pas ce beau sentiment d’amitié et de confiance qui unissait les petites filles Getouliya et Adherbala. Cela dépassait leur intelligence et ils avaient un cœur dur qui ne ressentait pas les émotions de la vie. Elles couraient, faisaient la course, se rattrapaient l’une l’autre, roulaient à terre, prenaient leur souffle, riaient aux éclats. Ah ! Elles étaient heureuses, insouciantes. Elles aimaient immensément la vie, malgré son austérité qui éprouvait visiblement leur petit peuple. Celui-ci luttait héroïquement contre la rigueur du climat et des peines éprouvantes dans la quête permanente de leur pain du jour. Il vivait carrément dans le besoin dans cette contrée farouche, isolée des foyers de civilisation du nord. Mais il était né ici et comptait y mourir. La terre lui collait à la peau. L’air qu’il respirait l’avait marqué durablement. Il aimait ces fauves qu’il chassait par fierté, ou encore ces éléphants, moins grands que ceux de l’Afrique centrale, pour leur ivoire qui était prisé dans les villes de la Numidie ou de Carthage, ou encore d’Egypte. Adherbala cessa de jouer, de rire, de s’amuser. Elle avait faim et sentait ses boyaux se tordre. Voilà trois heures qu’elle avait mangé un bout de galette et bu un petit bol de lait à son réveil et depuis elle jeûnait malgré elle. C’état son heure pour aller se rassasier, se donner des forces et des calories pour affronter la journée qui était glaciale. Elle invita son amie à l’accompagner chez elle pour calmer les crampes de la faim que ressentait d’ailleurs Gétuliya. Celle-ci consentit joyeusement. Elles partirent toutes les deux, en sautillant et en sifflotant comme un oiseau chanteur. La gelée, qui était tombée la nuit, n’avait pas encore fondu dans des endroits ombragés. Ses pellicules blanches étaient fines, poudreuses, fragiles. Elles craquaient facilement sous le moindre pas. Les deux fillettes marchaient sans peur, même en traversant les hautes herbes où pouvait se cacher une lionne en devoir d’allaiter ses petits. Elles arrivèrent enfin à leur destination et avaient les pieds gelés, leurs sandales offraient une protection moindre. La hutte était construite non loin de deux enclos, montés eux-mêmes en branches. Sa porte était faite de peaux d’antilope doublées et cousues avec du fil de palmier nain, contenues aux quatre côtés par un bâton d’olivier sauvage. L’intérieur se formait d’une seule salle de superficie moyenne polyvalente. Celle-ci était couverte par plusieurs peaux de mouton, de chèvres. Son mobilier se réduisait à une seule jarre, une marmite, deux cruches à anses, quelques bols, le tout en terre cuite. Une outre de chèvre était pendue à un long trépied, une outre de mouton, couchée au sol. Dans un angle bien en vue, une idole en bois, de petite taille, était fixée à un long bâton. Elle représentait un bélier, symbole d’adoration des antiquités. Dans un autre, le feu crépitait et la fumée montait vers le haut et sortait par un orifice aménagé au toit. Trois grosses pierres plates formaient le trépied sur lequel la marmite ronronnait. Des sacs de cuir étaient entassés au fond, les uns faits avec la peau de vache, les autres avec la peau de chèvre. Ils contenaient des denrées alimentaires impérissables qui formaient des provisions pour des circonstances exceptionnelles. La sécheresse, les tempêtes de neige ou les inondations rendaient les habitants plus ou moins prévenants.
Les pauvres fellahs, laborieux travailleurs de la terre et donc si peu imaginatifs, restaient rivés dans la réalité qui était en face d’eux. Elvire existait bel et bien pour eux, en chair et en os, en beauté ensorcelante, mais aussi de personnalité digne et respectueuse. Eux-mêmes conservaient une attitude presque mystique et ne faisaient qu’admirer cette sylphide. Ils dirent tous ensemble bonjour avec douceur qu’ils ne témoignaient pas à l’égard de la gente féminine, même pas avec leurs femmes, le soir au lit. Elle venait souvent leur acheter des produits maraîchers et maintenait la distance nécessaire avec eux, non par discrimination raciale, mais pour laisser toujours cette image d’elle, divine et vénérable. – Bonjour les nourriciers de l’espèce humaine. Je suis un peu en retard aujourd’hui ; j’espère trouver de belles légumes à cette heure. Oh ! Mohamed, tu cultives des roses maintenant ? Elles sont belles et fraîches. Tu veux te convertir en fleuriste ? Tu ne risques pas de faire de gros gains. – Madame Elvire, sous le sac de toiles tu trouveras des radis, betteraves, poireaux et voici encore les herbes potagères. Elvire, j’ai cultivé les roses pour toi. Tu te souviens tu me l’avais suggéré, un jour d’été quand tu te promenais le long de l’oued. – Oui, je me souviens. C’était l’été dernier, en fin d’après-midi, j’avais fait une promenade en remontant le lit de l’oued. C’était si beau cette nature paresseuse : de minces filets d’eau coulaient, des grenouilles jouaient dans les marres, des oiseaux gazouillaient, des fellahs se hélaient mutuellement, la terre humide exhalait une senteur acre, les dattes de chine parfumaient l’air. Tu comprends ce que je dis Mohamed ? Mohamed ne comprenait pas ce qu’elle disait, sauf deux ou trois mots usités dans le langage courant. Mas la petite dame avait parlé avec emphase, presque en chantant. Sa voix était douce et mélodieuse. Elle faisait rêver Mohamed qui s’oubliait et voyageait dans un monde fantastique irréel. Il arbora un sourire discret, la toisa d’un regard distrait. La difficulté à communiquer lui imposait le silence. Mais jamais un silence ne fut aussi beau, souhaité le plus long possible. Elvire était de nature romantique et le souvenir de cette promenade dans l’oued l’interpellait et l’embarquait dans un voyage spatial. Les hommes, quant à eux, en admiraient la beauté avec un regard profond et courtois, comme s’ils la dépeignaient sur une toile. L’instant était merveilleux et ils priaient qu’il ne s’arrêtât point. A contre cœur et poussant un gros soupir, Mohamed lui offrit un bouquet de roses qu’elle accepta toujours dans sa petite évasion. Leurs mains se touchèrent légèrement et ce fut le contact. Elvire en sentit la chaleur du mâle et revint sur terre. Mohamed en sentit la douceur de la peau et la foudre le frappa. Leurs regards se croisèrent, doux et naïfs. Un généreux sourire fut échangé puis la séance s’acheva sur rien. Elvire acheta ce dont elle avait besoin et s’en alla furtivement, comme un songe. Les hommes se réveillèrent de leurs rêveries et commencèrent à bruire, déçus pourtant par leur médiocre pouvoir de séduction qui n’eût jamais à briller. En fin de matinée, Mohamed avait écoulé ses produits dont il avait tiré une bonne recette qu’il escomptait départager entre ses besoins domestiques et personnels. Il rangea ses affaires, emprunta la rue Isabelle Eberhardt. Celle-ci n’était pas grande, mais elle comptait plusieurs commerces d’Européens, de Juifs, de Musulmans. On y vendait tout, on y trouvait tout : pour faire le plein de l’estomac, ou pour se vêtir ; le vin n’y manquait pas, ni les liqueurs, encore moins la limonade. L’écrivain public, qui était aussi poète, y tenait son bureau excellait dans l’art d’écrire des lettres de famille ou des pétitions au chef de la commune pour la société indigène , quasiment analphabète dans son ensemble. Le trafic n’était pas énorme et seuls quelques villageois faisaient des courses. Quant aux tenanciers, ils s’activaient ; certains ramenaient des marchandises sur un chariot manuel ; d’autres achalandaient leurs nouveaux. Enfin, deux ou trois prenaient un bain de soleil sur le trottoir. Une brise printanière soufflait, faisait tanguer les larges feuilles très vertes des caroubiers plantés de part et d’autre de la rue, ramenait les senteurs fortes et acres des dattiers de chine qui poussaient dans d’autres artères du village. Mohammed respira à lien poumons l’air embaumé et dit : « Ah ! Comme c’est bon, ça tonifie l’individu ». Il déboucha sur la rue de France et passa chez le gros commerçant arabe, un fils chérifien comme lui. Celui-ci, politiquement progressiste, militait dans le mouvement nationaliste qui revendiquait pacifiquement l’indépendance de l’Algérie. Il en avait même reçu, chez lui depuis deux ans le leader, Messali Hadj, père fondateur du nationalisme algérien, venu faire un grand meeting programmé dans le cadre d’un grand périple à travers le pays pour vulgariser son programme aux masses. . – Bonjour mon cousin, lança Mohamed joyeusement. Est-ce que ça va ? Ta santé ? Tes enfants ? Tes affaires ? Mohamed parla de la sorte, par esprit tribal et rien d’autre. Il se croyait tenu au nom des valeurs ancestrales pour faire ses achats auprès du fils de la même tribu qui lui était apathique d’ailleurs. Cependant le commerçant ne se sentait pas concerné par la solidarité agnatique depuis qu’il habitait au village et donc il se croyait affranchi de ses devoirs envers les fils de sa cité qui à leur tour le négligeaient et ne comptaient pas sur lui aux divers travaux collectifs. La cité chérifienne s’attachait à la rigueur dans ses rapports avec les tiers. Elle-même laborieuse, elle condamnait la paresse jusqu’à la limite du chacun pour soi. Elle faisait aussi des aumônes, mais là où il fallait et au moment où il fallait. Cette culture était payante pour chacun de ses éléments, qui devait ainsi se prendre en charge vaille que vaille. Ainsi, un foyer subvenait toujours à ses besoins primaires ; car il comptait naturellement sur quelqu’un de valide, si ce n’est pas le père, c’est le fils ou l’oncle.
Œuvre prometteuse qui pare de trophée,
Balaie le nuage de mes ans obscurs,
Pioche le génie, si longtemps étouffé,
Ressuscité vivant, vigoureux, clair et pur
D’une tombe froide, habillée de marbre,
Fermée d’une dalle hideuse et puissante,
Renouvelant son air abject et macabre,
Toujours appesanti par les heures lentes.
La muse me tient compagnie fidèle,
M’éclaire d’un flambeau à l’abri des typhons,
Me comble d’un espoir ravissant, mais frêle,
M’éloigne du tyran, l’éloigne des bouffons.
La muse l’affronte, s’expose au courroux,
Risque la mise au banc, puise ses énergies
En creusant la tombe par le moindre trou,
Atteint la nappe d’eau et se cure d’orgies.
Elle cure son spleen, reprend sa gaieté,
Epargne ses trésors, respire de l’air frais,
Attend la revanche de l’homme redouté,
Par sa grande rigueur qui ne manque pas d’attraits.
Elle se ressource dans les fonds de splendeur,
S’abreuve d’eau bénie, se pare de saphirs,
S’encense de baume, renforce sa candeur,
Se muscle, prend l’élan, remonte sans frémir.
De grande vaillance, elle fend la dalle,
Sort à l’air, court sans frein, fête son renouveau
Sans dire ses adieux aux valets en salle,
Ces grands voraces, ces générateurs de maux.
Ma muse et ma plume m’embarquent dans leur char,
Battant sentier vers le panthéon des lettres,
Rêvé dans l’enfance sur le pas de Ronsard,
Sculpté dans l’exil, sous les bois de cèdre,
Dans mon adolescence en pays d’accueil
Où ma vie dépendait de générosité
Par un grain de riz, croqué dans le deuil,
Au bruit des morts, par le feu déchiquetés.
Elle parut enfin, mon oeuvre baptisée
Fresque grandiose au concours d’agrément,
Par les lettrés savants, d’avis autorisé,
Fruit de valeurs nobles, acquises longuement :
Probité, hardiesse, deux grandes qualités
Qui font d’eux d’éminents chevaliers dignes
D’assumer leur mission avec notoriété,
Haute charge et distinction insigne.
C’était chez Mathilde que naquit mon œuvre,
Dans Paris l’illustre, le berceau du roman,
Le phare dans la nuit, royaume du Louvre,
L’éclosion des sciences et du verbe charmant.
Savoir et probité font sa réputation.
Rigueur dans le label, clé de sa réussite,
Conscience élevée dans sa noble mission.
Pleine d’attentions et de bonne écoute.
Et femme de lettres, savante en poésie,
Qui sut analyser mes strophes plaintives,
En notant l’image dans cette frénésie,
Dans ce ruisseau de vers de source active,
Subtil témoignage perçu comme un trésor
De perles précieuses péchées au fond marin,
Jalousement gardées, gravées en mémoire,
Qui brillent, scintillent à travers leur écrin.
Chapitre 1er
: « Il y a une révolution ! »
Page .11
« Il y a une révolution ! »
Voilà un titre à sensation qui chatouille l’orgueil de tout homme libre. Christian Phéline nous oriente à dessein vers cette direction et en fait toute une polémique. Il emprunte cette phrase qui a été prononcée par un acteur pendant ces évènements. Cependant, l’interprétation qu’en font les forces en présence diffère. Nous verrons plus loin comment était son contexte historique et quelle était sa réelle portée.
« Parquet Blida télégraphie soulèvement indigènes commune de Margueritte. Cinq colons, un garde champêtre et un tirailleur tués, plusieurs blessés, troupes sont parties et ont refoulé indigènes dans la montagne. Parquet Blida sur les lieux. Je m’y rends à l’instant. »
Voici un télégramme d’apparence officielle bien intriguant et qui d’emblée ée sème les doutes sur l’authenticité de l’ouvrage. En effet, comment peut-on concevoir un document officiel sans référence, sans expéditeur, sans destinataire. Mais l’auteur fait carrément du spectacle au lieu de faire un travail d’historien comme il prétend l’être, ou comme le conforte dans ce statut François Lavergne, dans sa note de lecture.
Ceci nous permet de poser judicieusement la question suivante : qu’est-ce qu’un historien ?
Un historien nous rapporte des faits passés, d’en proposer une interprétation équilibrée justifiée par des sources, sachant que la source désigne l’origine de l’information. Celle-ci est un concept complexe lié aux notions suivantes : contrainte, communication, contrôle, donnée, formulaire, connaissance, signification, perception, représentation. Quant aux éléments bibliographiques, ils ont un rapport avec la masse des sources et leur qualité est importante pour transmettre un fait. Ainsi Christian Phéline néglige totalement de recourir à la source mère dans les événements qu’il tente de transmettre, en l’occurrence la thèse magistrale de Charles Robert Ageron : les Musulmans Français et la France de 1871 à 1919. En revanche, il recourt à une source, d’abord négligeable en volume et en diversité, celle de Peter Von Sivers, modeste article édité dans un ouvrage groupé l’islam dans les révoltes algériennes. Ceci nous amène à poser judicieusement la question pourquoi il le prend comme référence. Disons tout de suite que l’interprétation qu’il fait de celle-ci le conduit irrémédiablement à des manipulations et souvent dans la trame de son enquête, les contresens foisonnent.
– pages 12 / 13.
« L’alerte provient de Kouider Ali Laribi, caïd, adjoint indigène……Aux dires du caïd, Taalibi …lui aurait révélé que leur but était de rejoindre Bouamama….. »
«il faut plus de deux heures pour qu’un jeune administrateur adjoint, Raoul Monteils, se mette en route, accompagné de deux cavaliers…..Kouider a la maladresse de se rendre à la mechta d’où les futurs pèlerins le prennent en chasse. Il se retranche dans la maison forestière. »
« Un siège s’organise. Labsède, le garde champêtre, de passage, tente une sortie, le fusil à la main. Est-il le premier à tirer ? Entraîné dans la cour, il est sommé de prononcer la Chahada….S’y refusant, il est matraqué puis achevée d’une balle. La maison est fouillée, on s’empare du caïd, qui plus tard réussira à s’échapper. »
« Lorsqu’il arrive enfin à Tizi-Ouchir, l’administrateur adjoint est désarçonné, décoiffé, déshabillé, revêtu d’un burnous.. Il en va de même pour les conducteurs de quatre chariots chargés de sable, dont les chevaux sont pris comme montures. »
Ce récit est imprécis. Voilà ce qui s’est passé :
» Une information était arrivée à l’administrateur de la commune mixte Marel, selon laquelle les Rahmaniya allaient donner une aumône votive au mausolée de sidi Bouzar le 22 avril. Il enjoignit, deux jours plus tôt, au caïd Kouider Ali Larbi d’aller s’en assurer. Celui-ci ne s’y rendit pas. Le 24 avril, 30 adeptes de la Rahmaniya se réunissent au marabout de sidi Yahia Benbouzar. Trop inquiet par cette information non confirmée qu’avait transmise le garde-champêtre Labessède, Marel dépêcha l’administrateur adjoint Monteils et le caïd Kouider, escortés par deux goumiers, pour la vérifier. Car toute aumône votive est soumise préalablement à une autorisation de l’administration. L’inobservation de cette règle expose les contrevenants à de sévères sanctions. Mais cette mission d’investigation s’arrêta à la maison forestière, quand un groupe d’insurgés armés les eut assaillis. Les hommes de l’ordre paniquèrent et Labessède prit son fusil et tira en direction de leurs assaillants dans la précipitation et la balle alla se perdre dans les buissons. Au moment où il tirait, un insurgé tira sur lui et le tua à bout portant. Monteils, qui connaissait l’arabe, prononça la profession de foi islamique, quand les insurgés lui commandèrent de l’adopter.
Pour les insurgés, l’aumône votive sans autorisation constituait un acte de rébellion, ainsi que la réunion de préparatifs. L’idée de l’insurrection avait germé lors du premier regroupement, donc elle n’était pas planifiée de longue date, quoique certains insurgés eussent exprimé le souhait de rejoindre les rangs de Bouamama, dans le Territoire Militaire d’Ain-Sefra. Autre fait significatif : ils étaient pour la plus part armés de fusils. Il nous reste à préciser l’origine de ces armes : ou bien, les insurgés les avaient acquis de fraîche date en provenance du Maroc ou de la Libye, ou bien ces armes constituaient un stock d’armes à feu non restituées au lendemain de la grande guerre de 1871 de El Mokrani. Dans le premier cas, leur dessein était préalable à leur action, dans le second cas ils comptaient les utiliser dans une probable opportunité et donc celle-ci s’était présentée trente ans après.
Jocelyne ! Souviens-toi des moments merveilleux,
Vécus à travers les ondes sans frontières,
Dans la stratosphère à des milliers de lieues,
Où nos âmes se mariaient loin de la terre,
Du verbe magique qui glissait dans ton cœur.
De la joie ressentie pour me voir sur écran,
Tu restais captive de plaisir et douceur,
En suivant l’épisode à travers mon roman.
Tes mains frêles roulaient sur un simple clavier,
Libéraient un beau flot qui coulait en cascades,
Fraîches et pures, plus folles qu’un coursier,
Douces et suaves, au goût de muscade.
L’automne te souriait dans sa mue éternelle,
La couleur superbe des arbres t’enchantait,
Tu valsais dans les bois de chêne et d’érable,
Parmi les feuilles tombées qui crissaient.
Sur la plage entre deux mers magnifiques,
Tu livrais de belles impressions d’avenir,
Prodigieux stimulant pour ma grande fresque,
D’art subtil bariolé au son de la lyre.
Paris te semblait proche pour m’accueillir,
Partager avec moi le toit de ton amie,
Libérer nos belles émotions sans frémir,
Comblés par le bonheur d’être enfin unis.
Je vis alors Vénus, ses jardins et ses fleurs,
Ses sources limpides bruissant aux feuillages,
Ses fruits magnifiques d’inégale saveur,
Beau rêve d’évasion parmi les ombrages.
Au mois sacré, tu fis serment dans la mosquée,
A l’issue du prêche officié vendredi.
Ton âme avait bu l’odeur de sainteté,
Bénie par l’oraison d’augustes psalmodies.