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« Mais c’est le comportement d’Adélaide Goublet, l’institutrice, qui dès les lendemains de l’échauffourée du 26 avril, reçoit toutes les louanges. L’intrépide enseignante, rapporte-t-on, s’était interposée, au péril de sa vie, pour protéger ses élèves : « Tuez-moi, si bon vous semble ; mais ne touchez pas à ces pauvres enfants ! »…Reliant dans une même émotion l’autodéfense du colon, la faiblesse de la femme et de l’enfant et la vertu laïque et républicaine, l’épisode ne tarde pas à prendre la dimension d’une légende nationale »
Le terme ‘ échauffourée’ retient évidemment mon attention, quant à sa portée par rapport à l’évènement. Définissons d’abord ce mot. Son caractère est d’abord spontané, impulsif, déterminé par un enjeu que se disputent deux forces adverses qui ne sont pas nécessairement des ennemis. Ils peuvent être voisins, frères, cousins, des fans… C’est une montée de tension dans le tempérament, de sang aussi dans les veines. Cet enjeu peut être un droit de jouissance pour un pacage disputé par deux fractions, ou pour des labours extensifs dans le domaine privé de l’Etat ou encore autour d’un point d’eau servant à l’abreuvement de bestiaux. Les armes utilisées sont blanches ou encore les adversaires viennent aux mains. Ce terme ne couvre pas une dimension de justice et donc de droits et le plus important, il n’est pas l’expression d’une cause révolutionnaire, à l’opposé de l’insurrection, de la révolte et de la révolution qui sont plus violentes et recourent aux armes à feu. La violence de celles-ci s’exprime froidement, se caractérise par des sacrifices à consentir et engendre la mort entre des ennemis.
(Rappelons que les insurgés avaient fait le siège du village de Magritte, qu’ils avaient capturé les colons dont ils égorgèrent cinq d’entre eux pour avoir refusé de prononcer la profession de soi de l’islam.)
L’auteur Pheline est trop savant pour faire l’amalgame entre les définitions de termes usuels. Donc, c’est à dessein qu’il utilise le mot ’échauffourée’. Au premier chapitre, il avait refusé toute dignité au peuple algérien, en se sens que les insurrections qu’avait menées celui-ci avaient été motivées par le leadership de la fonction nommée de bachagha ou de caïd, comme si ces chefs insurrectionnels avaient été des seigneurs et leurs hommes des esclaves. Il leur avait ôté le caractère nationaliste au sens large du terme ; d’emblée, il nous présente le glorieux peuple algérien comme servile, s’accommodant de l’esclavagisme. J’ai en mon âme et conscience j’ai réfuté sa théorie, selon des données objectives authentiques.
Le travail de C. Pheline constitue un délire de l’imagination, comme s’il s’agissait de présenter un roman de fiction attractif de lectorat, quand il nous décrit l’héroïsme de l’institutrice Adélaïde Goublet, dans un cadre purement fantasmagorique. Il conte cette épopée douteuse par : «.rapporte-t-on ». Ainsi, cette allégation n’est étayée par aucune référence apportant la preuve de ce qu’il avance. Il cherche à semer le doute, espérant le travestir en vérité. Les propos qu’il impute à l’institutrice Adélaide sont vraiment d’une bravoure exceptionnelle, si vraiment cette épopée avait existé. En effet, Adélaide constituait de la sorte une victime qui aurait confondu les insurgés coupables de violation de l’école et de tentative de meurtres contre les enfants. Si cette histoire était vraie, Charles robert Ageron ne l’aurait pas passée sous silence. Comme il n’existe nulle trace dans l’ouvrage de Laadi Flici qui livre les auditions du procès de Margueritte à la cour d’assises de Montpellier. Il fait référence à Point n’est besoin de rappeler également que cette vertu laïque à laquelle il fait référence n’avait pas lieu d’être, car le Le concept de laïcité n’aura été institué en France que quatre ans plus tard conformément à la loi du 9 décembre 1905. Donc cette école, communale de sa vraie appellation, n’était pas laïque.
La référence à un journal n’établit guère de vérité scientifique, fût-il vertueux. En effet, ‘Le Petit Journal’ est tout à fait loin de toute équité et éthique et selon C. Pheline, il rend un vibrant hommage à l’institutrice, dans son supplément du 19 mai 1901 : « Cette merveilleuse phalange des instituteurs et institutrices de France, si laborieuse, si dévouée, si patriote, si courageuse enfin, quand la situation le commande » L’image de sa première page, une peinture en couleurs savamment accusatrice, est vraiment démentielle. Elle nous montre six insurgés assaillant une porte ouverte qui laisse apparaitre des enfants et la jeune femme, bras écartés, s’interpose.
Le délire continue sous la forme apparemment officielle illustrée par l’intervention de la députation algérienne à la fin du mois de mai, c’est-à-dire 34 jours après l’insurrection, qui s’indignait sur le fait qu’il ait été décerné seulement une médaille 2ème classe à l’institutrice qui avait par son courage sauvé 60 enfants. C. Pheline précise que cette indignation fut exprimée par l’intervention du député Morinaud de Constantine. Ainsi, la durée entre l’évènement l’indignation de la députation algérienne est ramenée à 30 jours. Quelle célérité des pouvoirs publics pour cette gratification !
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