ahmed bencherif écrivain et poète

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Archive pour mai, 2021


nouvelles gravures rupestres Lhote Tiyout ..Ahmed Bencherif

30 mai, 2021
histoire de'Ainsefra | Pas de réponses »

DÉCOUVERTE D’UNE NOUVELLE STATION DE GRAVURES RUPESTRES A THYOUT (Sud oranais) PAR H. LHOTE et M. LIHOREAU La localité de Thyout fut la première qui, en 1847, nous révéla l’existence de gravures rupestres en Afrique du Nord et au Sahara. La découverte fut due au capitaine Koch et au Dr Jacquot qui participaient alors à la colonne de pacification dirigée par le général Cavaignac et qui, pour la première fois, pénétrait dans les oasis de Thyout, de Moghar Tahatani et d’Aïn-Sefra. Les gravures sont au nord du village, à mi-pente de la falaise au pied de laquelle passe aujourd’hui la route qui va d’Aïn-Sefra à Géryville. Elles ont été visitées par de nombreux chercheurs dont les principaux sont G. B. M. Flamand, H. Kiihn, L. Frobenius, H. Breuil, M. Reygasse et R. Vaufrey. Quant à l’un des signataires de cet article, Henri Lhote, il s’est rendu au moins six fois sur le site, la dernière en compagnie du lt-colonel Lihoreau. A ces diverses occasions, une enquête avait été menée auprès des habitants afin de savoir s’il n’existait pas d’autres gravures dans les environs, car des renseignements très imprécis laissaient entendre qu’il devait y en avoir d’autres dans les rochers derrière la station déjà connue. Mais toutes ces enquêtes furent vaines, y compris auprès des notables qui, pourtant, nous accompagnèrent devant les gravures de la station anciennement connue. Le lt-colonel Lihoreau, qui travaillait en liaison avec Henri Lhote et qui avait l’avantage de résider pratiquement sur place, s’enquit à son tour et, sur un renseignement du Père Becquart, des Pères blancs d’Aïn-Sefra, il reconnut une station nouvelle, située non pas au nord, mais au sud de celle déjà inventoriée. Pour s’y rendre, en partant de la station principale, il faut prendre la route qui rejoint Thyout- village par l’est, mais au moment où elle fait un coude pour rejoindre l’agglomération, il faut la quitter et traverser l’oued ; une piste apparaît sur la rive sud, qu’il faut alors suivre et qui longe la falaise parallèle à l’oued ; à 5 km environ du point de départ, la piste devient sablonneuse et l’on aperçoit un premier groupe de rochers, à gauche. Il faut continuer jusqu’au deuxième groupe de rochers qui se trouve à 150 m à gauche de la piste. Les gravures sont au pied de la falaise et à mi-pente. La roche est formée de grès identiques à ceux de la station principale de Thyout. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES Description des gravures. — Des photographies furent prises par le lt-colonel Lihoreau et les dimensions relevées par le PèreBecquart. La station comprend trois panneaux principaux et un quatrième ensemble figurant deux ânes, situé sur un rocher détaché, à 30-40 m des autres. Le premier panneau montre un grand éléphant (fig. 1), qui devait mesurer, du sommet de l’oreille à la base de la patte, près de 1,80 m de haut et approximativement autant de large. Le trait en est poli, le profil en U surbaissé et la patine identique à celle de la roche. Une partie de l’oreille n’est plus visible, mais elle dépassait notablement le sommet de la ligne frontale et devait être du type bilobé. L’animal est sexué ; c’est un mâle. La défense, placée anormalement haut, semble avoir été rajoutée, car le trait est simple et la patine apparaît plus claire. Sur le corps, ont ^COUVERTE D’UNE NOUVELLE STATION DE GRAVURES RUPESTKES 9 été gravés deux poignards. Celui de gauche (fig. 2) est à trait poli, à profil en U surbaissé, avec traces de piquetage, et sa patine est pratiquement aussi foncée que celle de l’éléphant. Celui de droite (fig. 3) a été obtenu par piquetage et sa patine est plus claire. Il apparaît comme une mauvaise copie du précédent. En dessous de la pointe, on aperçoit un piquetage qui est peut-être la figuration d’un liquide coulant, peut-être l’évocation du sang d’une blessure symbolique pratiquée sur l’éléphant. Enfin, entre la trompe et la patte de ce dernier, un petit mammifère (fig. 4), peut-être un canidé, a été réalisé par un piquetage irrégulier et sa patine est très claire.

gravures rupstres Tiyout Lhote …; ahmed bencherif

30 mai, 2021
histoire de'Ainsefra | Pas de réponses »

DÉCOUVERTE D’UNE NOUVELLE STATION
DE GRAVURES RUPESTRES A THYOUT
(Sud oranais)
PAR
H. LHOTE et M. LIHOREAU
La localité de Thyout fut la première qui, en 1847, nous révéla l’existence de
gravures rupestres en Afrique du Nord et au Sahara. La découverte fut due au
capitaine Koch et au Dr Jacquot qui participaient alors à la colonne de pacification
dirigée par le général Cavaignac et qui, pour la première fois, pénétrait dans les
oasis de Thyout, de Moghar Tahatani et d’Aïn-Sefra. Les gravures sont au nord du
village, à mi-pente de la falaise au pied de laquelle passe aujourd’hui la route qui
va d’Aïn-Sefra à Géryville. Elles ont été visitées par de nombreux chercheurs dont
les principaux sont G. B. M. Flamand, H. Kiihn, L. Frobenius, H. Breuil, M. Reygasse
et R. Vaufrey. Quant à l’un des signataires de cet article, Henri Lhote, il s’est
rendu au moins six fois sur le site, la dernière en compagnie du lt-colonel Lihoreau.
A ces diverses occasions, une enquête avait été menée auprès des habitants afin
de savoir s’il n’existait pas d’autres gravures dans les environs, car des
renseignements très imprécis laissaient entendre qu’il devait y en avoir d’autres dans les
rochers derrière la station déjà connue. Mais toutes ces enquêtes furent vaines,
y compris auprès des notables qui, pourtant, nous accompagnèrent devant les
gravures de la station anciennement connue.
Le lt-colonel Lihoreau, qui travaillait en liaison avec Henri Lhote et qui avait
l’avantage de résider pratiquement sur place, s’enquit à son tour et, sur un
renseignement du Père Becquart, des Pères blancs d’Aïn-Sefra, il reconnut une station
nouvelle, située non pas au nord, mais au sud de celle déjà inventoriée.
Pour s’y rendre, en partant de la station principale, il faut prendre la route qui
rejoint Thyout- village par l’est, mais au moment où elle fait un coude pour rejoindre
l’agglomération, il faut la quitter et traverser l’oued ; une piste apparaît sur la rive
sud, qu’il faut alors suivre et qui longe la falaise parallèle à l’oued ; à 5 km environ
du point de départ, la piste devient sablonneuse et l’on aperçoit un premier groupe
de rochers, à gauche. Il faut continuer jusqu’au deuxième groupe de rochers qui se
trouve à 150 m à gauche de la piste. Les gravures sont au pied de la falaise et à
mi-pente. La roche est formée de grès identiques à ceux de la station principale
de Thyout.
SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Description des gravures. — Des photographies furent prises par le lt-colonel Lihoreau
et les dimensions relevées par le PèreBecquart. La station comprend trois
panneaux principaux et un quatrième ensemble figurant deux ânes, situé sur un rocher
détaché, à 30-40 m des autres.
Le premier panneau montre un grand éléphant (fig. 1), qui devait mesurer, du
sommet de l’oreille à la base de la patte, près de 1,80 m de haut et
approximativement autant de large. Le trait en est poli, le profil en U surbaissé et la patine
identique à celle de la roche. Une partie de l’oreille n’est plus visible, mais elle dépassait
notablement le sommet de la ligne frontale et devait être du type bilobé. L’animal
est sexué ; c’est un mâle. La défense, placée anormalement haut, semble avoir été
rajoutée, car le trait est simple et la patine apparaît plus claire. Sur le corps, ont
^COUVERTE D’UNE NOUVELLE STATION DE GRAVURES RUPESTKES 9
été gravés deux poignards. Celui de gauche (fig. 2) est à trait poli, à profil en U
surbaissé, avec traces de piquetage, et sa patine est pratiquement aussi foncée que
celle de l’éléphant. Celui de droite (fig. 3) a été obtenu par piquetage et sa patine
est plus claire. Il apparaît comme une mauvaise copie du précédent. En dessous
de la pointe, on aperçoit un piquetage qui est peut-être la figuration d’un liquide
coulant, peut-être l’évocation du sang d’une blessure symbolique pratiquée sur
l’éléphant. Enfin, entre la trompe et la patte de ce dernier, un petit mammifère
(fig. 4), peut-être un canidé, a été réalisé par un piquetage irrégulier et sa patine
est très claire.

hé hé hé c’est moi qui l’ai tué, Ahmed Bencherif

28 mai, 2021
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Au premier appel du muezzin, Mohamed pénétra dans le ksar, par le grand portail nord qui était déjà ouvert, fait en bois fruste et très robuste, de grande hauteur. Il faisait encore très noir, cependant quelques croyants se rendaient à la mosquée. Certains s’éclairaient de lampe à signal dont la faible luminosité balançait au gré des mouvements de la main et scintillait, d’autres scrutaient la pénombre et marchaient carrément contre le mur et leurs ombres se confondaient au néant. Leurs pas étaient silencieux, presque feutrés, les pantoufles ne crissant pas. Des enfants, qui allaient à l’école coranique, se mouvaient aussi, indistincts et sans peur, car la sécurité absolue régnait. Les ruelles étaient étroites et tortueuses, sans revêtement au ballast, montantes ou descendantes légèrement. La cité semblait encore endormie et ne donnait presque pas signe de vie à l’extérieur. Ses cuisines activaient pourtant et préparaient très tôt le petit déjeuner pour les laborieux habitants.

Juste au grand portail, se déroulaient deux voies opposées, limitées de part et d’autre de maisons. Mohamed emprunta celle de droite et laissa à sa gauche une impasse, élevée de façon abrupte et très courte. Il ne fit pas plus de vingt mètres et arriva chez lui. Il frappa à la porte qui , bien épaisse, ne résonnait pas. Il cogna plus fort avec sa canne, aucune voix ne répondait de l’intérieur. Alors, il commença à maugréer : « Mon dieu, le beau ! Personne ne vient m’ouvrir ? La fille de mécréants est sourde ; pourquoi j’ai épousé cette femme, moi ? Je lui donnerai une ou deux baffes pour lui apprendre à me laisser poiroter par ce sale temps ; il fait un froid de canard, par dieu, c’est vrai. Pourtant, elle sait que c’est mon heure d’arrivée, au premier appel du muezzin. » Au repos, il gelait et pour se réchauffer, il  remua les pieds, ôta  ses gants et se frotta les mains. Alors, il tapa de toutes ses forces avec son poing ; personne ne répondait à ses coups, violents pourtant, qu’amortissait l’épaisseur du bois. Il bougonna encore  et dit avec dépit : « On cherchera longtemps dans ses ruelles terreuses, on ne trouvera point un caillou pour taper fort et se faire entendre. » Désespéré, il se dit faire le compte à sa femme et la répudier. Il se corrigea vite par regret et maudit le diable qui lui jouait des tours et lui indiquait déjà de très jolies créatures, quelques unes mariées, d’autres, jeunes filles. Finalement, Fatma vint ouvrir, dit bonjour et retourna à sa cuisine, sans laisser le temps de réflexion à son mari.

Mohamed conduisit son âne dans le dépôt de bois dont il alluma un plafonnier électrique dont le voltage était si faible que l’on ne voyait presque rien. Il rangea les bûches dans un coin et s’écorcha un doigt qui saigna aussitôt. Il le suça instinctivement et le sang coagula. Il regagna la cuisine et sermonna fortement sa femme, puis il la saisit par les cheveux et la secoua vigoureusement et dit : « Maintenant, je vais t’apprendre à être prompte pour m’ouvrir la porte. ». Elle eut peur un peu, mais ne trembla pas, ne cria pas. Et dit : « Ne me frappe pas ; je t’ai préparé à manger et l’eau est chauffée pour que tu fasses tes ablutions. » Il la tenait toujours par les cheveux sans exercer de violence pourtant, alors qu’il était très nerveux. Quant à elle, elle restait humblement soumise et sûr d’elle-même. Elle n’essaya même pas de se dégager de l’étreinte de son mari qui dit : « Je vais t’apprendre à savoir qui suis-je. » Fatma restait imperturbable, malgré sa fragilité. Elle connaissait tout de son homme, sa violence, sa modération, ses limites. Aussi, elle n’en fut pas trop émue et dit : « Je sais qui tu es ; tu es  mon lion qui rugit et fait fuir les braves. » Elle fit mouche et, à chaque fois que Mohamed entendait les mêmes propos, il se désarçonnait et jamais il ne put déceler la boutade du compliment. Pour s’authentifier comme tel, il rugit comme d’habitude, prit une amphore qu’il remplit d’eau tiède et regagna le dépôt de bois qui faisait office de salle de toilettes.

La salle de toilettes était aménagée dans un réduit. Comme le réseau d’assainissement public n’existait pas, elle disposait d’une fosse sceptique qui recevait les déchets et que Mohammed curait, quand elle se comblait et ces mêmes déchets allaient nourrir son champ de culture, une fois séchés au soleil. Oui, toute cette cité en était privée, la commune mixte n’avait pas assez de sous pour réaliser ces travaux nécessaires à la salubrité publique. L’eau courante n’existait pas non plus et chaque maison disposait de son propre puits. A vrai dire la volonté politique des pouvoirs publics était absente, au motif que les conditions de faisabilité n’étaient pas aussi appropriées, comme au village, édifié sur une surface plane et non rocheuse, lequel était majoritairement habité par des Français, mieux représentés politiquement que les Musulmans Français, les uns et les autres ayant chacun son propre collège électoral.

la grande ode, Ahmed Bencherif

28 mai, 2021
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Jocelyne ! Tu verras nos sapins, nos cyprès

Au pied de la dune ondulée par le vent

Où surgit la source fraîche, de fond doré,

Couronnée d’un bouquet de verdure flottant.

Les cristaux scintillants te feront caresses

Aux chevilles blanches, aux jambes fuselées ;

Tu jouiras bellement de plaisir immense,

Tu voudras cavaler et tu voudras rouler.

 

Tu feras ta pensée à notre Isabelle

Et sur la falaise au-dessus de la marre

Ton regard aimera la région rebelle

Traversée par l’oued, veillée par le Mekhter.

 

Notre lac est salé, ses eaux s’évaporent ;

Ses oies sont solitaires, ses berges déboisées,

Jusqu’à l’éternité son cycle perdure,

Quand tout aura été anéanti, rasé.

 

Dans la blanche koubba de mon saint aïeul

Surmontée de croissant, ceinte par quatre murs

Tes invocations franchissent le ciel,

Recueillies et bénies par les deux anges purs

L’odeur de piété te souffle repentance,

Te montre l’auguste silence éternel,

Te cure de tes maux, douleurs et transes,

Stimule tes envies à la vie, au label.

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le procès des insurgés de Margueritte…, Ahmed Bencherif

26 mai, 2021
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Ratissages

Pour rassurer les colons, les autorités civiles et militaires avaient décidé une opération militaire punitive de grande envergure dans le Zaccar le jour même. Elle était justifiée par l’état d’esprit phobique des populations européennes et une grande fierté des indigènes d’être encore capables de prendre les armes et conquérir des droits que la paix ne leur avait pas octroyés. Le général Paul Alphonse Grisot avait été requis par le gouverneur général Jonnart, en santé déclinante, sur le point de démissionner. L’armée est plus que jamais requise à frapper fort et vite. Elle doit enlever toute velléité aux indigènes de penser révolte, de prendre les armes, de vouloir vengeance. Elle doit non seulement les impressionner, mais aussi les terroriser longtemps.

Une force considérable est déployée. Ses effectifs donnent une impression de terreur et prédisent que les représailles devaient être terribles. Ils signifient en clair qu’ils sont sur le pied de guerre, contre une population désarmée et isolée. C’est la formation d’une puissante colonne qui se met en mouvement pour s’engager dans les hostilités, comme pendant la guerre de conquête. Le haut commandement du 19e corps est décidé a réprimer de la plus atroce façon. C’est le retour aux méthodes de la terre brulée du maréchal Bugeaud. Le 28 avril, deux jours seulement après l’écrasement de la révolte, 1 200 soldats stationnent le long de la voie ferrée qu’ils surveillent, 800 autres partent ratisser dans la montagne du Zaccar où se sont réfugiés les rebelles :

-          Un bataillon du régiment des Zouaves d’Alger

-          Deux compagnies de tirailleurs d’Orléans ville

-          Un escadron des chasseurs de Blida.

Au total, deux-mille soldats, entre Zouaves, Tirailleurs, sont sous le commandement du général Octave Gilet. Trois torpilleurs appareillent pour surveiller les côtes de Cherchel. Est-ce que les craintes du commandement étaient justifiées pour mener la guerre aussi sur mer ? Aucune donnée historique n’est disponible ni pour infirmer ou confirmer sa justification. Toutefois, nous avançons avec la plus grande réserve que le commandement militaire craignait l’implication de la tribu des Benimenaceur qui avait assiégé cette ville en 1871 pendant un mois (25).9782343217598b

hommage m’est rendu; ahmed bencherif

20 mai, 2021
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reportage avec la télévision publique Ahmed Bencherif

12 mai, 2021
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conférence université Kemis Meliana Ahmed Bencherif

12 mai, 2021
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Gouvernement, Ahmed Bencherif

12 mai, 2021
Poésie | Pas de réponses »

Gouvernement

 

L’administration tue : les âmes périssent,

Le cœur bat faiblement, le cerveau hiverne,

Les ans languissent et de spleen finissent

Visage livide, cheveux gris, peau terne.

 

Elle terrorise, l’on ressent la phobie

Que l’on traîne jusque dans notre sommeil.

Par un malin plaisir, elle beugle et châtie.

Elle tue le rêve, ternit les merveilles.

 

Elle est abrutie, inculque l’idiotie,

En fin pédagogue, sombre dans le chaos,

Se complait tendrement dans l’erreur et l’inertie,

Recule sans envie, aime tourner le dos.

C’est l’épouvantable et perpétuel bagne.

C’est un corps sans vie, qui mange les justes,

Brutalise les bons, sans répit condamne

Les hommes vertueux, aux gourbis vétustes.

 

Le poltron se soumet pour un sou, pour un pain,

Mue en caméléon, fuit comme la fourmi.

Il est fataliste, croit fort au lendemain,

S’accroche sans espoir aux prétendus amis.

 

Le preux se révolte : plus de sou, plus de pain.

Il renoue le lien, sa fureur visible,

Prêt à recommencer, à rebrousser chemin,

A la moindre bévue, bête et blâmable.

 

 

La rigueur et probité qui étaient les miennes

Me faisaient barrières à toute promotion

Pour grimper l’échelle et assumer les rennes

De commandement, remplir de hautes missions.

 

J’attendis des années le sourire du sort,

Dans l’espoir qu’un commis de l’Etat investi

De souveraineté, de haut rang puisse alors

Me confier ce poste dont j’avais les outils.

 

Mon dossier me plaidait comme un bâtonnier,

Sur le plan compétence et sur la moralité

Attestées et sans que puisse les renier

Un habile enquêteur connu et redouté.

 

Passa l’an dans l’espoir, puis d’autres sans espoir,

Sans jamais recevoir l’avis de nomination

D’agent de la nation, récompense notoire

De mes valeurs partout tenues en adulation,

Partout ailleurs  à l’échelle planétaire sauf chez moi,

Dans mon grand pays où de petits hommes corrompus

Jusqu’à l’âme écrasent  de leurs pieds notre droit,

Gèrent la société comme leur propre du,

Ecartent les agents aptes et vertueux

Pour faire entendre leurs ordres, prétendus

Louables pour servir la nation au mieux.

 

Ils sont là, ils étaient là, ils seront là aussi ;

Ils se souviennent de notre jeune Etat,

Ils l’ont blessé, brisé en plusieurs organes,

Ils le mettent en brancard, le portent à trépas,

Ils l’ont dépouillé à fond de sa grande manne.

Ils se paient nos têtes, achètent le silence,

Vont en campagne de l’intox très savant,

Mûrement réfléchie avec trop de brillance,

Menée à bras de fer et toujours à l’avant.

extrait Odyssée

Getuliya et le voyage de la mort, Ahmed Bencherif

12 mai, 2021
Gétuliya et le voyage de la mort volontaire | Pas de réponses »

Chatouf retourna dans sa hutte. Le dîner était prêt : du couscous avec un bouillon à base de lait, viande séchée et fondue dans la graisse, glands, galette au blé, les deux livres grillés et c’était tout. Chatouf posa une dalle qui était rangée dans un coin et servait de table à manger. Tous s’y mirent tout au tour. Puis il aida sa femme à servir dans des bols de terre cuite qu’elle-même façonnait. Avant de commencer à manger, ils prièrent leurs dieux à leur façon : le soleil, le feu, le bélier. Ils firent plutôt des signes de vénération, qu’ils ne récitèrent quoi que ce fût. Puis ils commencèrent à manger, se servant de cuillères à bois rustre et bientôt, il n’en resta plus aucun aliment. La ration pour chacun suffisait à peine à calmer les spasmes de la faim que tous ressentaient encore. Les grands, qui étaient imbus à la diète, ne bronchèrent pas. Mais les enfants crièrent leur faim. Chanoufa tenta de les calmer. Gétuliya ne dit plus rien, mais ses frères réclamèrent avec force. un surplus.

- la viande du sanglier jeté en pâture pourrait nous nourrir plusieurs jours, dit le garçon cadet. Nous ne pouvons rester affamés et la donner à la lionne qui elle se procure son gibier plus aisément que nous.

- Mais mon fils, dit Chatouf, notre peuple ne mange pas le porc et le sanglier en est un parent. C’est un interdit établi par nos ancêtres et nous devons le respecter, au péril de notre mort que guette la faim. Nos frères Libyens au Nord font l’élevage du porc, mais ils ne le mangent pas.

- Quel usage en font-ils, s’ils ne le mangent pas, rétorqua le garçon ?

- Ils troquent leur production avec les pays voisins, comme les îles ibériques ou le pays des Romains.

- Ces pays sont loin de chez nous, père ?

- Oui fils. Une grande mer nous sépare et nos frères Libyens sont d’excellents navigateurs. Tu dois avoir toujours à l’esprit cette règle que tu devras appliquer. On respecte l’interdit, car il nous protège de choses périlleuses inconnues. Tu as compris fils ? Promets-moi d’en faire honneur.

- Oui père. Q’en dis-tu Gétuliya ? Est-ce une bonne chose si notre peuple ne mange pas le porc ?

- C’est une sagesse des Anciens qu’on ne peut pas discuter. C’est ça le respect aux morts.

Le silence tomba sur tous, un silence froid, de mort qui plane, qui hante les esprits. Comme eux tous, Gétuliya le sentit dans sa chair qui la martyrisait. Depuis déjà un mois, elle y pensait. Elle la voyait arriver implacablement, plus forte qu’eux tous. Que pourrait-elle faire, sinon essayer d’en percer le mystère, s’imprégner d’images insolites, comme les suivantes dans ces vers :

Mort, mot simple, mot tragique

Pourquoi dois-je penser à toi

Si je suis juste ou inique

De bonne ou mauvaise foi.

Tu me surprendras toujours,

Au bout de ma gloire pompeuse,

Ou ma défaite sans retour,

Dans ma vie riche ou miséreuse,

Creuser ma propre tombe

T’attendre dans mes peurs

Sans voir de nouvelle aube,

Ni son bonheur ou malheur.

Cette réalité était amère pour cette famille. Chacun regagna son lit sans mot dire. Qui peut lutter contre la mort ? Personne. On lutte contre une maladie grave, mais avec la mort le combat est inégal. Pour ces gens-là la mort était un dieu à haïr. Car il ôtait la vie. Gétuliya ressentait toutes ces choses, car elle ne voulait pas

mourir. Elle pensait à ces voisins, ces cousins que la mort volontaire avait frappés. Ils n’avaient hélas laissé aucune mémoire, comme les Anciens qui avaient gravé leur histoire sur les rochers : hommes géants à la chasse ou en adoration, femmes émerveillées par la hardiesse de ceux-là, éléphants, girafes, buffles, bélier, disque solaire, javelines, des signes. Gétuliya dormit difficilement, en proie à d’affreux cauchemars.

 

 

 

 

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