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Jocelyne ! Tu verras le saint dragonnier,
Au bord de l’oued, dans un nid de roseaux
Veillé par la koubba du santon altier,
Dont le lit se draine parmi les vaux.
Sur l’aire spacieuse, de forme ronde et nue,
Au milieu des jardins, ébruités de paysans,
Fournis de légumes et de fruits charnus,
Cultivés de choux verts, conquis de liserons,
Au bord de l’oued en face da la marre
Située au pied de la haute falaise,
Croit l’arbre vénéré depuis un millénaire,
Fourni abondamment de petites fraises
Sur les cimes fleuries comme un bouquet géant,
Tel un gigantesque parasol suspendu
Sur le fut énorme formé d’un trou béant
Par plusieurs racines marron clair et tordues.
Des femmes fragiles viennent s’y recueillir,
Font leur pèlerinage autour de la sainte
Incarnée par l’arbre sans aucun souvenir,
Vivant en mémoire sans d’autres empreintes
Que le henné teinté deux fois par semaine
Avec un bel amour stoïque et profond,
Ou de petits foulards noués aux racines,
Ou bien encore des morceaux de charbon.
Elles sont deux ou trois à venir sans enfants
Du village nègre qui fête le taureau
Chaque année à la fin d’octobre gémissant
Par un groupe d’hommes coiffés de callots,
Ivres de musique et souvent en transe,
Par les chants religieux sur fond de sons cuivrés
Des castagnettes tendres et les résonances
Des tambours, à la main habile, ouvragés.
Elles sont possédées par de mauvais esprits,
De jambes amorphes, les yeux noirs distraits,
A la voix sans timbre et le teint fort blêmi
Par une névrose qui amoche leurs traits.
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