Évangelina
Voile noir d’ébène, sois clémence et douceur.
Ce blanc d’albâtre que tu couvres est lunaire,
Sainteté échappée de l’éden des danseurs,
Le jardin des rêveurs sous la boule solaire.
Ton velours ouvré en apprêts infimes recherchés
Garde jalousement ses beautés d’océanide
Dans ses palais en verre cristal attachés
A Vénus, déesse de l’amour intrépide.
En hauteur, tes mille points, tous phosphorescents,
Te parent de grand art, pour soirée mondaine,
Pour vêtir la muse dans un mode décent
Que les yeux ne quittent, manifeste aubaine.
Là, l’émoi commence, le souffle se retient :
Tu tombes discrètement sans offense
Laissant évoluer magnifiquement bien
Les savoureuses pommes d’Eve en émergence.
Ses rubis scintillent à peine visibles,
Symbolique des reines dans leur intimité,
Se parant pour un secret amour infaillible,
Cultivant leurs atours, soufflant la volupté.
Ses lèvres divinement tracées reposent
Esquissent un sourire subtil déclencheur
De fortes émotions, en couleur de rose,
Emblème des passions, vécues dans la fraicheur.
Ses yeux clairs, langoureux sont deux saphirs brillants,
Qui baignent dans un fond de lune miroitant,
Brulent l’albatros dans l’espace et ses sillons
Que serait-ce du cœur de l’amant palpitant.
Ses épis d’or libres, légers, courts et soyeux
Dansent un beau tango au souffle du zéphyr,
Sur un lit gazonné, au toucher chatouilleux
Qui tendrement allume et suggère le désir.
Fille des O/Nail
L’oiseau s’est envolé très haut dans les éthers,
Accessible à mon dard par la seule pensée
Tourmentée par l’adieu, sans musique, sans air,
Comme le cantique des amours trépassés.
Il bat de ses ailes frêles de beau plumage,
De grâce et d’aisance, comme un cygne dans l’eau,
Magnifié sans égal d’un merveilleux ramage,
Unique du genre, le plus beau passereau.
Son chant est un accord de lyre au couchant,
Quand la nuit étend son manteau sur l’univers,
Que la lune émerge de son point débouchant
Et balaie de ses faisceaux lumineux la terre.
Son chant est mélodie de tendres gazouillis,
Elevés aux primes aurores bigarrées,
Aux cimes des arbres aux beaux fruits cueillis,
Aux sarments de jeunes vignes enchevêtrées.
Dans les plis du zéphyr ma pensée voyage,
En quête dans ces lieux jadis submergés,
Curés par un travail hardi au fil des âges,
Rendus par génie à la vie, hier figée.
Longtemps elle vola sans répit dans les airs,
Au-dessus des nuages noirs ou gris argentés,
Dans l’immensité muette de la stratosphère,
Où je perçois, ému, ses bracelets tinter.
Sous la caméra
Un matin quand l’été s’en allait doucement,
Au souffle de l’air frais auroral qui bruissait,
Dans les hauts feuillages qui dansaient lentement,
Au soleil à couleurs bigarrées qui naissait,
Son appel, le chant du muezzin, me surprit
Voix de fée qui chantait la saga de Tiout,
Témoin du temps gravé sur le grès amoindri,
Ces hommes primitifs, éclairés sans doute.
Sa voix, un rossignol qui chante allègrement
Les notes miraculeuses d’un violon en soirée,
M’intima d’embarquer le vaisseau promptement,
De voler vers le temps, ô combien bigarré.
Dans ce vaisseau spatial, se montrait l’aventure
A la quête du temps mu en beaux vestiges,
Qu’allait ressuscitait la belle créature,
Par sa voix et sa voie d’un si grand prestige.
L’heure aurorale de paresse persistait :
La steppe alfatière sommeillait encore,
La brise ne soufflait, rossignol ne chantait,
Et le silence du réveil régnait à bord.
Nous voilà débarqués, nos vies sont de l’abeille,
L’élue déchiffre les secrets du paysage,
Effleure le temps, parle au temps qui l’émerveille,
Voyage dans ses espaces et ses plages.
Son âme épouse le relief de grès contrasté,
Emprunte la divinité des lieux sans sanctuaire,
Perçoit les ombres fugitives, enchantées
De livrer leurs secrets sans rituel millénaire.