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juil 2024
le Maroc trahit l’Etoile Nord-africaine et laisse les Algériens mener seul la lutte, Ahmed Bencherif
Posté dans culture par bencherif à 2:58 | Pas de réponses »

Le mouvement nationaliste algérien/Messali hadj

5 juillet 20024 au club des Vigilants de Tlemcen

 

Le vingtième siècle sonnait partout le glas du colonialisme dans le monde. En Algérie, l’action militante d’émancipation couvait, alors que la France dormait sur ses acquis de l’Algérie française. Le débat politique restait divisé entre les Vieux Turbans et les jeunes Algériens, une imitation des Jeunes Turcs. Les premiers campaient sur les valeurs ancestrales, la langue arabe, la religion, le rejet de la naturalisation, le conservatisme craintif du progrès. Les deuxièmes s’engageaient dans la laïcité et la naturalisation française, l’égalité des droits politiques et des chances. Cependant, ces idées n’engageaient leurs pas partisans dans une voie de revendication de nouveaux droits ou de libération. La longue lutte de résistance armée qui dura plus de soixante-dix ans avait épuisé les forces et les ressources du peuple. Cet état des choses était valable aussi pour le dernier résistant, le cheikh Bouamama. Jusqu’au début de ce siècle, la lutte politique n’était pas dans la vision du combat libérateur. Trop d’oppressions, d’exactions, de privations des droits les plus élémentaires laissaient la société en stagnation. A vrai dire, elle ne parvenait pas à répondre à la question « que faire », au cas où elle aurait effleuré les esprits.

En fait, la réponse viendra de la France métropolitaine elle-même. En effet, l’émigration fut autorisée aux « indigènes » vers les années 1880, puis elle s’accentua dès le début du vingtième siècle. Ces Algériens, qui étaient partis chercher du pain, allaient voir un autre monde, le monde tel qu’il était. Ils accédaient à des droits fondamentaux qu’ils n’exerçaient pas dans leur propre pays. La couverture sociale et médicale. Le droit au congé payé, à l’adhésion syndicaliste. En bref, ils découvraient les luttes sociales, l’antagonisme du capitalisme et le socialisme.

Cependant, il y avait deux mouvements d’émigration religieuse et sociale. En effet, un grand nombre d’Algériens musulmans jugeaient que c’était un parjure de vivre dans un pays dominé par les chrétiens :

-          20.000 à 30.000 Algériens musulmans ou français-musulmans émigrèrent en Egypte.

-          10.000 à 15.000 Algériens émigrèrent à la péninsule arabique.

-             5.000 à 6.0000 en Palestine et autant en Anatolie.

Ces émigrés, qui avaient pris le chemin de l’exil, étaient pour la plupart d’entre eux riches. Ils étaient des gens de Tlemcen, de Bordj Bou Aririj, Constantine, Sétif. Cette émigration s’était effectuée en plusieurs vagues. Ils étaient bien accueillis dans leurs destinations respectives. Ils recevaient des terres agricoles. Certains avaient accédé à des emplois publics ou à des postes de commandement, notamment en Syrie. Ils louaient les mérites du sultan Abdelhamid. Néanmoins, ces pays ne vivaient pas dans la liberté d’expression et la démocratie. Cet environnement n’était pas propice pour voir émerger une élite politique dont avait besoin notre nation asservie. Celle-ci allait se former dans le propre pays du colonisateur.

L’émigration algérienne en France

Les conditions de vie étaient déplorables en Algérie pour les Français-musulmans. Ils n’avaient pas accès aux emplois publics, ils étaient privés de soins et leurs enfants qui allaient à l’école étaient d’un très petit nombre. Seule l’agriculture offrait de bas emplois chez les colons et sous-rémunérés. Un grand nombre de nos frères Algériens ne voulaient pas travailler chez les colons. Ils préféraient mourir de faim que d’être salariés sur cette terre qui leur appartenait ou avait appartenu à leurs parents. C’était la dignité algérienne, le « NIF » algérien qui fait honneur et force l’admiration de nos ennemis avant celle de nos amis.

Si la voix de l’émir Khaled s’éleva haut, elle n’atteignit pas les masses. Le programme qui l’animait n’était pas indépendantiste, mais réformiste. Il opposait une formule d’association aux partisans de l’assimilation. Cependant, cette théorie n’avait pas une signification précise. Elle avait été initiée 20 ans plus tôt par Victor Barrucand patron d’un journal El Khabar et président de la Ligue des Droits de l’Homme. Ses revendications essentielles se résumaient autour des axes suivants :

Emploi de la main-d’œuvre algérienne en France,

Suppression du code de l’indigénat

Participation aux assemblées délibérantes

Suppression des tribunaux répressifs

La levée des boucliers ne tarda pas à se faire jour. Les colons se dressèrent contre lui, l’accusèrent de porter atteinte à la souveraineté française. Il finit par prendre sa retraite de l’armée et de cesser toute activité politique. Il partit en exil en France, puis en Syrie.

Cependant, il était clairement admis par tous que l’action militante d’un leader isolé ne pouvait porter la cause nationale. Les émigrés maghrébins engagés dans la lutte des classes pensèrent à créer un parti. Ce sera l’Etoile Nord-africaine le 12 juin 1926 à Paris. Le comité directeur était le suivant :

-          Président : Abdelkader Hadj Ali, communiste

-          Secrétaire génral : Messali Hadj

-          Trésorier, Djilali Chahiba, communiste

-          Membres nationalistes : Mohamed Said Si Djilani, Akli Banoune, Kaddour Far, Saadoune, Meghroureche, Abderahmane Sebti, Mohamed Ifour, Salah Ghandi, Rezki.

-          Membres communistes : Mohamed Maarouf, Ait Toudert, Boutouil.

Cependant, la présidence connut une brève instabilité : le président démissionna, il fut remplacé par Belghoul, lequel fut arrêté à Hamam Bouhadjar. Alors, la présidence échut en aout 1926 à Messali Hadj qui donna au parti une grande impulsion. L’année 1927 fut décisive pour l’Etoile Nord-africaine. Elle participa au congrès anticolonialiste à Bruxelles du 10 au 14 février. Des figures renommées y figurèrent : Nehru, Senghor, Mohamed Hatta dont les pays étaient eux aussi colonisés. La faillite morale du colonialisme fut actée et Mesali fera une déclaration choc :

« Nous sommes réduits à l’état de bagnards dans notre propre pays, car nous n’avons ni liberté de presse ni liberté de réunion, sans lois sociales et sans écoles ».

L’ENA fit une assemblée générale le 11 novembre de la même année à Paris, rue des Gracieuses. Au cours des débats, les tendances nationalistes furent précisées. La motion d’indépendance a été adoptée à une forte majorité. Les communistes protestèrent et quittèrent la salle. Les Français sympathisants les suivirent. Le combat s’annonçait chaud et parsemé de danger. Elle fit une énorme campagne de sensibilisation et en 1928, elle comptait déjà 3.500 militants. Elle échappa également au contrôle des communistes et Abdelkader Hadj Ali démissionna.

En 1929, les Marocains et les Tunisiens quittèrent l’ENA qui devint exclusivement algérienne. Les premiers étaient trop dépendants de la France par la convention du protectorat. Ils y trouvaient leurs intérêts car, la France les protégeait contre les ambitions des autres puissances européennes et les populations qui vivaient depuis des siècles dans l’anarchie et le désordre à tel point que leurs sultans successifs ne parvenaient pas à les dompter. A la première année du protectorat français, les deux tiers de la population n’étaient pas domptées. Le pillage, le vol, le crime, tels étaient leurs hauts faits blâmables par le droit, la morale, la religion. Les seconds restaient surtout dans l’expectative.

Un tribunal français y prononça la dissolution mais l’avocat du Parti, Maitre Berthon, le défendit et la décision de justice ne fut pas suivie d’effet.   Il fut bientôt sous la surveillance de la police spéciale de Paris qui exerçait la surveillance des Nord-Africains. Il entreprit à structurer l’ENA et  créa des sections à Paris, en France. Mais en Algérie, la tâche était difficile. En 1930, le Parti créa son propre journal. Messali dépensait une énergie extraordinaire. Il fréquentait les milieux politiques et littéraires français. Il s’était formé comme auditeur libre à l’université de Bordeaux. Il assistait aussi aux conférences de la Sorbonne. Il assista au congrès international de Moscou. En 1934, des militants furent condamnés à la prison pour avoir reconstitué le parti qui en fait n’était pas dissout. La même année, le juif

Le 4 aout 1934, Constantine était ébranlée par l’acte injurieux du juif Kailifa Eliaou qui injuria notre prophète et notre religion. Il urina sur les murs de la mosquée de sidi Lakhdar. Les foules en colère font une descente au quartier juif. La communauté juive comptait 12% de la population de cette ville qui comptait 100.000 habitants. Le bilan de la confrontation fut de :

- Juifs : 23 morts et 500 blessés par bâtons ou couteaux.

- Musulmans : 4 morts et 79 blessés dont les deux tiers par balles.

- Police : 52 Zouaves blessés, 4 agents, 5 pompiers et 1 gendarme.

Aussitôt, l’ENA exprima sa solidarité avec les musulmans de Constantine. Elle saisit cette opportunité pour entrer en Algérie. Elle organisa un grand meeting à Paris qui avait vu la participation de 3.500 adhérents. Une motion fut adoptée au terme du congrès de 3 jours : « les militants affirment leur solidarité avec les victimes de la répression à Constantine… ». L’éloquence et la chaleur de Messali avait galvanisé les esprits et réchauffé les cœurs et les participants de clamer :

« A bas le code infâme de l’indigénat. A bas les lois d’exception. A bas la commune mixte.. Vive l’indépendance de l’Afrique du Nord ! Vive l’Islam ! ».

Le mot magique de vive l’indépendance revenait en force. Il est à noter que l’ENA reste toujours attachée à l’indépendance de l’Afrique du Nord et à l’Islam. Messali est très énergique. Il est partout et infatigable. En juin 1936, il effectue une visite en suisse, il y rencontre Chekib Arselan dont il avait été un secrétaire. Il rédige deux cahiers de  revendications au gouvernement du Front populaire et il rentre en Algérie. Au congrès musulman au stade d’Alger le 2 aout 1936, il prit la parole et proclama son programme qui était en contradiction avec celui des assimilationnistes. Il fit un long safari qui le mena à Tlemcen, en Oranie, dans le Constantinois. La ligue inquiétait le gouvernement de France et le pouvoir colonial à Alger. Elle fut dissoute le 6 janvier 1937. Mais une grande étape était franchie. 43 sections furent créées dont l’une à Tlemcen.

Cependant, la lutte continua sous la couverture du Journal Ouma, avec un programme plus étoffé dont les fondamentaux sont :

               « indépendance complète de l’Algérie, évacuation de l’armée française, confiscation des vastes propriétés agricoles des colons, abolition du code de l’indigénat, liberté de presse et liberté d’association, droits politiques et syndicaux, parlement algérien élu au suffrage universel, associations municipales élues au suffrage universel.. »     

            Cependant, la nécessité de créer un parti pour répondre aux exigences de la lutte surgit tôt. En effet, le 11 mars 1937, Messali, Abdallah Filali et Kehal Arezki déposèrent les statuts du Parti du Peuple Algérien à la préfecture à la préfecture de Police. Le soir, ils tinrent une réunion à Nanterre et annoncèrent la création du PPA.

Messali entre en Algérie où la scène politique était dominée par le Congrès musulman et les communistes. Il se met rapidement à l’œuvre et créa 80 sections dont 14 à Alger, 6 à Tlemcen, 4 à Constantine. Il condamnait l’assimilation et ses partisans dont le Gouvernement, les élus, les Oulémas. Le Journal El Ouma précisait l’identité algérienne :

« Notre Nationalité c’est avant tout notre passé, notre histoire, nos mœurs, nos traditions….en d’autres termes, on ne peut pas cesser d’être Arabe ou Kabyle pour devenir Français du jour au lendemain ».     

Le Congrès musulman était convoqué le 7 juin 1936 à Alger au cinéma Majestic. Il était élargi aux Elus, aux oulémas, aux communistes. Les résolutions  évitent de mettre en colère le gouvernement général et le Gouvernement de Paris.  Ils élaborent des cahiers de doléances qu’ils allèrent à Paris soumettre au gouvernement du Front populaire le 23 juillet 1936. Les revendications étaient sociales et économiques.

Le deuxième congrès musulman fut convoqué le 11 juillet 1937 à Alger, au cercle du Progrès. Les mêmes formations étaient représentées. Les communistes sont encore une fois représentés, ce qui était une aberration au niveau politique. En effet, ils étaient idéologiquement diamétralement opposés aux oulémas. Il eut moins d’impact que le premier et exprima de nouveau son attachement à la France. Donc, la voie était libre pour le PPA pour s’implanter à travers tout le pays. Il fait l’amer constat qu’il était le parti à mener le combat libérateur. Il était aussi de tous ces chantres qui avaient la parole libre, sur injonction du pouvoir colonial. Son journal jette un pavé dans la marre. Il fustige tous ces assimilationnistes en écrivant :

« Femmes prenez les armes, les hommes ne veulent pas…Nous avons entrepris les premiers cette lourde tâche pour éveiller notre orgueil national et vous pousser à militer avec nous… ».      

Ce nationalisme fervent des Algériens amena le Gouvernement français à dissoudre le PPA le 26 décembre 1939, soit deux mois presque avant le déclenchement de la deuxième guerre mondiale. Cependant, la lutte continua dans la clandestinité, en mettant à profit l’expérience au lendemain de la dissolution de l’ENA. L’adhésion au PPA progresse : 1426 adhérents en Métropole et 1.057 dans la colonie.

La Grande Guerre exerça un choc sans précédent parmi le peuple algérien. Les mobilisations des contingents créèrent un sentiment de désordre. Comme en 1912 pour la conscription obligatoire, certains volaient monnayer leur enrôlement contre des avantages d’emploi et autres. D’autres avançaient que c’était un devoir de servir la France menacée. Enfin les acteurs traditionnels étaient favorables. La France est occupée et le Gouvernement de Vichy prend le pouvoir. Celui-ci exige la collaboration de Messali qui refuse évidemment. Néanmoins, il donne des instructions quant à sa position vis-à-vis d’Hitler : Contre le nazisme et contre le gouvernement de Vichy. Cela lui vaut d’etre jeté en prison ainsi que d’autres cadres du PPA. D’autres prient une autre option et à leur tète Lahouel Hocine et Talbeb Abderahmane. Ils créent le CARNA pour procurer des armes et déclencher la révolution armée. Ils firent une instruction armée en Allemagne. Mais, l’Allemagne nazie leur fait un faux bond. Elle ne veut pas leur fournir des armes.

La plupart des cadres sont jetés en prison rarement sur décision de justice et en général sur actes administratifs. Pendant la durée de la guerre, il n’y a pas grand-chose à raconter, sauf que Hocine Lahouel, en résidence surveillée à Ainsefra, capitale du Territoire du Sud envoyait aux cadres du PPA à Alger Bab El Oued sur les mouvements de l’armée de Vichy. Les militants à leur tour les remettaient aux alliés. Il faudra attendre le 8 mai 1945, jour de victoire et de fete pour le Monde Libre, mais jour cde massacre des Algériens à Setif, Guelma, kherata. Ce fut là le tournant décisif pour le peuple à mener sa guerre de libération.


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