ahmed bencherif écrivain et poète

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Archive pour décembre, 2020


les moissoneurs , ahmed bencherif

28 décembre, 2020
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Le déjeuner était prêt et il y eut un temps mort où les peines commençaient à se faire sentir. Les trois cuisinières de renfort, cousines de la famille, s’échappèrent enfin à cette condamnation domestique, qui s’impose  à la femme, dès le commencement de sa vie, si peu considérée par l’homme, alors qu’elle représente un précieux sacrifice et un témoignage d’amour. Elles reculèrent, glissant littéralement sur leurs fesses, allongèrent les jambes. L’une se frotta d’abord les mollets qu’elle massa lourdement ; l’autre se frotta le bassin, sentit une douleur l’aiguillonner ; l’autre s’étira en geignant de courbatures dorsales.

 

La vielle, La Douja, qui revenait des champs, entra et se dirigea vers le fond de la tente. Elle marchait lentement et arborait un air de fierté peu commun, telle une impératrice très âgée. De nature chique, elle souffrait dans sa splendide robe de guipure qui n’était guère de circonstance en milieu rural. Elle était ainsi, ayant grandi dans l’aisance citadine de Tipaza. Elle portait au bras un petit couffin, qui contenait une livre environ d’épis, destinés à recevoir l’effluve dans le sanctuaire du saint où elle aimait se recueillir des heures durant. Elle les mit dans un coffret qu’elle rangea à l’abri et recommanda à ses brus, Fatima et Leila, d’y veiller. Celles-ci acquiescèrent et lui firent remarquer respectueusement qu’elle s’exposait trop au soleil.  Elle répondit que sa charpente était encore solide et que si Dieu le voulait, elle assisterait au mariage de son petit fils Hamza..

 

Les femmes entendirent des voix crier à l’extérieur, expression, largement usitée au quotidien, qui exprime l’impatience et manifeste la promptitude : « Y’Allah ! Y’Allah ». Six jeunes gens clamèrent de nouveau et avec fermeté : « Servez rapidement le déjeuner ». Ils restèrent à vingt pas de l’entrée par pudeur, l’intimité de la femme étant sacrée. Hamza marqua d’abord un temps d’arrêt par respect et entra. Il embrassa sa grand-mère qu’il  amusa un moment, puis, il gratifia d’un superbe sourire sa mère Fatima qui, inquiète à son sujet, lui dit de ménager ses efforts.

 

Les cuisinières, qui avaient profité, d’un moment de répit, commencèrent à servir avec entrain pour devancer les autres foyers qui participaient à cette grande Zerda (aumône). Elles chuchotaient, répétaient de singulières paroles. Mais la taquinerie était à bon enseigne et l’une boudait l’autre, sous le regard ravi de Hamza qui trouvait ce numéro très plaisant. Elles remplirent de couscous six plats ronds en bois, chacun d’une contenance de huit kilos, qu’elles arrosèrent de sauce rouge épicée, épaissie par des tranches de citrouille qui avaient fondu,  puis elles y ajoutèrent de grandes quantités de pommes de terre, de carottes et des bouquets de piments piquants. Fatima choisit les plus gros morceaux de viande et les répartit entre les plats. Elle ne laissait guère l’initiative à Leila qui n’avait pas encore assimilé toutes les règles, malgré ses cinq années de vie conjugale.

 

Les moissonneurs, qui revinrent de Ain-Diss, source toute proche, où ils s’étaient rafraîchis et débarbouillés, s’étaient réunis au petit bois de pistachiers. Epuisés et morts de faim, ils attendaient silencieusement qu’on leur servît à manger, le précédent repas ayant été servi depuis plus de cinq heures. Il y avait là une centaine de personnes répartis en groupe. Leur misère n’était pas à dire : ils ne portaient pas de haillons, mais des vêtements qui avaient tellement vieilli qu’ils pouvaient craquer à chaque mouvement brusque et dont la couleur originale avait totalement disparu. Certains gisaient comme morts, couchés à même le sol, d’autres faisaient beaucoup d’efforts pour rester assis, les jambes croisées qu’ils allongeaient par intermittence. Certains étaient corpulents, d’autres plus tôt maigres. Mais ils étaient tous vigoureux, formés aux travaux rudes depuis leur enfance, accommodés aux privations depuis le premier âge.

 

De jeunes gens revenaient des foyers et ramenaient de la nourriture. Une légion les attendait sur un brasier ardent. Elle se forma vite en groupes de six et chacun reçut un plat de  couscous. La bonne nourriture les faisait baver. Ce repas, somme toute ordinaire en Afrique du Nord, était pour eux un luxe dont ils entendaient seulement parler par les autres. Les roulants en étaient les plus affectés, car ils mangeaient à satiété de saison en saison pendant les journées de moissons, hibernants malgré eux comme des ours polaires. Ils laissaient femmes et enfants, sillonnaient les plaines et parcouraient des centaines de kilomètres, d’où leur surnom. Il leur arrivait de jeûner des jours durant en hiver et quand la providence les prenait en pitié, ils mangeaient des bouillies de feuilles sauvages. Ils prirent les plats d’assaut, à la manière de preux cavaliers, lâchés et obéissants, affranchis de timidité.

 

Ces hommes, écrasés par la misère que ne justifiait nullement le droit de conquête, gloutonnaient littéralement. Ils vidèrent les plats en un éclair. Etaient-ils rassasiés ? Avaient-ils faim ? Ils restèrent silencieux et leurs visages prirent des couleurs encore fades, rejetés dans un monde extra-terrestre. Sans se gêner, ni même se sentir humiliés, ils demandèrent du supplément à leurs frères de toujours et non à leurs patrons occasionnels, absolument sûrs d’être satisfaits. On leur servi aussi généreusement en viande et en piments piquants, poussé tant devoir de solidarité que pour conforter leur espérance et désir de survie, tout en louant leur combativité. Ils sifflaient les cuillerées, l’une après l’autre, avec une rapidité étonnante, les yeux fixes et les oreilles bouchées. Ils s’étaient tellement rassasiés, qu’ils  revenaient graduellement à la condition humaine et purent enfin manger convenablement en vrais hommes et dès qu’ils eurent fini, ils firent d’agréables réflexions, en se tâtant la bedaine, les mains et le visage.

extr Margueritte revisitée t.1

j’ai aimé Hiziya Ahmed Bencherif

28 décembre, 2020
Non classé | Pas de réponses »

J’ai aimé Hiziya

 

 

Tes yeux de gazelle, en forme d’arc-en-ciel,

En beau noir d’ébène, sur un fond de platine,

Curent l’âme troublée en langage sensoriel

Pansent la plaie du cœur, en médication fine.

 

Ton regard enchante le troubadour stressé,

Le comble de gaieté, l’initie au voyage

Le voyage spatial, dans un rythme empressé,

Aux lointaines contrées et d’heureux rivages.

O fille des palmiers, majestueux et légendaires,

Sens-tu le vent souffler à travers les palmes,

Nous conter l’histoire, au bruit des dromadaires,

De l’amour de Hiziya qui tourna au drame ?

 

Dis-moi ses vœux derniers, quand arriva son destin,

Son appel au Seigneur, quand elle se prosterna,

Son mépris au rival joyeux pour son festin,

Qui, sur son vil projet de bas rapt s’acharna.

 

O fille des palmiers, source de la douceur,

Ile merveilleuse des grandes évasions,

Eve miraculée du paradis encenseur,

Ton art est la sève de la belle saison. .

 

J’ai aimé Hiziya dans ses beaux souvenirs,

De ma plume jaillit ma verve funéraire,

De ton zoom jaillira la saga sans périr,

Laisse-moi écrire le récit légendaire.

Nous irons aux tombeaux couverts de chaux blanche,

Leurs bannières cuivrées, élevées vers le ciel,

Leurs velours et leurs soies en pureté franche,

Leurs ombres dansantes, battant de leurs ailes.

 

Nous lirons l’épitaphe au tombeau de sable

De la belle Hiziya, disparue à jamais,

Mais immortalisée, dans nos feuilles aimables,

Ses amours passionnées, gravées et sublimées.

 

Arrosons de nos pleurs ce monument sans nom,

Que ses fleurs verdissent, exhalent leurs parfums,

Que l’oiseau s’y pose, pleure son abandon

Que l’ange protège des souillures du temps.

Viens Oasienne ! ! Allons ! Le désert est beau !

Prenons nos montures, patients dromadaires,

Endurants à la soif, les plus vieux paquebots,

Fidèles compagnons aux contrées dunaires.

extr les  vagues poétiques

 

 

 

Voyageuse, Ahmed Bencherif

28 décembre, 2020
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                                Voyageuse

 

 

 

 

Sur le quai bruyant, je te vis dépaysée

Ta valise à la main et ton sac à la main,

Tes yeux derrière un triste écran,

Un nuage qui te cachait le monde

Vision fomentée d’un chagrin d’amour

Un amour dissipé, illusion morte.

 

Dans ta quête de nouveaux horizons,

Ta recherche de nouveaux espaces,

Tu traçais ton chemin, éprouvée de phobie

Injectée dans ton cœur par l’homme,

Malin félin, redoutable lion, prédateur

Qui voyait en toi la proie idéale

Pour assouvir ses appétits charnels.

Tu me vis souriant, avenant attentif.

 

L’heure au top, ses aiguilles croisées,

Le train pressant te conviait à monter.

Nos regards se croisèrent par instinct,

Comme ces aiguilles d’horloge murale

Qui sonnèrent le départ du cheval de fer,

Parti sans nous, notre destin ailleurs.

 

Main dans la main, toutes deux frileuses,

Murmure au murmure, mélodie secrète,

Cœur près du cœur, battant la chamade,

Ame confiée à l’âme, béatitude reconnue,

Nous prîmes le chemin de l’amour,

Ses secrets gardés dans la vigilance.

 

Fascination souveraine du moment

Vivra-t-elle dans les lendemains inconnus ?

Fera-t-il date ce coup de foudre survenu ?

A cœur sensible, esprit prémonitoire.

Alors viens ! Ne crains rien, l’amour est là

extr les vagues poétiques

 

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