ahmed bencherif écrivain et poète

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Archive pour la catégorie 'culture'


conférence Mhamed Ben Rahal bibliothèque Tlemcen

17 novembre, 2015
culture | Pas de réponses »

     Introduction

 

La conquête de l’Algérie par la France, comme chacun le sait, ne fut pas, comme elle l’’avait été annoncée,  une incursion guerrière punitive de la dignité française bafouée par le coup d’éventail du dey Houcine, contre le consul français Duval. D’abord, elle avait été minutieusement préparée par le rapport d’investigation du capitaine Boutin à l’empereur Napoléon I, en 1808, à l’issue de son séjour du 24 mai au 17 juillet. Ce fameux rapport avait détaillé le débarquement dans ses moindres détails et ne sera exploité qu’en 1830, pour des impératifs de politique intérieure française, notamment les soubresauts institutionnels de l’état français. Le corps expéditionnaire qui débarqua le 14 juin 1830 à sidi Ferdj avait pour mission l’invasion de l’Algérie, compte tenu de ses effectifs et son arsenal de guerre. En effet, la flotte est composée de 350 navires de la marine marchande et de 100 vaisseaux de guerre, équipés de 1800 canons. Quant aux troupes, elles étaient évaluées à 30.000 soldats voire 37.000 selon diverses sources, en plus de milliers de marins. Ces forces étaient impressionnantes, mais il fallait aux puissances internationales de l’époque d’en finir avec la marine des Janissaires. L’armée turque ne sera pas de taille à repousser les agresseurs et le dey Houcine fera sa reddition le 5 juillet 1830.

 

C’est alors que commença la longue lutte de résistance du peuple algérien, sous le commandement de l’émir Abdelkader et du bey Ahmed de Constantine. Elle ne prendra fin qu’à l’issue de la grande guerre de 1871, sous le double commandement de cheikh Hadad, et de l’ex bachagha Mokrani. Cette dernière guerre dura presque 2 ans, mais les conséquences pour les tribus belligérantes furent désastreuses. En effet, elles devaient payer sur 10 ans une contribution de guerre de 54 millions de francs sur une échéance de 10 ans. C’est dire que les ressources du peuple furent épuisées pour prétendre à poursuivre la guerre de résistance. Elle sera reprise en 1881 par le cheikh Bouamama qui avait tenté de l’étendre au Tell, notamment à Saida et Tiaret. Hélas elle sera circonscrite par la suite dans le Sud Oranais, précisément dans la région d’Ainsefra,  jusqu’à l’année 1904, où le guerrier soufi, vieilli et épuisé, se retira au Maroc et y mourut en 1908.

 

Du moment que les ressources furent épuisées pour poursuivre la guerre de résistance, on devait théoriquement s’attendre à ce qu’elle continuât dans la forme politique. Hélas ce pari était loin d’être tenu par les plus hardis fils du pays. Mais le peuple qui sortait de la longue nuit noire sous la domination turque se voyait s’enfoncer davantage dans l’illettrisme et l’obscurantisme pour deux raisons principales : la fermeture des écoles coraniques et des médersas et le peu de volonté du pouvoir colonial d’ouvrir des écoles françaises ou franco-arabes, ce qui mena inéluctablement au vide culturel du peuple. Vraiment étaient chanceux ceux qui avaient la possibilité de s’instruire en suivant un cycle d’enseignement normal. Parmi ces privilégiés, on y compte Mahamed Ben Rahal.

 

         Biographie de Mahamed Ben Rahal.

 

Il n’est pas aisé de faire la biographie de Mahamed Ben Rahal. Pourtant, c’était une  figure emblématique qui avait fasciné de son temps par son éloquence et son aisance à manier les langues française et arabe, qui avait aussi brillé quand rares furent les lumières indigènes.  Il descendait d’une grande famille illustre de lettrés de génération en génération, qui exerçait une influence en dehors de sa ville Nedroma, longtemps pôle attractif religieux, longtemps aussi capitale des Trara.

 

M’hamed Ben Rahal est né le 16 mai 1858. Une autre source le dit être né en 1856, selon sa propre famille toujours.  Le jeune Ben Rahal est scolarisé à l’école franco-arabe de sa ville natale, ouverte en 1865, puis il poursuivit son enseignement au collège impérial franco-arabe ouvert en 1858 d’Alger, où l’enseignement était bilingue.  A la fermeture de cet établissement, il est transféré au lycée de la même ville, jusqu’en 1874. Il y décrocha son baccalauréat et fit une courte carrière militaire, jusqu’en 1876. Il quitte l’armée avec une épaulette et rentre à Nedromah pour exercer le ministère de vice caïd, de son père si Hamza, puis caïd dès février 1878. Il a vite déchanté par cette carrière de fonctionnaire qui avait une piètre réputation en milieu indigène. Son diplôme ne lui permit pas pour autant de trouver un emploi public, quasiment interdit à l’indigène qu’il était. Il démissionne en 1884.. Pour preuve, il verse à la même période dans le mysticisme. Selon la fiche de renseignements de l’administrateur en 1889, il est affilié à la confrérie Darqaouwa dont il est Moqadem.

Alors commença pour lui une longue quête de soi. Dans sa petite ville, il met à profit ses temps de loisirs dans l’érudition. Le 5 octobre 1888, il publia une étude au bulletin de la société d’archéologie une étude intitulée voyage à travers les Beni Snassen. Il traduisit également l’histoire de Nedroma, une œuvre écrite par son père.  Il publia un roman, La Jument, dont on ne retrouve plus aucune trace. Il choisit par la suite de militer comme conseiller général nommé, mais sans trop de résultats évidents pour ses coreligionnaires, broyés désormais par le Régime Civil d’administration de l’Algérie, en vigueur depuis 1871. Cette mission lui permettait surtout de rester actif, de faire entendre la voix de ses frères indigènes, pas seulement de sa circonscription administrative, mais de toute l’Algérie. Déçu par l’incompréhension du pouvoir colonial, il choisit la voie du mysticisme et s’affilia à la confrérie Darqaoua dont il devint Moqadem

 

Le mysticisme précoce est un tournant dans sa vie et il se retire dès 1900 dans sa ville Natale, déçu de voir ses propositions de réforme du code indigène, repoussées par le pouvoir colonial, déçu encore de voir ses idées innovantes pour intégrer les siens dans le modernisme, concilié avec la tradition musulmane. Cependant, il ne vit pas du tout l’ermitage et subvient à sa subsistance de son labeur agricole. Il déborde d’une activité intellectuelle intense, reçoit dans sa demeure familiale des voyageurs, des savants qui viennent de France lui rendre visite, des hommes politiques français qui sollicitent son avis. Sa renommée dépasse désormais les limites géographiques de sa ville pour aller inquiéter, voire intéresser le Parlement grâce à ses alliances intellectuelles de France, notamment parmi les orientalistes. Son discours revient toujours sur l’Africanité, terre d’Afrique, un précurseur d’Aimé Césaire, non théoricien, mais qui s’en réclamait par cordon ombilical. Déjà très jeune, M’hamed Ben Rahal conquiert le statut d’homme politique algérien à l’autorité morale, écoutée plus ou moins et respecté par le gouvernement de Paris, respecté aussi par les colons, malgré eux. Car ceux-ci le craignaient, ou du moins craignaient son action vigoureuse pour des revendications politiques et économiques, quand tous les indigènes restaient emmitouflés dans leur burnous, visage bien caché par le capuchon.

 

 

        

Marguerite causes insurection à université Tlemcen ahmed bencherif

17 novembre, 2015
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                                          Communication Marguerite

                                       11 novembre  2015 université Tlemcen                                      

 

 

 

Disons tout de suite que l’œuvre est originale, élaborée sur une enquête minutieuse et une analyse objective des données historiques du dernier quart du 19ème siècle dont elle relate les évènements majeurs de la colonisation de l’Algérie. C’est une période riche en drames, oui la richesse n’est pas souvent pure et saine et les grands écrivains français, métropolitains dis-je, ne s’y penchèrent guère et ne l’avaient pas intégrée dans leurs travaux.. Censure? Manque de motivation? Pourtant ce drame état connu en France et nous avons deux témoignages et pas des moindres: Victor Hugo militait pour donner l’instruction publique aux enfants indigènes; Stendhal dénonçait les exactions. Bien sûr, l’un et l’autre le faisaient timidement. Quant aux écrivains algériens, qui avaient écrit, ils évoluèrent dans leurs travaux  autour de la misère à la Jean Val Jean de Victor Hugo. Ils n’avaient pas restitué le contexte historique de l’époque étudiée. Car on n’y voit vraiment pas les valeurs propres du peuple, ni ses caractères distinctifs,  encore moins  la fortune qu’il détenait ou l’instruction et la culture. Par ailleurs, les écrivains coloniaux n’avaient pas non plus consacré leur plume aux histoires du pays dans lequel ils vivaient. Ils étaient carrément des penseurs coloniaux pour accoucher de théories farfelues pour mieux brimer et oppresser et mener un combat raciste. C’étaient presque des nettoyeurs ethniques, dans la mesure où ils prônaient la déportation pure et simple des indigènes et des indigènes assimilés, soit les juifs qui avaient pourtant accédé à la citoyenneté française.

L’œuvre, qui devait être  immense pour mieux situer le phénomène colonial, tourne autour de trois monstres qui dévoraient le peuple conquis et sans lesquels la colonisation n ‘aurait pas été possible :

- Le séquestre, invention romaine étoffée par le parti colonial. Depuis la grande guerre de 1871. Il frappait, très fort, toutes les tribus pour les déposséder de leurs terres agricoles. En vingt ans, il avait versé au domaine public un million d’has, soit deux fois plus qu’il n’avait été pris de terre pendant quarante ans de régime militaire qui était plus ou moins clément pour le peuple conquis qui à son tour lui réservait une quelconque sympathie.

- L’impôt avait un caractère exorbitant et paupérisait les tribus; il était exigible séance tenante, sans préavis et sans délai  et se réservait le droit de recourir à l’huissier pour en assurer l’entrée. Le redevable se débrouillait pour payer et vendait tout pour échapper  à l’huissier, autre mangeur de fortune. Souvent, on le menaçait de mettre sa femme en prison, s’il ne payait pas et bien des fois la femme avait fait de la prison dans ces conditions.

- Une guerre sans nom est menée contre les populations forestières par les trois conservateurs départementaux dont les pouvoirs étaient exorbitants et les actes sans appel, fût-ce par le gouverneur général et les gardes forestiers frappaient d’amendes sans foi ni loi. Si le fellah des plaines était refoulé vers les piedmonts, le forestier était refoulé vers les montagnes. Cette politique, dit-on, servait à protéger l’environnement contre les feux de forets et leurs destructions.  Au fond, elle répondait à un double intérêt économique : séquestrer des terres et les verser dans le domaine public pour les besoins croissants de la colonisation; satisfaire les appétits voraces des concessionnaires qui surexploitaient l’un des maquis les lus denses au monde pour produire du tanin pour les fabriques du cuir et des textiles.

La colonisation, synonyme d’accaparement des terres, se fait à outrance sans pitié, ni clémence. Elle reste froide devant les famines régionales, principalement celle du Chélif en 1892 où des milliers d’affamés sont interdits d’entrer dans les villes et les villages, par mesure d’hygiène, comme s’ils étaient des lépreux, se nourrissent d’herbes et de glands, meurent le long des sentiers, leurs dépouilles exposées aux charognards. Ainsi, la généreuse vallée du Chélif eut ce triste surnom de la vallée de la mort.

Dans cette tragédie, la société évolue, prisonnière de ses contradictions. Le conflit permanent oppose les trois communautés : les colons, les indigènes, les juifs.

- Les colons ne se suffisent pas et réclament, pour eux seuls, l’autonomie de l’Algérie. (Certains illuminés réclament l’indépendance, inspirés par la guerre d’indépendance de Cuba.) Ils réclament aussi l’annulation du décret Crémieux qui avait donné lé citoyenneté française aux juifs.

- Par les urnes, les Juifs s’attirent des ennemis tour à tour parmi les opportunistes et les radicaux. Ils sont maltraités, molestés, pillés par les colons qui ne craignent nullement la loi, car ils sont la loi. Cette impunité conduira à la crise anti-juive qui avait embrasé l’Algérie en 1898.

- L’indigène, ou le peuple dominé. Le peuple est vaincu, mais reste insoumis. Au terme d’une résistance armée de 40 ans, il continue de résister pacifiquement Il rejette la naturalisation, l’assimilation. Sa confiance pour retrouver sa liberté n’est jamais ébranlée. Il rejette le droit positif, conserve la charia, son culte, ses zaouïas pour l’enseignement et la solidarité. La parole orale de ses aèdes conserve le flambeau de la liberté allumée.

Le récit nous plonge dans le mode de vie de chaque communauté, son intimité familiale, ses amours, ses haines, ses jalousies, ses péchés, ses ambitions. C’est dans ce contexte que grandit Hamza, fils de famille maraboutique, plus ou moins riche. Cet adolescent idéaliste, qui ne manque de rien, souffre du mal de ses gens. Dans son esprit, germe l’idée de la révolution. Il en fait un rêve qui se précise de jour en jour pour devenir un projet pour lequel il vit.

 

 

 

1-La politique fiscale :

 

La politique fiscale exorbitante et discriminatoire de succion permanente avait fragilisé les populations à un niveau honteusement scandaleux. Nul n’en était épargné : ni particuliers ni groupements en l’occurrence les tribus. A partir de 1871, le colon était désormais le maître du pays. La république, instaurée à la place de la monarchie, lui avait donné tous les moyens d’asservissement de l’indigène et ses propres voies pour avancer dans cette hantise permanente d’accaparement des terres par des lois draconiennes. D’abord, il n’était pas assujetti à l’impôt arabe (achour zekkat lezma) pour les troupeaux et les palmiers et les oliviers) qui représentait le nerf vital du budget des collectivités locales. Ainsi cette population conquise, jamais soumise, qui était de 2750000habitants, payait 22963030 d’impôts dont :

-  5000000 de taxes municipales

-  863000  d’impôts dits français

Ces mêmes populations payèrent de 1871 à 1881 34500000 de francs, impôt dit contribution de guerre qui avait frappé les tribus insurgées lors de la guerre d’El-MOkrani ; il faudrait encore y ajouter 9000000 de francs pour le rachat de terres séquestrées par les indigènes. Ainsi l’organe de presse La Vigie Algérienne lance un sévère avertissement sur cette surpression fiscale le 23 mars 1883 : « Il n’est pas exagéré de dire que si un tel régime de succion permanente était pratiqué dans un pays européen, fût-il le plus riche de tous, il suffirait de quelques années pour réduire ce pays à la plus complète misère ».

Les proportions de prélèvement avaient dépassé tout entendement et là le poète du Malhoun, cet aède qui sillonnait les souks hebdomadaires, en dressait un réquisitoire sévère. Il condamnait sans ménagement l’injustice fiscale devant un public fort ruiné qui cherchait compassion  à ses douleurs, à ses plaies, à sa misère, qui cherchait aussi à garder toujours présent dans son quotidien le spectre de la domination coloniale et emmagasiner les colères pour s’insurger un jour et dire non au bourreau.    

« L’impôt nous frappe sans merci l’an entier

Pressure le pauvre et ruine le riche

Vends et paies la taxe ou attends l’huissier

Vends bijoux ou tamis, trophée ou fétiche

L’enchère menace et la terre tremble

Le fellah préserve tant qu’il peut et combat

Le colon le guette, sa joie à son comble

Tenté par un crédit espère le rachat

L’impôt ravit le blé, abandonne le son

Le fellah crie furieux, sème toujours le blé

Attend revenir dans la nuit le croissant

Trop fier trop digne et toujours révolté »

 

Il fallait payer cet impôt exorbitant d’une manière ou d’une autre. Le régime fiscal ne prévoyait pas d’échéancier de paiement. Des prestations de service et des amendes étaient littéralement honorées en journées de travail consenties dans les chantiers publics ou même  les fermes de colons, si bien que ces journées de travail atteignirent des chiffres astronomiques qui s’avèrent ingérables principalement le service des forets. Il ne fallait pas seulement vendre les ustensiles, mais aussi les bijoux et des terres agricoles. Et là, les usuriers attendaient cette aubaine. Cette pratique avait ressemblé à sa sœur à l’époque païenne de la Mecque  soit prêter contre remboursement à très court terme, généralement six mois pour attendre une récolte et à cinq fois la valeur de l’emprunt. Ils étaient des Juifs, des Kabyles, des Mozabites, quelques Arabes, des colons aussi.

2. Nostalgie existentielle :

 

Face à ces torrents d’injustices, l’indigène n’épargnait pas sa mémoire. Il la nourrissait en permanence en se projetant dans le passé glorieux de sa race, les épopées héroïques de son peuple. Comme il ne venait de nulle part, il renouait avec ses racines et les gloires du passé vieux ou récent. Le poète était là pour tenir cette flamme allumée et lui rappeler toutes ces épopées, ces lumières, ce bien-être, l’odeur sainte de la terre. Ainsi Mozghana, autre appellation d’Alger, demeurait rivée dans sa conscience, par sa gloire passée et sa blessure du temps. Déjà il envisageait le maître de l’heure, le libérateur, le messie.

 

« Mozghana, qui guérira tes blessures ?    (1)

Certes, à celui-là je consacrerai ma vie !

A celui qui fermera les plaies de mon cœur,

Et chassera les Chrétiens loin de tes murs.

Tes défenseurs t’ont trahie,

Sans doute étaient-ils ivres »

conférence Mhamed Ben Rahal à université Tlemcen ahmed bencherif

17 novembre, 2015
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Mohamed Ben Rahal, le révolté Indigène.

                                       Conférence à la bibliothèque Tlemcen

                                         Mardi 10 novembre 2015

 

 

     Introduction

 

La conquête de l’Algérie par la France, comme chacun le sait, ne fut pas, comme elle l’’avait été annoncée,  une incursion guerrière punitive de la dignité française bafouée par le coup d’éventail du dey Houcine, contre le consul français Duval. D’abord, elle avait été minutieusement préparée par le rapport d’investigation du capitaine Boutin à l’empereur Napoléon I, en 1808, à l’issue de son séjour du 24 mai au 17 juillet. Ce fameux rapport avait détaillé le débarquement dans ses moindres détails et ne sera exploité qu’en 1830, pour des impératifs de politique intérieure française, notamment les soubresauts institutionnels de l’état français. Le corps expéditionnaire qui débarqua le 14 juin 1830 à sidi Ferdj avait pour mission l’invasion de l’Algérie, compte tenu de ses effectifs et son arsenal de guerre. En effet, la flotte est composée de 350 navires de la marine marchande et de 100 vaisseaux de guerre, équipés de 1800 canons. Quant aux troupes, elles étaient évaluées à 30.000 soldats voire 37.000 selon diverses sources, en plus de milliers de marins. Ces forces étaient impressionnantes, mais il fallait aux puissances internationales de l’époque d’en finir avec la marine des Janissaires. L’armée turque ne sera pas de taille à repousser les agresseurs et le dey Houcine fera sa reddition le 5 juillet 1830.

 

C’est alors que commença la longue lutte de résistance du peuple algérien, sous le commandement de l’émir Abdelkader et du bey Ahmed de Constantine. Elle ne prendra fin qu’à l’issue de la grande guerre de 1871, sous le double commandement de cheikh Hadad, et de l’ex bachagha Mokrani. Cette dernière guerre dura presque 2 ans, mais les conséquences pour les tribus belligérantes furent désastreuses. En effet, elles devaient payer sur 10 ans une contribution de guerre de 54 millions de francs sur une échéance de 10 ans. C’est dire que les ressources du peuple furent épuisées pour prétendre à poursuivre la guerre de résistance. Elle sera reprise en 1881 par le cheikh Bouamama qui avait tenté de l’étendre au Tell, notamment à Saida et Tiaret. Hélas elle sera circonscrite par la suite dans le Sud Oranais, précisément dans la région d’Ainsefra,  jusqu’à l’année 1904, où le guerrier soufi, vieilli et épuisé, se retira au Maroc et y mourut en 1908.

 

Du moment que les ressources furent épuisées pour poursuivre la guerre de résistance, on devait théoriquement s’attendre à ce qu’elle continuât dans la forme politique. Hélas ce pari était loin d’être tenu par les plus hardis fils du pays. Mais le peuple qui sortait de la longue nuit noire sous la domination turque se voyait s’enfoncer davantage dans l’illettrisme et l’obscurantisme pour deux raisons principales : la fermeture des écoles coraniques et des médersas et le peu de volonté du pouvoir colonial d’ouvrir des écoles françaises ou franco-arabes, ce qui mena inéluctablement au vide culturel du peuple. Vraiment étaient chanceux ceux qui avaient la possibilité de s’instruire en suivant un cycle d’enseignement normal. Parmi ces privilégiés, on y compte Mahamed Ben Rahal.

 

         Biographie de Mahamed Ben Rahal.

 

Il n’est pas aisé de faire la biographie de Mahamed Ben Rahal. Pourtant, c’était une  figure emblématique qui avait fasciné de son temps par son éloquence et son aisance à manier les langues française et arabe, qui avait aussi brillé quand rares furent les lumières indigènes.  Il descendait d’une grande famille illustre de lettrés de génération en génération, qui exerçait une influence en dehors de sa ville Nedroma, longtemps pôle attractif religieux, longtemps aussi capitale des Trara.

 

M’hamed Ben Rahal est né le 16 mai 1858. Une autre source le dit être né en 1856, selon sa propre famille toujours.  Le jeune Ben Rahal est scolarisé à l’école franco-arabe de sa ville natale, ouverte en 1865, puis il poursuivit son enseignement au collège impérial franco-arabe ouvert en 1858 d’Alger, où l’enseignement était bilingue.  A la fermeture de cet établissement, il est transféré au lycée de la même ville, jusqu’en 1874. Il y décrocha son baccalauréat et fit une courte carrière militaire, jusqu’en 1876. Il quitte l’armée avec une épaulette et rentre à Nedromah pour exercer le ministère de vice caïd, de son père si Hamza, puis caïd dès février 1878. Il a vite déchanté par cette carrière de fonctionnaire qui avait une piètre réputation en milieu indigène. Son diplôme ne lui permit pas pour autant de trouver un emploi public, quasiment interdit à l’indigène qu’il était. Il démissionne en 1884.. Pour preuve, il verse à la même période dans le mysticisme. Selon la fiche de renseignements de l’administrateur en 1889, il est affilié à la confrérie Darqaouwa dont il est Moqadem.

Alors commença pour lui une longue quête de soi. Dans sa petite ville, il met à profit ses temps de loisirs dans l’érudition. Le 5 octobre 1888, il publia une étude au bulletin de la société d’archéologie une étude intitulée voyage à travers les Beni Snassen. Il traduisit également l’histoire de Nedroma, une œuvre écrite par son père.  Il publia un roman, La Jument, dont on ne retrouve plus aucune trace. Il choisit par la suite de militer comme conseiller général nommé, mais sans trop de résultats évidents pour ses coreligionnaires, broyés désormais par le Régime Civil d’administration de l’Algérie, en vigueur depuis 1871. Cette mission lui permettait surtout de rester actif, de faire entendre la voix de ses frères indigènes, pas seulement de sa circonscription administrative, mais de toute l’Algérie. Déçu par l’incompréhension du pouvoir colonial, il choisit la voie du mysticisme et s’affilia à la confrérie Darqaoua dont il devint Moqadem

 

Le mysticisme précoce est un tournant dans sa vie et il se retire dès 1900 dans sa ville Natale, déçu de voir ses propositions de réforme du code indigène, repoussées par le pouvoir colonial, déçu encore de voir ses idées innovantes pour intégrer les siens dans le modernisme, concilié avec la tradition musulmane. Cependant, il ne vit pas du tout l’ermitage et subvient à sa subsistance de son labeur agricole. Il déborde d’une activité intellectuelle intense, reçoit dans sa demeure familiale des voyageurs, des savants qui viennent de France lui rendre visite, des hommes politiques français qui sollicitent son avis. Sa renommée dépasse désormais les limites géographiques de sa ville pour aller inquiéter, voire intéresser le Parlement grâce à ses alliances intellectuelles de France, notamment parmi les orientalistes. Son discours revient toujours sur l’Africanité, terre d’Afrique, un précurseur d’Aimé Césaire, non théoricien, mais qui s’en réclamait par cordon ombilical. Déjà très jeune, M’hamed Ben Rahal conquiert le statut d’homme politique algérien à l’autorité morale, écoutée plus ou moins et respecté par le gouvernement de Paris, respecté aussi par les colons, malgré eux. Car ceux-ci le craignaient, ou du moins craignaient son action vigoureuse pour des revendications politiques et économiques, quand tous les indigènes restaient emmitouflés dans leur burnous, visage bien caché par le capuchon.

 

 

        

réflexion crise à Ghardaia ahmed bencherif

11 juillet, 2015
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réflexion sur le conflit Mozabites, Chaanba.

mozales Ibadites sont-ils victimes des Chaanba, du pouvoir, ou de leur propre mode de vie? sur le plan social, ils vivent dans une communauté étanche, comme une secte secrète, appliquant les instructions de leur comité des sages, placé sous l’autorité de l’imam. ils vivent depuis toujours dans le sentiment d’insécurité; c’est pourquoi, ils payaient une dime de protection aux différents gouvernants qui s’étaient succédé depuis le 12 ème siècle.ils payaient cet impôt aux Turcs, aux nomades, et par la suite à la France; ils en été exempts à l’avènement de l’état algérien. leur communautarisme est rigide et n’admet pas le regard ou l’immixtion d’étrangers, à la limite on dirait xénophobes. la communauté veut etre un état dans l’état, ce qui est inimaginable avec les lois de la république. on écoute les autorités , on obéit au comité des sages. c’est qu’ils ont su à travers les âges asseoir leur autorité sur l’individu, justement par l’entraide sociale perfectionnée qui fait que l’on ne trouve point de miséreux, car l’individu st aidé à se mettre sur pied. le premier secteur de dissensions entre Mozabites et Chaanba est le foncier. les Chaanba sont des éleveurs caravaniers donc ils disposent d’une grande manne d’argent. ainsi ils ont pu acheter toutes les poches qui étaient réputées réservées aux Mozabites , car se trouvant à Ghardaia ou d’autres villages. mais avec le progrès, ces étrangers introduisent un mode de vie moderne notamment pour les jeunes qui n’acceptent plus de rester dans le giron communautaire. le jeune c’est les voyages, le net, bluejean, c’est la drague. cette communauté, plus théocratique que démocratique, et ne donne point de libertés à la femme mozabite, dont celles reconnues par la république. donc le pouvoir économique appartient désormais aux Chaanba, facilité par les enjeux et opportunités pétrolières de la région. donc le Mozabite perdu ce pouvoir économique. car lui-même qui prétend être commerçant ne l’est pas pour autant pour son patrimoine agricole à Ghardaia O% 270.000 palmiers appartiennent à la communauté et des jardins dont la production est absolument vivrière. si le commerçant mozabite fait des bénéfices au nord du pays, à l’est, à l’ouest, il se ruine à entretenir sa propriété agricole à Ghardaia. je crois bien qu’ils sont victimes de leur obstination au progrès, de leur égocentrisme qui croit à la concurrence déloyale quand elle est au bénéfice de son concurrent, loyale quand elle est à son avantage. Ahmed Bencherif

inauguration officielle ambassade suisse à Alger; ahmed bencherif

3 avril, 2015
presse | Pas de réponses »

Inauguration ambassade suisse

A Alger le 28 mars 2015 à 18h30

 

Son excellence l’ambassadeur suisse, Muriel Berset Kohen, m’avait promu dans la liste des invités officiels de la chancellerie depuis la rencontre qu’elle avait organisée le 9 et le 10 décembre à Alger sur la regrettée  Isabelle Eberhardt au palais de la culture d’Alger, rencontre qui nous avait permis de découvrir notre intérêt commun pour la disparue qui continue d’envouter un large public et susciter d’innombrables études, biographies, documentaires ou films cinématographique, tableaux de peinture.  A cette première rencontre symbolique, j’eus l’insigne honneur de l’informer de mon colloque international Isabelle Eberhardt et son excellence ne manqua pas de prodiguer ses encouragements.

Son excellence me convia alors à assister à l’inauguration officielle du nouveau siège de l’ambassade suisse le 28 mars 2015 à 18, 30 heures à Alger, par son éminence le président du conseil des états de la confédération suisse, Claude Hèche, avec qui j’eus un entretien circonstancié, vu la grande réception qui avait été donnée par son excellence l’ambassadrice et à laquelle avaient pris part plus de 300 invités.

Ce fut également une occasion pour moi de dédicacer mon œuvre majeure, Marguerite tome 1 et tome 2, à monsieur Claude Hèche, qui avait fort apprécié ce geste symbolique. Evidemment, le colloque Isabelle Eberhardt était au centre de la brève causerie.

Merci chère ambassadrice, Muriel Berset Kohen, du privilège et du mérite que vous me décernez.

les Wali (préfets) blocage insttutionnel structurel de l’état algérien; ahmed bencherif

8 janvier, 2015
culture | Pas de réponses »

Faire du Wali le représentant exclusif de l’état algérien est une question de droit public qui ne suscite à priori aucune entorse à ce droit positif dans presque tous les régimes institutionnels du monde entier. et donc, il n’appelle ni débat ni polémique, car il est question de représentativité de l’état à l’échelon local. Ses missions sont en général d’ordre public car il veille à la sécurité publique ou de manière générale à l’ordre public à charge pour lui d’en informer le procureur pour une poursuite d’une action judiciaire; de plus il veille aux intérêts de l’état sur d’éventuelles appropriations illégales dans le domaine privé de l’état. donc jusqu’ici, ce rôle est non seulement évident dans la société, mais souhaité, voire nécessaire.  Car il assure la pérennité de l’état et prolongement même à ses services déconcentrés.

Ce rôle s’était considérablement élargi dans un but de domination des pouvoirs publics sur la société, dès le lendemain de l’indépendance. En effet, le législateur avait fait du Wali le représentant du gouvernement et de chacun des ministres. ce même législateur au nom de la centralisation extrême aberrante était l’émanation de la volonté de ceux qui avaient pris le pouvoir sans suffrages populaires, c’est à dire en l’absence de parlement librement élu par le peuple. si sa mission était d’exécuter le programme du gouvernement et de chacun des ministres, sa soif du pouvoir en a fait une autorité locale quasiment autonome et qui ne rendait que rarement voire jamais de ses actes à ses supérieurs, membres du gouvernement. Il se dit représentant du président de la république et à ce tire il exerce, selon son appréciation toute personnelle, une autorité propre ou déléguée jamais déléguée par les textes législatifs ou règlementaires , ni même par assentiment tacite. Cela viendrait du fait que sa nomination est en général un acte de souveraineté du président de la république où n’interfère quasiment ni le ministre de l’intérieur, ni le chef de gouvernement, transformé par les textes de loi en premier ministre.

Cela nos amène à faire une approche sur les conditions de sa nomination. d’abord, il n’existe aucun critère de nomination ni réglementaire, ni législatif. c’est disons le noir obscur qui prélude à sa nomination. l’état algérien a laissé toute latitude pour exercer cette attribution de nomination au président de la république ou à ceux qui sont en droit de partager sans légitimité cette attribution. Ce sont en général des généraux influents en exercice ou en retraite soit des officiers généraux issus de l’armée de libération nationale, au nom d’un clientélisme ou au nom d’équilibriste régional,  j’entends trapéziste, qui en fait régionaliste, c’est un système honteux de quota qui sacrifie les intérêts supérieurs de l’état. le Wali donc voue sa fidélité à ces personnages qui ont contribué à sa nomination et sont devenus également une puissance financière et forment une cercle fermé une véritable oligarchie qui fait et défaits les carrières et les fortunes.Evidemment le Wali, qui est à sa solde, profite de ces bienfaits de la conjoncture qui dure et puissamment dans les rouages de l’état.

Mais que fait alors le Wali dans son cabinet en terme d’action administrative. Il ne fait rien de positif, il n’appelle pas son intelligence à l’oeuvre, s’il l’a vraiment. il ne pense pas, ne réfléchit pas; il est asservi à la routine et se ballade dans sa majeure partie de son temps de travail dans les visites de chantiers ou pose devant les caméras de la télévision publique. Il est le chef dans sa wilaya ( département) un peu comme un adjudant de caserne; tout passe par lui. pour lui un ministre qu’il représente n’est pas représentatif das sa wilaya, celui-ci n’exerce en pratique point son autorité et quand un bras de fer est engagé entre eux, alors le Wali agit à sa façon, c’est à dire  d’humeur personnelle  et désavoue le véritable représentant du ministre au niveau du département; et s’il n’arrive pas à le mettre en cessation de fonction, il lui retire la délégation de signature qu’il avait attribuée à ce même directeur. puis il le met carrément en quarantaine, sans aucun droit de regard sur les affaires de sa direction.

donc pour solutionner cette crise institutionnelle, il est urgent d’annuler cette attribution de représentativité du gouvernement et de chacun des ministres qui échoit au Wali; Ainsi nous serions effectivement dans la première étape de construction de l’état de droit et de plus lui retirer tout contrôle sur la le déroulement des opérations électorales communales, départementales, législatives, présidentielles. car tous ces élus sont présentement dans la périphérie du pouvoir et ne servent point les intérêts du peuple d’une part et d’autre part laissent toute latitude  au pouvoir de mener la politique qu’il veut, qui est souvent à la merci de puissances étrangères qui bénissent son action et lui assurent une protection de fait aux lieux et places de légitimité populaire par la voie des urnes.

il est grand temps que ça change

quand la politique se mêle de culture ahmed bencherif

27 décembre, 2014
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si la culture constitue la locomotive du développement harmonieux de toute société de par le monde, depuis l’existence de l’homme sur terre et pour preuve, l’homme préhistorique nous a légué ses trophées gravés sur des pierres, depuis au moins 10.000 ans avant notre ère et cela est vrai aussi dans mon petit pays natal, Ain-Sefra, gisement à ciel ouvert des gravures rupestres et des tumulus. ils avaient témoigné de leur vie ici-bas sans qu’ils aient eu à exercer un pouvoir politique; il n’existait parmi eux ni rois, ni grands de tribus, donc ils n’avaient pas conçu un pouvoir pour véhiculer leur culture, leurs moeurs.

si la culture enrichit le patrimoine, ennoblit l’âme, modère les mœurs, priorise la vie en commun, conçoit et exécute de grands projets ou économiques, culturels,  et véhicule en permanence la démocratisation participative du citoyen, la politique fout le bazar partout où elle passe. elle occasionne l’anarchie destructive comme c’est le cas en Irak et en Syrie, elle impose l’immobilisme, comme c’est le cas de l’Algérie, le retour à l’état monarque ou pharaonique, comme c’est le cas en Egypte.

quand on parle d’un fait international ou l’on conçoit un, normalement toute la matière grise se trouve enchantée, milite, participe pour le mettre en exergue, sauf en Algérie où ministre et préfet se renvoient la balle quand il s’agit de mettre en oeuvre un colloque international par exemple. si le ministre demeure quelque part à plaider du fait que l’exécution de sa politique ne lui échoit pas en totalité. il se heurte même au préfet qui considère qu’il est le seul maitre à bord dans son département. la pratique nous a montré que le préfet ne rend même pas compte à sa tutelle qui est le ministre de l’intérieur. donc le gouvernement en entier se retrouve sans moyens propres pour mettre en exécution  sa politique. le seul acte où le préfet écoute exécute les ordres de ses supérieurs c’est une élection où départementale, législative, présidentielle.

donc si le préfet vous lâche, c’est toute la vie qui vous lâche, il est le petit dieu, le pharaon; gare à vous si vous vous mettez en travers de sa politique, de son humeur, de ses propres contradictions, de son indigence culturelle, de son égocentrisme. c’est le roi moyenâgeux qui aime et seulement se faire courtiser quitte à incendier la baraque, quitte à torpiller un colloque international.

c’est vous dire que mon colloque international sur Isabelle Eberhardt à Ainsefra, le premier du genre à l’échelle international n’échappe pas à cette malédiction algérienne qui impose aux intellectuels algériens la médiocrité, la terreur de bien dire de bien oeuvrer pour le bien de la nation. je découvre que ceux qui disaient aimer Isabelle Eberhardt la haïssent à l’os, répandent de fausses rumeurs, tiennent des entrevues avec des officiels pour torpiller, annuler le colloque d’où un bras de fer m’a opposé aux officiels ; mais le triomphe ne vit pas le jour ou j’annule ou j’exécute seul mon projet si les crédits promis sont mis en place. que dire encore quand la culture se trouve prisonnière tributaire d’un tribalisme de dernier age. c’est encore plus grave quand certains messieurs de la cour en font leur politique, leur mode de vie, leur gouvernance de l’acte administratif.

Colloque international sur la littérature francophone maghrébine A l’université Hadj Lakhdar de Batna du 10 au 11 novembre 2014 Thème : La condition humaine symbolique et signification dans le portrait de Djillali Boukadir dans le roman Marguerite de Ahmed Bencherif

22 novembre, 2014
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               Colloque international sur la littérature francophone maghrébine

                A l’université Hadj Lakhdar de Batna du 10 au 11 novembre 2014

 

                  Thème :   

 

          La condition humaine symbolique et signification dans le portrait de Djillali Boukadir dans le roman Marguerite de Ahmed Bencherif

 

 

 

La littérature, c’est projeter sa vie vers l’autre, la vie des autres vers l’autre ; elle est essentiellement humaine, dans ce sens qu’elle exprime nos forces et nos faiblesses, nos pulsions et nos désirs ; c’est présenter notre personnalité comme reflétée par un miroir parfait en surface et une sonde introspective dans notre moi profond. C’est notre cœur, notre âme qui parle tour à tour. C’est dire une fusion ou même une confusion de passions et de spiritualité, autrement dit une sagesse donc une forme de la raison. Elle a recours au langage pour s’exprimer, exprimer, éblouir, transporter dans l’imaginaire. Ecrire c’est parler de soi ou des autres, utiliser un style, employer des règles, des principes, une grammaire, une orthographe, un plan. Donc c’est quelque chose de normative qui s’impose. Ecrire, c’est laisser un relief de sa propre culture. Cette écriture est confrontation en double communication avec soi-même et autrui.

La littérature est souvent de culture plurielle, en un seul style d’écriture. C’est le cas de la littérature maghrébine d’expression française. Dans la littérature maghrébine, le pluriel s’impose, c’est le nous, c’est toute la société qui est visible dans la trame romanesque, d’où s’explique la multitude des personnages et une pluralité des héros. Ce n’est pas la ville urbanisée, modernisée, cultivée et partant espace  de l’individu agissant. L’individu est donc histoire en propre qui se distingue de la société, une forme d’égoïsme. Mais c’est le village, le douar, la ruralité qui manque cruellement de tout : ni école, ni viabilisation. C’est le groupe social, la tribu, la fraction mais jamais l’individu agissant. Nous relevons  ce caractère dans les moissons en la forme du volontariat bénévole, cette Touisa ; on va encore payer le taleb l’imam sur fonds privés par cotisation. Donc il existe toute une échelle de valeurs où l’individu a été formé et donc pour le cas c’est l’écrivain.

Cette littérature procède à la fusion du Maghreb et de la langue française qui sont deux univers différents.   C’est le lieu des métissages des cultures, le lieu des ouvertures et des accès offerts par la langue française, le lieu de coexistence de deux cultures qui dialoguent, s’entrechoquent,

D’un point de vue historique, il existe une littérature maghrébine depuis 1945.on distingue aussi une disjonction de trois ensembles de textes avec perméabilité. C’est avec les relations politiques et diplomatiques avec la France que l’on peut distinguer ces trois types de mouvements littéraires :

-  les littératures nationales produites en rabe classique, berbère ou dialectal échappent  à l’influence française.

- les textes qui s’inscrivent dans une logique coloniale écrits par des Français pour un public français.

- les textes se réclamant d’une identité maghrébine produits par des Maghrébins d’abord engagés au moment des luttes pour les indépendances qui vise un public français dont il fallait attirer la sympathie ; aujourd’hui cette littérature est devenue classique et figure parmi les programmes scolaires. Elle a survécu à l’arabisation dans les trois états. De nos jours elle s’adresse à un public maghrébin plutôt que français , installant un nouveau dialogue entre les deux rives.

Les auteurs se servent de la langue française parce que l’histoire de leur pays l’a voulu. Le français est la deuxième langue elle est enseignée à l’école et au lycée , elle a ses programmes radio télévisés, employée dans les administrations du Maghreb dans les trois pays sauf qu’en         Algérie elle n’est pas consacrée langue officielle mais elle possède quasiment la même place. La langue française ouvre une large audience sur le monde que la langue arabe.

Le débat critique est souvent biaisé et obéit à une forme de passion, loin de la sérénité avec l’ex colonisateur : les conflits refoulés, tour à tour l’attirance et la répulsion, les désirs camouflés sont en jeu dans le rapport avec lui. De plus, l’affirmation de soi est sans cesse convoquée, comme si elle était constamment contestée par l’ex colonisateur, qui l’est en fait- dans son subconscient.

La colonisation avait produit un phénomène d’acculturation. Cela avait posé une question essentielle ou disons existentielle : fallait-il écrire avec la langue du colonisateur sans être aliéné. Cette question ne cessa de hanter nos écrivains. le système colonial diffusait sa langue, sa culture par la presse, l’administration, la justice en dressant de solides barrières pour la langue arabe et berbère, par la fermeture des écoles, des séminaires, des universités traditionnelles. Il visait tout simplement l’assimilation des populations maghrébines pour les intégrer dans un ensemble de francophonie encore en formation. Sa tâche n’était pas aisée cependant, car les langues locales étaient solidement enracinées dans les trois sociétés qui avaient produit quand même produit un modèle de civilisation arabo-musulmane.

Alors c’est avec la langue du colonisateur que nos écrivains s’étaient exprimés. Ils ont composé des textes de dimension littéraire et identitaire complexe.

L’essai est le premier genre adopté. C’est une prise de parole, une manifestation de soi, par laquelle il revendiquait une place dans l’espace colonial. L’écrivain y recourait pour apporter sa contribution dans un débat ou politique ou culturel. C’est un sous genre, une littérature orientaliste, exotique qui met en lumière des peuples étranges au public occidental. C’est l’ouvrage  autobiographique de Mohamed ben si Ahmed Benchérif, produit en 1921 dont il raconte les campagnes militaires au Maroc et en Allemagne et qui ne manque pas d’exotisme. Ce qui le différencie de son modèle européen, c’est un discours idéologique qui, tout en reconduisant le dualisme éthique et sociologique du discours colonial dominant. Il suggère aussi, comme en une discrète mise en garde ou un obscur fantasme de revanche, que la puissance politique et militaire a maintes fois changé de camp au cours de l’histoire des civilisations. En fait cette timide contestation n’est pas évidente à première lecture et ce roman semble plutôt faire allégeance au pouvoir colonial qui lui consent un espace – si limité soit-il – dans ses institutions éditoriales. « Echantillons » de la réussite de la mission civilisatrice de la France, ces auteurs semblent n’avoir acquis leur statut d’écrivains et d’intellectuels qu’au prix d’une « trahison » et peuvent être exhibés comme justification de la politique d’assimilation.

Les formes narratives prennent le relais. Le roman, la nouvelle se nourrissent du conte, de genres traditionnels. C’est souvent une autobiographie avec un souci de l’identité ou de l’assimilation. Le quotidien diffère de celui colporté par le colonisateur. Les pionniers sont Mohamed Dib, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Driss Chraïbi. C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale et, plus précisément dans les années 50 que s’élabore, « dans la gueule du loup », pour reprendre encore une fois une expression de Kateb, un langage littéraire original qui va progressivement se dégager de la sphère matricielle, s’individualiser et s’autonomiser. Contrecarrant la visée hégémonique de la littérature française des colonies, des auteurs de talent innovent. Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, Kateb Yacine.C’est la littérature de combat pour les indépendances. Mais une fois les indépendances conquises, trouve-t-elle une justification quant à sa continuité ou bien elle doit se transformer ou pour mieux dire elle doit trouver un autre répertoire d’expression.

Une fois l’indépendance conquise, le problème de rapatriement des archives coloniales s’était posé avec acuité aux états maghrébins, ce qui avait engendré une politique constante irréversible du moins pour l’état algérien pour qui ces archives avaient une importance, tant elles formaient une mémoire collective pendant 130 ans de colonisation et qui évidemment touchaient les biens et les hommes, aussi bien dans la politique d’injustices et de clientélisme des autorités coloniales. Cette revendication connut des incompréhensions, des compromis, des concessions de part et d’autre pour ce rapatriement qui concernait aussi la sécurité de certaines catégories de personnes impliquées dans la guerre de libération. Donc, il s’agissait bien d’histoire, de mémoire collective à récupérer par un discours politique. Quant à la littérature, elle priorisait les thèmes d’actualité de l’état, soit pour véhiculer la légitimité r(évolutionnaire, soit vulgariser le choix du régime socialiste ou même collectiviste de grands projets de la révolution permanente, tels que la Révolution agraire ou la gestion des entreprises socialistes. C’est ainsi  que la lutte, les tragédies, la propagation de l’ignorance (fermeture des écoles coraniques, des médersas par les autorités coloniales et des séminaires et interdiction de l’accès à l’école publique aux indigènes),la famine et les souffrances des générations éteintes tombèrent dans la mémoire de l’oubli.

C’est dans cette optique, que j’ai dû  choisir le genre  du roman historique pour mon tout premier texte littéraire. L’œuvre historique monumentale de Charles Robert-Ageron ( Les musulmans algériens et la France 1871-1919 )  m’avait conduit à me poser des questionnements sur le drame colonial, les formes de résistance pacifiques ou sous-terraines comme les avaient qualifiées mon critique Christian Pheline, reprises par son préfacier Benjamin Stora ( l’aube d’une révolution Margueritte Algérie 26 avril 1901 ) Donc Ageron avait développé tous les segments de la vie socio-politique de l’Algérie coloniale pendant cette période 1871-1919, mais également l’insurrection de Margueritte ou des Righa du 26 avril 1901 dont il avait développé les causes et les conséquences. Donc j’ai élaboré Marguerite en 2 tomes, le premier ayant trait au drame colonial, le second à l’insurrection elle-même, aidé dans mon label par une chronique du temps du défunt Laadi Flici (Qui se souvient de Margueritte ? ), ouvrage peu volumineux mais qui retranscrit les auditions au procès de la cour d’assises de Montpellier, desquelles j’ai pu reconstituer l’insurrection en cause, procès qui suscita les passions de l’opinion publique et la presse métropolitaines en faveur des insurgés, qui découvrirent pour la première fois le drame colonial de l’Algérie.

Je dois souligner que l’ouvrage essai historique de Christian Pheline, qui me cite dans six pages à mon œuvre, apporte des éléments qui se rattachent principalement à la détention, à l’étude psychologique des personnages, à la profession de foi à l’islam par contrainte pour les Européens pris en otage pendant le siège du village de Margueritte et bien entendu porte un regard d’ensemble subjective. Cela m’a amené également à produire un essai critique sur son ouvrage, actuellement sous presse.

Du moment qu’il s’agit d’histoire, il s’agit de l’homme ou de la condition humaine. Donc je vais aborder le second volet de mon étude.

        La condition de l’homme dépend de son existence. C’est la vie en société  c’est une notion d’origine existentialiste. C’est ce qui fait de un moi un homme ; il appartient à chacun d’inventer la meilleure manière d’être un homme pour lui-même et face à toute l’humanité, ce qui signifie qu’il est libre, mais aussi responsable de choisir sa manière d’être et d’agir. Si les hommes ne partagent pas une nature, ils partagent en revanche une condition, parce qu’ils sont tous confrontés dans la nécessité de confronter leur liberté à des limites et en général à une situation, notamment leur mortalité, le travail, la vie en société et au final leur présence dans ce monde. La condition humaine peut être définie par les valeurs humaines, ce qui fait l’universalité de l’homme, par exemple ses vices.

C’est dire que je suis acteur agissant dans la société, en m’y conformant à ses règles et ses valeurs. C’est un choix qu’il adopte pour vivre en société par delà même qu’il renvoie l’image physique d’un homme dès sa première manifestation, en ce sens qu’il se distingue de l’animal ou de toute autre chose. C’est-à-dire l’homme de la condition humaine est libre. Cette signification nous interpelle à savoir si tous les hommes sont libres. La réponse est nuancée, car au cours de l’histoire humaine, il s’est trouvé des hommes qui venaient esclaves au monde, dans l’antiquité et le moyen âge, puis pendant les siècles de colonisation occidentale. Alors est-ce qu’un colonisé appartient à la condition humaine ou bien tout simplement à la nature humaine, c’est-à-dire dans le sens l’espèce qui le distingue des autres espèces.

La nature humaine se distinguerait de la condition humaine, en ce sens qu’elle est un ensemble de caractères invariables qui borneraient nos choix et qui sont : être au monde, nécessité de travailler, être au milieu d’autres, être mortel. Par condition, nous entendons les situations historiques : naitre esclave ou seigneur dans un monde féodal par exemple. Justement dans le portrait de  Djilalli Boukadir, choisi parmi d’autres, qui théorise dans Marguerite tome 1, cette condition parait clairement, définie par une situation historique qui s’était imposée par les armes et le carcan. Cet homme se retrouve au tribunal, par un cruel destin, pour avoir maraudé dans un champ de colon, poussé hors de son territoire par la famine qui y provoque l’hécatombe, le ravage de fond en comble, y fauche des vies dont les dépouilles jonchent les sentiers. D’ où, cette région porta le triste surnom de la vallée de la mort. Aussi surprenant que cela pût être, un dialogue s’établit entre le prévenu et juge colonial appelé à maintenir l’ordre colonial. Mais le dialogue est indirect. Car le juge je cite : « Il (le juge) ne parle pas l’Arabe, l’indigène ne parle pas le Français. C’est là justement que réside toute la complexité du rapport dominant-dominé : les légions d’incompréhensions s’inscrivent dans la durée, sans optique de les solutionner. Le Dominant ferme les écoles indigènes, limitent l’accès aux écoles françaises. Le Dominé a peur d’apprendre le Français, sous risque de perdre ses valeurs ancestrales, son authenticité, sa religion. Il reste retranché dans son enseignement arabe primaire, sa religion léguée d’école malékite qui le préservait des dérives, principalement l’intolérance ou encore l’excommunication d’individus. Il aura fallu attendre 1891 pour voir lancer une politique scolaire indigène sous l’impulsion du gouverneur général Jules Cambon, malgré les résistances du parti colonial qui y voyait un danger d’assimilation des indigènes, assimilation d’ailleurs rejetée en bloc par ceux-ci.

Le procès se situe au tribunal en salle d’audience sombre et lugubre, là où l’on rend théoriquement la justice qui a été toujours l’idéal de l’homme sociable. C’est un triple procès : procès du droit, procès moral et procès de conscience. L’objet commun du procès est un vol, mais bien particulier, car il sort de sa classification délictuelle pour s’éloigner considérablement du droit commun, conçu pour juger des gens normaux. Or le prévenu apparait sous son vrai angle de victime du drame colonial, tandis que le juge se sent coupable de la chute aux enfers de cet homme qu’il s’apprêtait à juger.

Il n’y a pas de préambule pour justifier le vol, dénoncer ou démystifier ce tribunal . La scène se passe comme dans un contexte naturel de jugement des fautes des hommes. Tout comme, il n’y a pas de description, pourtant chère à l’auteur tout au long de son œuvre et à laquelle il accorde une place privilégiée, tel Honoré de Balzac. Rien n’est décrit, ni le mobilier, ni le public, ni le juge d’ailleurs. Le public est seulement une masse humaine compacte, immobile, silencieuse, dans l’expectative. Seul le personnage central est identifiable : Hamza, encore adolescent, autour duquel est tissée la trame romanesque. Son antagoniste est aussi là : Gaston, le colon exploiteur et  éradicateur qui incarne le mal colonial. Le public et le magistrat attendaient l’entrée d’un bandit de grand chemin, vigoureux et hardi, amoureux du risque et du danger, un évadé des prisons de la Guyanne, qui traversa des mers et des monts, des brousses et des savanes africaines pour rentrer chez lui et se remettre au vol de produits agricoles, appartenant aux colons et au moyen desquels il va secourir ses semblables indigènes qui vivent dans la misère, dans le dénuement total.

Mais la surprise est scandaleuse, l’émotion si forte qu’elle est angoissante. Le public est sidéré, consterné. Il retient son souffle, ses pleurs, le juge même est totalement atterré. La vision est cauchemardesque ; le public voit une forme humaine qui ne ressemble à aucune autre forme humaine. Le public et le personnage central découvrent le vrai visage du colonialisme : un visage, hideux, sinistre, maléfique, imbu d’orgueil et de puissance.

« Il parut au chambranle de la porte de service, soutenu par deux gardes : le temps se figea, la terre cessa de tourner, les regards restaient suspendus à  la forte vision, la mouche ne volait plus. L’homme traînait le pas, aussi léger qu’une feuille morte, ses jambes amorphes ne le portaient  pas, son dos recourbé se déformait, ses bras retombaient mollement, le sang n’irriguait pas son visage, sa vue confondait les êtres et les choses, ses yeux embués de détresse clignaient, ses paupières se rabattaient lourdement par intermittence. Etait-il de la condition humaine ? Son état physique ne l’indiquait pas. C’était un corps décharné, aussi honteux que cela fût, une charpente osseuse cramoisie, un squelette vivant qui craquait à chaque mouvement et créait de l’épouvante ». (Page 215 Marguerite T/1 Publibook Paris 2008) Djillali Boukadir était un homme ravagé par l’homme, son semblable qui lui refusait l’accès dans son monde.

L’évènement est vécu par le lecteur sous forme de dialogue donc la scène se passe au présent, trop visible, trop vraie. Claude, le juge, est mal à l’aise. Il craint l’administrateur et doit sanctionner sans pitié et en même temps il est tiraillé par sa conscience, son intime conviction, aussi. Il connait les limites à sa liberté, donc il est par excellence dans la condition humaine. Dans son mental, un exercice périlleux d’examen de conscience le torture. Djillali Boukadir est serein. De ce fait il se place au-dessus du juge. Il ne répond pas sèchement aux questions. Il parle, il n’a pas peur. C’est un homme résolu à dire tout ce qu’il a dans l’âme et dans le cœur.  Le juge condamne le défaut de permis de circuler, donc, une forme de prison hors de l’enceinte de la prison, une atteinte grave à la liberté qui pourrait provoquer des séditions dangereuses à la sécurité publique, au maintien de l’ordre colonial. Cette condamnation passe en premier avant le délit du vol qui est matérialisé.

-        Le juge : « Le défaut de permis de circuler est un délit grave, passible de prison ».

Djillali Boukadir : « La prison prive de liberté ceux qui sont libres. Quant à moi, je ne suis pas libre et chaque jour je fais un pas vers l’échafaud, car en sortant des entrailles de ma mère, j’étais déjà mort.

Voilà bien la réponse à cette question interpellatrice de la condition humaine. Il s’agit de liberté : liberté de penser, d’agir, de croire, de choisir. Mais toutes ces valeurs sont à partager avec mon semblable, donc on est dans le phénomène social par excellence. Jean-Paul Sartre nous dit qu’on est libre avant d’être l’humain pour enfin atteindre cette condition humaine. Mais voyons comment l’islam authentique considérait cette notion, quand il était en pleine expansion prometteuse de philosophie, de sciences, si bien que j’arrive à penser que l’homme donne lui-même un sens à toute religion. Le deuxième Khalife Omar dit :

«  Depuis quand avez-vous réduit les gens à l’esclavage, alors que leurs mères les as mis libres au monde »

Donc la liberté est le contraire de cet esclavage. La prison nous limite en tous points de vue : dans l’espace et dans le temps, dans nos choix des plus simples aux plus complexes.

Le narrateur rajoute en réponse à cette interpellation d’appartenance à la condition humaine de Djillali Boukadir :

«  son état physique ne l’indiquait pas. C’était un corps décharné, une charpente osseuse cramoisie, un squelette vivant qui craquait à chaque mouvement »

De nos jours, quand on voit ces images d’enfants, de femmes, d’hommes africains, ravagés physiquement par la famine, on ne peut que rajouter ce besoin d’entretien physique, cette lutte humaine contre la soif et la faim.

Le dialogue se poursuit à la désapprobation du juge qui est obligé d’écouter les sentiments, les impressions, dans la sérénité intentionnelle pour faire le procès du colonialisme. Djillali Boukadir ne dénonce pas, mais il raconte sa vie, principalement sa quête du pain, indique le milieu dans lequel il vit, en montre les vertus et les valeurs, face à cette barbarie qui lui était prêtée pour l’agresser et le dominer.

- Le juge : « d’où viens-tu ? »

- Djillali Boukadir «  Je viens de la vallée de la mort. »

- le juge : « Où se trouve la vallée de la mort ? »

-  Djillali Boukadir : « C’est la vallée du Chélif, transformée en un immense désert par une sécheresse depuis cinq ans. Les nuages ne roulent plus dans le ciel, la terre s’est gercée, les oueds ont tari, le blé ne pousse plus, les plantes vivaces sont déracinées et emportées par les vents, le lièvre et le rat des champs ont disparu. Les gens se nourrissent de détritus et d’herbes sauvages, meurent affamés par milliers, c’est l’hécatombe, les cadavres gisent dans les vallons et les collines et font le gala de l’hyène et du chacal, les hommes annihilés n’ont plus la force de creuser des tombes, les râles d’épouvante assiègent le sommeil nocturne.

Des vérités crues qui sortaient de la bouche d’un homme innocent, poussé par la famine à manger un bien qui n’était pas le sien. Elles mettaient à nu ces phrases redondantes qui glorifiaient et magnifiaient ce mal dont souffrait Djillali et son peuple, mal incarné par un colonialisme impitoyablement destructeur qui stoppait toute évolution de la société indigène vers le bien-être, vers l’éviction de l’obscurantisme et de l’ignorance pour garder quasiment ces populations dans un état quasiment primaire, presque à l’état animal pour se consacrer seulement à la quête de la nourriture d’entretien, une sorte d’instinct de conservation.

-  Le juge : « Tu as volé des pommes de terre et des carottes dans la ferme de Mates. »

- Djillali : « -  J’étais affamé et dans la vallée de la mort, nous ne mangions que des herbes, ma femme, mes trois petits enfants et moi-même, pendant plus de quatre mois. Mes gosses me faisaient terriblement souffrir ; ils bêlaient et marchaient à quatre pattes comme de petits agneaux. Faisaient-ils cela pour jouer ou avaient-ils mu en mammifères ? Ils moururent, mes pauvres petits, et j’ai déployé un effort surhumain pour les enterrer. »

Cet homme frappé par la famine souffrait doublement le martyre : le sien et celui de ses enfants. L’amour filial était plus fort que le propre instinct de conservation qui se développe naturellement dans toutes les conditions chaotiques où les valeurs se perdent et chacun ne cherche que sa propre survie. L’évocation de ses enfants le sort carrément de son état d’éveil. Il est victime de graves hallucinations, quand il parle de leur mue en mammifères. Il déplore plaintivement leur mort et se ressaisit pour déclarer qu’il avait déployé en bon humain un extrême effort pour les enterrer.

-         Le Juge : « Pourquoi as-tu volé ? »

-        Djillali : « Ai-je volé ? Non. Mon ventre sentit la nourriture dans le champ, vit les pommes de terre et les carottes ; la faim m’a ordonné d’en manger et d’emporter un sac de provisions pour ma femme, restée dans une petite grotte. Elle était belle, ma femme, enviée par les belles. La misère l’avait défigurée et déformée, la sénilité précoce la frappa. Ah ! Ma femme ! Une nouvelle épouse n’atteindra jamais ta grâce fanée dans laquelle je vis toujours ».

Sa femme était belle. Elle incarnait, dans son subconscient, sa patrie avant son viol par son agresseur. Oui, il la pleurait. C’était bien son Algérie meurtrie, défigurée qui avait perdu sa beauté, ses grâces et jamais une autre patrie ne la remplacera.

Le juge : « Le maraudage est immoral et requiert jusqu’à huit années de prison ou plus ».

Djillali n’est pas pour autant perturbé, ni intimidé par cette condamnation morale lancée par le juge qui, il faut l’avouer, vit pendant ce procès une crise de conscience. Il était tantôt juge de siège, donc légaliste, tantôt avocat général donc requérant la peine maximale. C’était un bon français qui avait fait ses études de droit en France et il ne croyait pas tellement à une colonisation bienfaitrice, car toute colonisation dépouille ses victimes de leurs biens et leurs valeurs, comme elle leur bloque la voie du progrès.

(extrait  Marguerite tome 1 page 210 et suivant.

« Sans le vouloir, Claude se comporta en qualité de procureur et requit la sentence, édictée par son subconscient. Il se rendit compte qu’il n’avait pas agi en conformité avec sa conscience et se tint rigueur. Ce fut l’un des problèmes auxquels il se confrontait dans sa magistrature de siège. C’était un bon juge, assurément légaliste, épris d’humanisme. Cet innocent réquisitoire donna une indicible jouissance aux colons et une profonde émotion aux indigènes. le maraudage n’était pas considéré comme un délit innocent, que peut commettre dans bien des cas une quelconque personne par insouciance. Il était qualifié de crime et le tribunal de Constantine avait puni l’auteur d’un maraudage de raisins de huit années de réclusion »

Djilali « La religion, la morale même, ordonne d’inhumer nos morts. »

Donc, voilà que Djillali fait le procès du colonialisme, au double plan de la religion et de la morale. Mais il est seul, il est dans la solitude et n’espère pas tant secouer le joug colonial qui obéit à une autre logique révolutionnaire.     n’a plus où se réfugier le dernier refuge est détruit, c’est l’amour ; sa femme n’est plus belle ; elle a désastreusement vieilli par la misère la famine la frustration. « La pire souffrance est dans la solitude qui l’accompagne. André Malraux » .

Le juge souffrait peut-être plus que cet homme qu’il allait juger. « Claude était bouleversé par la vision apocalyptique dont il suivait le déroulement dans son imagination.  Noblesse d’âme ! Il condamnait, au fond de lui-même, cette tyrannie que ses concitoyens perpétraient sans vergogne. Il essaya de raisonner et de trouver, sans résultat, une logique à la colonisation qui provoquait le désordre social catastrophique et ne respectait pas les droits de l’homme. Il en avait honte et ressentait une grande indignation. Sa conscience fut confrontée à un conflit entre la raison et le cœur, entre l’application de la peine et le pardon. Jugeait-il un voleur ou un affamé ? Le Droit français ne répondait pas à cette question épineuse, ce qui le désolait et le mettait dans une situation impossible. Il tenait tant à amnistier Djillali. Qui comprendrait sa décision ? Qui partagerait ses nobles sentiments ? La partie civile exigeait de rendre justice, l’administrateur en ferait une affaire d’Etat et saisirait le procureur général. Claude était mal parti et la presse coloniale ne manquerait pas de le fustiger. Les anales judiciaires de l’Algérie rapportaient la sévérité des peines appliquées par les tribunaux aux divers maraudages et qui se chiffraient en années. Il appliquerait la peine selon son intime conviction, sans tenir compte de l’hostilité de l’environnement. Aussi, il condamna douloureusement Djillali Bou Kaddir, à trente jours de prison, puis renvoya l’audience à huitaine. Marguerite tome 1 p 215 »

 

 

 

      1.Bibliographie

 

- La critique Littéraire au XXe Siècle , Jean –Yves Tadié ,POCKET,1997

Nouveaux essais ,   LOUIS HJELMSLEV ,PUF ,1985

-         Les Genres du Discours , Tzvetan Todorov, coll,Points

Linguistiques et colonialisme ,Louis-Jean Calvet,Petite Bibliothèque Payat ,1988

-   Convergences Critiques ,Christiane Achour , Simone Rezzoug ,OPU2009

L’image du Corps ,Paul Schilder ,Gallimard,Paris ,1980

-         Le récit poétique , Jean –Yves Tadié ,PUF,1978

-         Le discours du roman ,Henri Mitterrand ;PUF,Paris,1980

-         Signes, Langues et Congnition,Pierre Yves Raccach,L’Harmattan ;2005

-         Sémantique interprétative ,François Rastier ,PUF,2009

 

 

 

 

 

                   Biographie

 

 

Ahmed Bencherif est né le 4 mai 1946 à Ain-Sefra. Il y fit ses études primaires, puis  secondaires au Lycée Lavigerie des Pères Blancs, puis il poursuivit des études de droit public à Bechar. Ses vocations littéraires étaient certaines, il fit des essais de 2 romans et un recueil de poésie, non publiés cependant dans les années soixante dix, tombés hélas en déperdition par suite de circonstances exceptionnelles. Instituteur, puis administrateur. En 1883, il élabora une courte biographie du résistant Bouamama, 1881-1908, à la demande du ministère de la Culture. . Il est aussi amené à connaître deux figues emblématiques qui avaient marqué Ain-Sefra : le maréchal Lyautey et Isabelle Eberhardt.

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Ouvrages publiés :

Marguerite tome 1 roman historique

Juin 2008 Editions Publibook Paris

La grande ode livre poésie

Décembre 2008 Editions Publibook Paris

Marguerite tome 2 roman historique

Octobre 2009 Editions Edilivre Paris

Odyssée livre poésie thèmes universels

Avril 2010 Editions Edilivre Paris

hé hé hé c’est moi qui l’ai tué roman psychologie sociale-

Mars 2013 Editions Dar Rouh Constantine

Ouvrages sous presse : 

-         Gétuliya et le voyage de la mort

-         L’aube d’une révolution Margueritte 26 avril 1901 Algérie

Approche communicationnelle

Ouvrage à paraître :

                   Les odes de l’Amour

 

 Activités culturelles scientifiques :

 

Présentation vente dédicace ouvrage Marguerite la grande ode Au salon international  du livre Paris mars 2009 ; non conclue  Pour refus de visa par les services consulaires

présentation vente dédicace juin 2009 Maison de la culture Naama

communication à l’université d’Oran école doctorale traductologie : Œuvre Marguerite la poésie populaire et les perspectives de traduction décembre 2010

 

communication sur le 14 juillet 1953 sanglant à Paris et le martyr Daoui Larbi, militant MTLD d’Ain-Sefra ;répressions de la manifestation pacifique à Paris qui revendiquait l’indépendance  5 juillet 2011

Communication sur la vie et l’œuvre du poète et moudjahed Chami Ahmed  13 janvier 2012 maison de la culture Mila .

récital poétique au musée du Moudjahed de Naama 31 octobre 2012

présentation vente dédicace ouvrage hé hé hé c’est moi qui l’ai tué Centre culturel Frantz Fanon Mecheria.

 

 

Ahmed Bencherif

Ecrivain et poète

Tel +2130665842352

Email : haida.bencherif@yahoo.fr

Site : http://bencherif.unblog.fr

 

Colloque international école doctorale De traduction à l’université d’Oran 20/23 septembre 2014;ahmed bencherif

28 octobre, 2014
culture, hé hé hé c'est moi qui l'ai tué | Pas de réponses »

Colloque international école doctorale

De traduction à l’université d’Oran

20/23 septembre 2014

Axe d’intervention : traduction plurilinguisme

Titre de la communication : les limites de la traduction

Qui mènent au drame dans le roman

« Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué »

 

 

 

     Citation : comprendre les besoins, les possibilités et les limites des traductions permet de les utiliser de façon consciente, distanciée et adaptée. Philippe Blanchet, professeur de sociologie linguistique et didactique des langues à l’université de Rennes (France)  

 

 

                            I.            Plurilinguisme :

 

 

Tout ce qui n’est pas moi est différent de moi. Donc on est en présence de personnalités propres dont chacune revendique sa propre existence. Il y a diversité et cette diversité atteint la forme la plus naturelle à l’homme qui est la langue, celle-là même qui le différencie de l’animal. Alors nous sommes en présence de la diversité des langues et des cultures qui constitue une richesse humaine et un patrimoine universel à préserver de tous les dépérissements qui se manifestent éventuellement par manque d’enrichissement. Cette diversité est à protéger et promouvoir dans des mécanismes bien pensés. Il existe des milliers de langue et au sein d’une même langue, les nuances sont de taille à tel point que la traduction rencontre des obstacles ou se heurte à ses propres limites. Nous citons l’exemple de la langue arabe qui d’un espace géographique restreint et limité a dû parcourir une vaste sphère géographique s’adaptant aux dialectes locaux ; donc il y eut enrichissement réciproque. Ainsi la langue arabe maghrébine diffère de celle du golfe arabique ou du moyen Orient et à chacune il existe des spécificités propres. Les mots utilisés pour définir le même objet diffèrent ici ou là.  Cependant la langue arabe dépasse nettement cet ensemble géographique et s’étend sur l’ensemble du monde musulman dans lequel elle est utilisée en religion principalement, c’est dire qu’elle côtoie les langues nationales de cette sphère géographique.

Mais cette diversité et cette pluralité linguistique et culturelle ont été combattues à outrance par les idéologies autoritaires ou normatives dans le but de faire prévaloir une langue uniforme. C’est le cas du Maghreb où la langue officielle, qui est l’arabe, côtoie les dialectes berbères dont seul le Tifinac, langue des Touaregs, est une langue écrite avec son alphabet et son dictionnaire. Ce phénomène remonte loin dans l’histoire et ne prend son expression ni pendant la découverte du Nouveau Monde, ni pendant les colonisations. En effet, cela remonte aux Grecs, du temps de Platon, puis d’Aristote. Car la langue grecque était une langue littéraire qui avait sa grammaire, donc développée pour permettre les échanges sociaux culturels entre individus et entre groupes, entre individus et l’état, entre l’état et les états, dont celui de la Perse antique. Les Grecs étaient voyageurs et avaient naturellement des contacts avec les populations des pays visités. Pour eux, il n’y avait qu’une seule langue tous les autres parlers étaient barbares, pour le seul fait qu’ils ne comprenaient pas cette langue. Cela était vrai pour les anciennes populations du mont des Ksour dont je suis fièrement le natif. Celles-ci étaient les Gétules qui étaient de redoutables guerriers qui faisaient toujours défections dans les rangs ennemis, qu’ils fussent Carthaginois ou Grecs ou encore Romains et plus tard Vandales. Les Grecs ne comprenaient pas leur langue qu’ils assimilaient à des cris. Pourtant, les Gétules avaient leur propre culture et descendaient des célèbres hommes des non moins célèbres Gravures Rupestres dont l’origine attestée est de 8.000 ans avant notre ère. D’ailleurs ces Gétules nous ont légué leur patrimoine matériel et immatériel. C’est ainsi que de nos jours, nous retrouvons des mots rescapés de leur langue, exemple : Tachatouft, C’est un nom de montagne.  Ainsi, toutes les montagnes du Sud Ouest avaient leur propre nom que la mémoire collective n’a pas sauvegardé. Tout comme nous avons récupéré la légende qui avait mis fin au rite de la mort volontaire et groupée qu’ils pratiquaient, thème qui est l’objet de mon livre d’antiquité ‘Gétuliya et le voyage de la mort’. C’était un peuple foncièrement égoïste pour qui la mutualité n’existait pas. Personne n’aidait personne et quand une famille n’avait plus de vivres et de nourriture, au lieu de faire appel au groupe social, elle creusait sa propre sépulture et s’y mettait toute : hommes, femmes, garçons, filles, vieux et vielles.

Alors elle attendait la mort et de nos jours nous retrouvons ces tumulus disséminés dans notre région et dans la steppe jusqu’au nord du Sahara. Cette pratique disparut grâce à une fillette qui ne voulait pas mourir et se cacha chez son amie dont elle avait demandé l’aide, au moment où sa famille allait entreprendre ce voyage de la mort.  Donc elle en réchappa à la mort et sauva son peuple après être comparue par devant un prétoire populaire. Dès cet instant cette pratique fut abolie après avoir été un sérieux handicap à l’accroissement démographique. Cette légende s’était produite 3 siècles avant notre ère et sa mémoire a pu arriver jusqu’à nous grâce à l’administrateur de la commune mixte, le capitaine Dessigny qui l’avait récupérée chez les indigènes ( Pardon le terme indigène est dans son contexte historique) en 1904 et avait procédé aux fouilles de quelques tumulus dont il avait trouvé un riche mobilier qui attestait de cette civilisation.

Cette diversité et cette pluralité culturelle sont plus perçues comme un facteur déstabilisant de la cohésion nationale. Si ces doutes sont en partie vrais dans la mesure où des politiques autonomistes voient le jour, l’état régulateur ne fait rien pour les éliminer d’un côté et de l’autre œuvrer à intégrer cette diversité et cette linguistique plurielle comme richesse, une plus-value. Nous constatons hélas que les états décolonisés ont suivi la stratégie des états coloniaux pour imposer une seule langue, un seul mode de pensée qui sont :

-         La langue du colonisateur

-         L’équation domination-soumission.

Pour dire un mot dans ce sens à propos de l’Algérie mon amour, nous dirons que la tâche ne fut jamais aisée. En débarquant le 14 juin 1830, les Français n’avaient pas trouvé une terre en jachère, un no mans land. Mais les conquérants français avaient trouvé une langue et une diversité culturelle, porteuses de civilisation dont elle ne cessa jamais de vouloir leur substituer sa propre langue et sa propre culture pendant 130 ans. Cette civilisation de l’Algérie avait pour ossature un appareil judiciaire efficace et puissant. Nous verrons plus loin comment il était resté debout, actif pleinement.

Cette diversité s’illustrait par une multitude de dialectes qui ne cessèrent jamais d’être utilisés dans les rapports sociaux avec l’autre, toujours avec des nuances fortes qui garantissaient à chacun d’eux une individualité propre. C’est dire que ces langues parlées étaient préservées par un fort communautarisme qui se manifeste par une démocratie non élective, en la figure d’une assemblée (djemaa) dont les membres représentaient une fraction du groupement humain citadin ou rural. Dans la région du mont des ksour par exemple, ces dialectes dépassent la dizaine et vivent en harmonie entre eux. En effet, la coexistence pacifique est sacrée et les différends sont réglés par la réunion extraordinaire des assemblées concernées, quand ce n’est pas un sage notable docte en sciences religieuses qui règle ce contentieux. Pour rendre hommage à ces notables, je souligne que mon défunt père appartenait à ces hommes d’exception, véritables régulateurs de la société dans lesquelles ils vivaient.

Cette pluralité de langues, plus de 13500, ( chiffre donné par le professeur P. Blanchet) constitue un patrimoine humain qu’il est difficile de négliger. Car elle s’est imposée depuis les âges les plus reculés. Cependant seuls quelques unes d’entre elles possèdent une certaine mobilité ou disons qu’elles ont vocation conquérante. C’est le cas de l’Arabe qui a conquis un grand espace géographique, du Portugal, de l’Espagnol, de l’Anglais, du Français dans une moindre mesure. Mais si l’Arabe était porteuse de message spirituel, les autres langues sus citées ont un autre objectif qui est matériel, soit la conquête de pays et la substitution de valeurs à d’autres valeurs qui sont les siennes.

Mais quelles sont les fonctions de la langue ? A l’intérieur du groupe, elle sert à relier, à échanger, à signifier. Elle est donc communicative et possède le pouvoir de créativité comme elle en conserve la mémoire collective grâce à ses mots qu’elle utilise, ses règles grammaticales. C’est dire qu’elle est le passé, le présent et l’avenir du groupe. En plus profond, c’est un moyen de revendication existentielle, la revendication de l’identité, ce qui est une légitimité en soi. Mais dès lors, qu’elle s’oriente vers l’autonomie, c’est chose complexe. Mais le pouvoir et ses relais ne doivent pas se précipiter pour condamner cette orientation. Au contraire, il doit avoir une grande capacité à convaincre plutôt que d’imposer son point de vue ou sa décision. En effet, le monde d’aujourd’hui est régi partagé entre de grands ensembles régionaux qui accèdent au pouvoir de négocier avec ses vis-à-vis.  Pour citer l’exemple de l’Algérie, le mouvement autonomiste de la Kabylie n’est vraiment pas représentatif. En effet, il reste localisé dans cette région et de faible importance. Quant à l’état, il a fait une concession et je ne pense pas qu’il irait jusqu’à céder aux vœux autonomistes. Il a promu la langue Amazigh à une langue nationale et je ne crois pas qu’il puisse aller à son officialisation. Ce serait une grave erreur. D’abord, cette revendication est négligeable en nombre et dans l’espace. Les Amazigh du mont des ksour n’en veulent pas par exemple. D’ailleurs la majorité n’en veut pas. Cependant l’état n’en néglige pas la culture. La langue Amazigh est enseignée et possède ses supports médiatiques : télévision et radio. Je citerai maintenant l’exemple des Kurdes qui est très significatif et dont la population globale atteindrait 50 millions répartie entre 4 états : la Turquie, la Syrie, l’Irak, l’Iran. Ce peuple n’a pas demandé une autonomie fusion généralisée et approuvée par son ensemble ; il existe certes des mouvements autonomistes qui sont de faible impact. En effet, le Kurde d’Irak ne ressemble pas à celui de la Turquie, ni à celui de la Syrie, ni à celui de l’Iran. C’est dire que les Kurdes partagent les mêmes valeurs avec leur pays respectif.

 

II.            Traduction entre langues différentes :

 

Puisqu’il existe autant de langues, la traduction devient inévitable pour la communication vers l’autre, cet humain parlant et bien sûr pensant. C’est la communication interculturelle à travers des expériences et des échanges verbaux avec leurs auteurs. Donc c’est une courroie de transmission de mœurs et de coutumes, de valeurs et d’enseignements qui seraient oubliés ou morts tout simplement sans cette traduction. C’est une sauveuse de l’humanité en quelque sorte et pour preuve la traduction des sciences et de la philosophie grecques par les Arabes en est la parfaite illustration, chose que les Romains n’avaient pas cru utile de réaliser.

L’activité plurilingue est composée souvent d’une activité de traduction, sinon l’universalisme auquel aspire chaque langue ne peut être pensé, schématisé, poursuivi. Cette traduction est en quelque sorte notre miroir dans un univers qui est déjà pluriel. C’est cette aspiration, somme toute légitime, qui permet à la langue de se faire connaitre par l’autre et lui enseigner sa culture. Qui peut entendre parler d’un parler dans l’Afrique tribale profonde, de son peuple, de sa culture, de ses mœurs et coutumes ? Personne. Mais pour qu’elle suscite l’intérêt de la traduction, il faut qu’elle soit elle-même porteuse de civilisation et de richesse socio-anthropologique. Or ce n’est pas le cas et on trouve ces peuplades qui vivent toujours sur le mode ancestral millénaire. Donc l’intérêt de la fonction de traduction est évident et incontournable, c’est la pierre angulaire de la coexistence universelle depuis toujours. Même en temps de guerre, elle est un impératif. Elle peut sauver un prisonnier de la mort, récolte des renseignements sans lesquels toute stratégie est inopérante.

Ceci dit, on se pose naturellement la question de savoir ce qu’est la traduction. Elle nous permet d’aborder un sens, une opinion, un discours, un mode de vie, des expressions linguistiques étrangères, puis de les assimiler et d’y répondre. Ceci nous mène à poser la question de savoir si elle possède la capacité de traduire tout d’une langue, autrement dit est-ce que chaque langue possède son particularisme, c’est-à-dire ses expressions propres qui sont intraduisibles. Tous les spécialistes s’accordent à donner ce particularisme à chaque langue, c’est en somme une personnalité propre qui la distingue d’une autre langue. En traduction, on atteint l’équivalent de l’énoncé de départ, mais presque jamais la fidélité. Mon expérience personnelle conforte ce constat par une expression clé de mon roman dont elle est le titre : Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué. L’administrateur colonial avait échoué dans la traduction dont il n’avait pas cherché à obtenir ni l’équivalent ni la fidélité. On en parlera plus loin de cette lacune qui avait conduit au drame.

Pour éviter cette lacune ou contourner la difficulté, il y a lieu de connaitre l’énoncé et sa profondeur, ses précisions, ses nuances, lequel appartient à une autre culture qui possède ses propres variantes. Les professionnels de la traduction savent au départ qu’ils sont amenés à augmenter de volume le texte cible par rapport à l’énoncé de départ

Si dans la création littéraire ou autre, le choix lexical reflète la pensée du premier coup, il n’en est pas de même en traduction. Le traducteur choisit ses mots pour être le plus explicite, autrement dit il négocie dans un vocabulaire large ou restreint pour enfin arriver à l’équivalence. C’est dire que le traducteur compare entre deux langues, deux cultures et doit identifier les points communs traduisibles. C’est dire qu’il faut une maitrise des deux langues de départ  et d’arrivée.

 

Or l’administrateur colonial dont j’ai cité l’exemple ne maitrisait pas la langue arabe, ce qui l’avait conduit à prendre une décision qui avait porté préjudice grave à son administré, auteur de cette expression aveu.

C’est ainsi qu’une œuvre traduite perd l’âme de l’original et bien prétentieux qui se targue d’être fidèle dans sa traduction. Il ne peut en assurer que l’équivalent. L’œuvre traduite est une nouvelle production. Nous avons tous lu des œuvres magistrales de très haut niveau mais leurs traducteurs étaient des génies. Que l’on ne s’étonne point si de nos jours la traduction s’est spécialisée en style littéraire, juridique, commercial. C’est une importante avancée dans le développement de cette science. Car entre le traducteur spécialisé et l’auteur de départ, il y a énormément de ressemblances et si peu de dissemblances. Ceci nous mène à soulever la question de traductibilité complète ou de traductibilité incomplète, qui reste toujours en débat par les scientifiques.

 

 

 

 

 

                     III.            L’intraduisible :

 

La traduction forme une nouvelle production qui bouleverse le texte original, en ce sens qu’il en perd la fidélité, ou si vous voulez ce miroir qui nous permet vraiment de nous imprégner avec le texte de départ. C’est donc, il existe un phénomène d’intraduisibilité qui divise bien plus qu’il ne réalise un consensus des penseurs et des critiques. Dans la sphère de l’intraduisibilité, la poésie est intégrée. En effet, la poésie est surtout harmonie, musicalité, rime qu’il est bien difficile ou quasiment impossible à un traducteur de réussir, en ce sens même qu’elle forme un art. Il en est de même pour les Ecritures révélées qui sont sujettes à controverses et suscitent de multiples interprétations des savants des sciences religieuses. Pour ce qui est de la poésie, la traduction en français des dix grandes odes arabes est un échec total. Car elle ne répond pas aux exigences de cet art, tout comme elle s’éloigne assez loin du sens donné.

Pour ce qui est de la traduction du Coran, une tradition faisait durablement obstacle, en ce sens qu’il a été révélé en langue arabe et qu’il était inimitable. Comme la religion de l’islam a dû suivre la langue arabe conquérante pour prêcher le message universel, les besoins et les commodités de sa propagation avaient tôt ouvert une brèche à ces principes et ces traditions et avaient provoqué la traduction du Coran dans les langues locales, comme apar exemple le Turc ou le Persan. Le choc entre le monde musulman et chrétien était irréversible et la traduction du Coran fut exécutée assez tôt, au XII siècle par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, lequel fut exécuté par le clerc anglais Robert de Ketton, en Espagne, carrefour pensée entre Europe et Méditerranée. Puis au XVIII siècle les traductions produites sont plus exactes et moins apologétiques. Dès cette dernière époque, les clercs ne sont plus les traducteurs, mais des interprètes d’ambassades familiarisés avec les lettrés musulmans. Le XXème siècle ouvre de larges perspectives. L’entrée en lice de philologues orientalistes, ainsi des islamologues musulmans travaillent à une meilleure maitrise du Coran et des Commentaires prophète Mohammed. Cela n’a pas été possible bien entendu sans l’apprentissage de la langue arabe.

Cet effort de la traduction n’était pas l’exclusivité du Coran. La Bible en a connu aussi un travail immense dans ce sens, à différentes époques et sous diverses latitudes. Elle occupe le premier rang dans l’effort de traduction universalisant.

 

Le Nouveau Testament a été traduit en deux mille trois cents langues et la Bible complète en trois cents cinquante. Dans la langur française, il existe cent quarante versions complètes, depuis celle de Lefèbre d’Etaples en 1530.

Donc l’on constate que la langue arabe était déjà connue en France avant le débarquement des troupes française à sidi Frerrej. Effectivement, elle y était enseignée dans certains collèges, ainsi que l’hébreu. Elle y est d’abord enseignée dans un esprit humaniste au Collège royal, où Guillaume Postel est nommé en 1538 lecteur pour le grec, l’hébreu et l’arabe ; par la suite, la volonté de former des drogmans pour servir auprès des consuls dans le Levant est à l’origine de la fondation en 1669, sous l’impulsion de Colbert, de l’École des jeunes de langue, où l’arabe est enseigné parallèlement au turc, auquel s’ajoute ensuite le persan ; si elle survit à la Révolution, cette institution est éclipsée par l’École des langues orientales, créée en 1795 par la Convention1. Silvestre de Sacy, le premier titulaire de la chaire d’arabe de la nouvelle École, y dispense un enseignement livresque et théorique, mais à partir de 1803 son cours est complété par celui d’un grec-melkite rallié à Bonaparte, dom Raphaël de Monachis, chargé de donner des leçons d’arabe usuel et, en 1820, est fondée à l’École une chaire d’« arabe vulgaire » distincte de la première. Aussi, au début du xixe siècle, la connaissance des arabisants français porte-t-elle essentiellement sur l’arabe littéral – c’est-à-dire la langue écrite standard – et sur l’arabe usuel tel qu’il se pratique dans le Levant.

Comme je l’ai souligné précédemment, chaque langue possède son particularisme et recèle de mots et d’expressions quasiment intraduisibles ou mettent en échec tout effort de la traduction. Je citerai dans ce cas, une interjection dans le titre de mon roman psychosociologique qui repose sur une histoire vraie en Algérie coloniale, plus précisément à Ain-Sefra, ex capitale du Sud Oranais, rendue célèbre par le résistant irréductible cheikh Bouamama qui ne remit jamais l’épée dans le fourreau pendant vingt cinq ans, soit jusqu’à sa mort en 1908, rendue aussi non moins célèbre par l’écrivaine et aventurière Isabelle Eberhardt dont les restes sacrés reposent au cimetière musulman de cette ville, depuis le 21 octobre 1904. Et bien entendu, cette ville offre un intérêt scientifique évident incarné par le patrimoine matériel qu’il s’agisse des gravures rupestres qui datent de près de 10.000 ans ou qu’il s’agisse des tumulus disséminés dans toute la région, principalement au pied de la montagne de Mekhter sur le versant qui domine la vallée de cette ville et dont la mutualité s’instaura trois siècles avant notre ère.

Le deuxième volet de mon étude porte sur le titre de mon roman : hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué ! Pour être plus précis, elle en analyse l’interjection : hé ! Hé ! Hé ! Il convient de définir l’interjection qui est propre à chaque langue. Elle est principalement un ton qui signifie une affectivité, une passion. Elle peut s’employer à une douleur ressentie, une joie exprimée, une admiration, une crainte, un mépris, l’ironie, l’amour. Dans son oralité, elle est surtout une sonorité. Donc, elle traduit les émotions de l’âme. Dans l’écriture, elle est suivie d’un point d’exclamation. Soulignons au passage que le point d’exclamation était désigné auparavant par point d’interjection. Je cite un exemple pour en illustrer le sens, extrait du livre de Charles Bally ‘ le Langage et la vie (1952) ‘ la scène se passe chez le dentiste : « …tout d’un coup j’ai senti l’outil sur ma dent : alors ououou ! puis crac ! La première interjection est un réflexe dû à la douleur, la seconde rend compte d’un bruit.

Pour revenir à l’expression entière, titre du roman, il convient tout d’abord d’en donner le contexte dans lequel elle avait été produite, qui lui en assuré à son tour une dimension de légende. Mohamed, le héros du roman, va se culpabiliser chez l’administrateur colonial, qui était en même temps chef de la commune mixte, d’un meurtre qu’il n’avait pas commis sur la personne d’un légionnaire, tyranneau du village, à force herculéenne.  Le contexte social était marqué par un activisme de militantisme libérateur indépendantiste, donc la chose prit une dimension nationaliste, en ce sens que ce meurtre prit une connotation d’assassinat politique. Ce meurtre fut l’évènement dans le village et tous en parlaient avec admiration, car tous attendaient la levée des armes pour libérer le pays. Le meurtrier passa dans la population indigène comme un héros et aux yeux des Européens comme un justicier. Car tous souffraient la tyrannie du légionnaire sur tout recours à la loi échouait pour empêcher ses exactions ou verbales ou physiques, principalement dans les bars au cours de ses cuites. Mohamed, le héros du roman, qui avait déjà la réputation de vaniteux, était jaloux du meurtrier, puis il se mit à endosser peu à peu l’acte, l’assume et va s’accuser à tort du meurtre chez l’administrateur avec qui il avait communiqué en arabe. L’administrateur, quant à lui, comprit ce que Mohamed disait.

L’administrateur avait compris, car il parlait et écrivait l’arabe. La langue arabe était une épreuve obligatoire au concours de recrutement et éliminatoire. Bien entendu, le niveau était élémentaire, mais il permettait à ce corps de fonctionnaires de pouvoir échanger directement avec les indigènes, pour les besoins de la cause coloniale et de manière générale de gestion administrative et sécuritaire. En effet, l’administrateur était de droit président de la commission de discipline, genre de tribunal expéditif, sans droit de défense, ni recours. Il sanctionnait des délits par des emprisonnements jusqu’à trois mois. Les sanctions plus grandes étaient du ressort des trois préfets de la colonie et du gouverneur général. C’est ce que l’on appelait l’internement administratif. Signalons que le gouverneur général emprisonnait les indigènes coupables jusqu’à une année de prison et pouvait décider de la déportation pour atteinte à la sûreté de l’état.

Mais pourquoi la France, qui était censée être un pays de Droit, recourait à l’administrateur au lieu du juge. La principale raison résulte de l’existence d’un système judicaire fort, efficace, expéditif à moindre frais dont elle avait hérité.  Dès les premières années de la conquête, la France s’était engagée à respecter les lois et les coutumes, le droit personnel en matière de divorce, de succession, enfin de manière générale la jurisprudence musulmane pour mettre fin aux hostilités et se prémunir des révoltes, lesquelles durèrent quand même quarante années. Elle y trouva également une langue, une culture qu’il lui était impossible de les remplacer par les siennes. Le cadi état compétent pour les crimes, les  contentieux entre indigènes eux-mêmes et entre indigènes et Européens. Donc cette justice assura au pays une importante partie de la souveraineté nationale pendant longtemps, en dépit oppositions vigoureuse des colons. Ce n’est que vers 1890, que ses attributions commencèrent à connaitre leur déclin. Donc la France n’avait pas trouvé un pays vierge et des populations primitives comme il pouvait en exister en Afrique profonde, c’est-à-dire les pays qui ne furent pas touché par l’islamisation. Parallèlement à ce corps d’administrateur, elle avait créé des juges de pais qui avaient pratiquement les mêmes compétences que l’administrateur. C’était une juridiction hybride qui n’obéissait pas au droit, qui rendait aussi ses décisions en dehors des lois et règlements en vigueur sur le sol français.

Revenons à cette expression du roman ‘hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué’ et essayons d’en distinguer les nuances d’une part et d’autre part comment l’administrateur l’avait comprise. Le mot originel est : yahe ! yahe ! yahe ! Au cours des âges de la langue arabe, cette interjection avait reçu de notables modifications et altérations. Son origine vient de la péninsule arabique et faisait partie du lexique arabe. Elle était employée par le chamelier pour appeler en certain cri ses chameaux et ceux-ci obéissaient. Elle fut modifiée encore et trouva carrément sa place dans le langage d’échange humain. Elle fut utilisée par un individu pour dire à un autre individu de venir. Là elle fut un carrément verbe. Puis son sens originel fut carrément perdu. Sa phonie demeura et elle  fut comprise en deux sens : l’un interjectif, l’autre interrogatif. Sa double signification se traduit par quoi. Donc si on traduit on accède à l’expression suivante : quoi ? Quoi ? Quoi ? C’est moi qui l’ai tué. On constate que la phrase est inintelligible et on se demande comment l’administrateur avait assimilé. Ce chef de la commune mixte avait compris sur le ton employé par Mohamed qui prétendait être coupable d’une part et d’autre part il avait mal interprété l’interjection par hé ! Hé ! Hé !, ce qui est une forme de dérision tout en revendiquant l’acte.

Cet intelligible est appelé opacité par Christine Durieux. C’est-à-dire que l’élément intraduisible est opaque et comme on doit traduire, les solutions envisageables s’éloignent progressivement de la fonction d’équivalence recherchée. Puis on a tendance à invoquer la banalisation, la facilité à clore ce chapitre. Donc pour traduire, on cherche un compromis, une négociation dans le lexique proposé. Car il en existe des variantes et il faut choisir la meilleure illustration, la meilleure interprétation. Déjà que dans toute langue, il existe des mots qui ont plusieurs significations divergentes. Alors il faut bien négocier et je crois que le terme utilisé par Christine Durieux est justement valable. Car il rend compte de cet exercice intellectuel pour produire cette traduction de l’intraduisible. Cette traductrice nous dit que le meilleur compromis à retenir est fonction du vouloir dire, de la situation de la communication.

Situation de la communication ? Voilà bien une dimension que l’administrateur avait totalement méconnue, ce qui constituait une faute grave. Car il était en présence d’une situation grave : un meurtre et un homme qui se porta coupable volontairement, sans qu’il y fût poussé par une tierce personne. Donc l’administrateur devait chercher à connaitre la psychologie du personnage, qui était très connu dans le village. S’il avait demandé des informations sur son caractère, il aurait su que le personnage était un vaniteux notoirement connu dans le bled, aussi bien par les indigènes que les Européens. Dans ce cas de figure, il aurait bien sa décision adéquate qui était de renvoyer le personnage chez lui et de laisser se poursuivre l’enquête de gendarmerie qui buttait déjà. Plût que cette enquête butât que d’envoyer un innocent au tribunal militaire qui le condamna à cinq ans de prison dont il purgea une année dans les conditions les plus lamentables dans un pénitencier dans le Grand Sud. Il fut libéré donc mais il resta convaincu qu’il était coupable et que la justice n’avait pas suivi son cours naturel. (Enfin, vous trouverez en annexe, une synthèse du roman dont il est question).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie. 

 

-         La critique Littéraire au XXe Siècle,

Jean –Yves Tadié. POCKET, 1997

 

-         Linguistiques et colonialisme,

Louis-Jean Calvet. Petite Bibliothèque Payat 1988.

.

-         Convergences Critiques ,

Christiane Achour , Simone Rezzoug ,OPU2009

 

-         Signes,Langues et Congnition.

Pierre Yves Raccach. , L’Harmattan 2005

 

-         Sémantique interprétative,

François Rastier ,PUF,2009

 

-         Langue et pouvoir en Algérie ;

SEGUIER ,1999

 

-         Deux conceptions de l’action judiciaire aux colonies. Magistrats et administrateurs en Afrique occidentale française (1887-1912)

Laurent MANIÈRE (Inalco/Paris 7-SEDET)

 

-         Quelques données et réflexions sur la traduction des interjections

Bertrand Richet, Université Charles-de-Gaulle — Lille 3

 

-         Plurilinguisme et Traduction Enjeux, possibilités, limites

Cours de Philippe Blanchet.

 

-         L’acte de traduction commentaire sur l’âge de la traduction de Antoine Berman

Mathieu Dosse

 

-         Traduire l’intraduisible

Gabriel Le Bras , Henri Desroche, Jacques Maitre,

 

-         Traduire l’intraduisible : négocier un compromis

Christine Durieux

 

 

 

 

  Biographie

 

Ahmed Bencherif est né le 4 mai 1946 à Ain-Sefra. Il y fit ses études primaires, puis secondaires au Lycée Lavigerie des Pères Blancs, puis il poursuivit des études de droit public à Bechar. Ses vocations littéraires étaient certaines, il fit des essais de 2 romans et un recueil de poésie, non publiés cependant dans les années soixante dix, tombés hélas en déperdition par suites de circonstances exceptionnelles. Instituteur, puis administrateur. En 1883, il élabora une courte biographie du résistant Bouamama, 1881-1908, à la demande du ministère de la Culture. . Il est aussi amené à connaître deux figues emblématiques qui avaient marqué Ain-Sefra : le maréchal Lyautey et Isabelle Eberhardt.

           La loi française sur l’apologie du colonialisme le requit d’enquêter sur l’histoire coloniale et d’élaborer de façon exhaustive et objective l’œuvre Marguerite qui mettait à la disposition du lectorat d’abord français puis algérien le drame colonial et la praxis de domination. Ce travail avait nécessitait de longues recherches et fut couronné par sa publication en France en deux tomes. C’est là que commença son parcours littéraire.

              A- Ouvrages publiés :

 

  1. Marguerite tome 1 roman historique

      Juin 2008 Editions Publibook Paris

  1. La grande ode livre poésie

      Décembre 2008 Editions Publibook Paris

  1. Marguerite tome 2 roman historique

      Octobre 2009 Editions Edilivre Paris

  1.   Odyssée livre poésie thèmes universels

      Avril 2010 Editions Edilivre Paris

  1. Hé hé hé c’est moi qui l’ai tué roman psychologie sociale-

      Mars 2013 Editions Dar Rouh Constantine

 

              B – Ouvrages sous presse : 

  1. Gétuliya et le voyage de la mort

 

  1.     L’aube d’une révolution 26 avril 1901

                 »       Margueritte Algérie

               Approche communicationnelle »

              C- Ouvrage à paraître :

 

Les odes de l’Amour

 

 

 

 

 

 

                   Activités culturelles :

ü Présentation vente dédicace ouvrage Marguerite la grande ode Au salon international du livre Paris mars 2009 ; non conclue  Pour refus de visa par les services consulaires

ü présentation vente dédicace juin 2009 Maison de la culture Naama

ü communication à l’université d’Oran école doctorale traductologie : Œuvre Marguerite la poésie populaire et les perspectives de traduction décembre 2010

ü communication sur le 14 juillet 1953 sanglant à Paris et le martyr Daoui Larbi, militant MTLD d’Ain-Sefra ;répression de la manifestation pacifique à Paris qui revendiquait l’indépendance  5 juillet 2011

ü Communication sur la vie et l’œuvre du poète et moudjahed Chami Ahmed  13 janvier 2012 maison de la culture Mila .

ü récital poétique au musée du Moudjahed de Naama 31 octobre 2012

ü présentation vente dédicace ouvrage hé hé hé c’est moi qui l’ai tué Centre culturel Frantz Fanon Mecheria.

ü Invité plusieurs fois de radio Naama

ü Invité de canal Algérie à l’émission Trésors d’Algérie, Expression Livres, A cœur ouvert, Planète Sahara sur Isabelle Eberhardt

ü Interview avec la télévision algérienne nationale sur mon ouvrage hé hé hé c’est moi qui l’ai tué vente dédicace au palais de la culture de Bechar, grande ville saharienne.  En attente de programmation

 

Ahmed Bencherif

Ecrivain et poète

Poète membre de la société des poètes français

Président section Naama de l’union des écrivains algériens

Boite postale 9 Naama

Tel +2130665842352

Email : haida.bencherif@yahoo.fr

Site : http://bencherif.unblog.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                            

 

 

ANNEXE

 

Présentation analytique

de l’ouvrage

Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué

Vente dédicace

Au centre culturel de Frantz Fanon

Méchéria Samedi 20 avril 2013

 

 

 

 

 

Dans sa note de lecture, un internaute a vu deux modes d’écriture différenciables entre mon premier roman (Marguerite) et le second (Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué). Effectivement, il y a une mutation entre le roman historique qu’est Marguerite et le roman de psychologie sociale qu’est le texte Hé hé hé c’est moi qui l’ai tué. Dans le premier, le personnage principal était un adolescent qui rêvait de gloire et de grandeur et qu’il fallait élever dans la trame narrative en respectant les actes et les paroles compatibles avec tout autre adolescent dans le monde. Dans le second, le personnage principal est un adulte qui a son comportement et sa personnalité propres. Un autre internaute a vu dans le second roman la ressuscitation de la mémoire collective de la ville natale de l’auteur, conscient du fait que celui-ci n’avait été ni témoin, ni acteur. Dans l’analyse de ces deux lecteurs, il existe une part de vérité.

Nous avons dit que le roman est classifié dans la psychologie sociale, c’est-à-dire qu’il procède tour à tour de psychologie et de sociologie. Ce mode d’écriture a été imposé par le sujet qui visait à ressusciter le quotidien d’une petite ville cosmopolite par ses diverses ethnies, ses confessions et le mode de vie de chacune d’elles, avec les inégalités sociales qui prévalaient. Donc c’est ici l’aspect sociologique Il a été également déterminé par le type de personnages qui évoluaient dans la trame narrative, selon leurs caractères, leurs motivations, leurs désirs, leurs frustrations. L’étude psychologique de ces personnages n’était pas aisée. Il fallait donc respecter la personnalité de chacun en fonction de ces critères énoncés. Ces personnages étaient des gens ordinaires qui appartenaient à la dernière hiérarchie sociale, qui ne possédaient ni charisme, ni force persuasive, afin de s’aventurer à la conquête d’un certain leadership. Malgré ces désavantages dont ils souffraient, il n’en demeure pas moins qu’ils incarnaient une symbolique et les gens recherchaient leur compagnie. Ils n’avaient rien à offrir, sauf leur verbe, leur humour, leurs facultés psychologiques atypiques. Chacun d’eux incarnaient un livre dont la lecture ne s’achevait jamais, tant le renouveau état chez eux assuré par leur propre génie.

Qui étaient ces personnages ? Ils étaient le maraudeur, le mythomane, le vaniteux, l’idiot, le pied-bot, le frappeur de l’œil, la libertine, c’est-à-dire les personnages d’un livre qui s’intéresse à l’étude psychologique de la littérature française classique du 19ème siècle. C’est dans cette pléiade qu’évoluait le personnage principal qui n’était autre que le vaniteux. Celui-ci avait son vis-à-vis en la personne du mythomane. La proximité entre les deux personnages était malgré tout accommodante. Elle s’imposait dans toutes les assemblées de loisirs que tenaient au quotidien tous ces personnages. Elle ne générait aucun ressentiment entre eux, ni jalousie, ni envie. Chacun se suffisait de lui-même et s’inquiétait de son propre aura sur ses spectateurs de bouffonnerie en plein air. Le vaniteux agit ; le mythomane délire dans son imaginaire et ses fabulations sont bien construites qu’il est difficile de les déceler.

Le contexte social avait pour espace dans la petite ville coloniale présaharienne, Ain-Sefra, dans laquelle écumait le nationalisme, après le long silence des armes qui avait suivi la longue insurrection de Bouamama. Des ethnies et des confessions cohabitaient dans leur quotidien dans leur quête permanente du pain, dans leur modestie, leur humeur, leurs désirs, leurs ambitions, loin cependant des frictions politiques qui engendrent irrémédiablement des antagonismes. Tout le monde connaissait tout le monde et personne ne possédait une fortune outrageante qui infailliblement aurait indisposé l’état d’esprit collectif et créé des animosités individuelles. Il n’existait pas de grands bourgeois dans cette petite ville et les petits bourgeois se comptaient sur le bout des doigts. Certes il existait des inégalités sociales, mais elles n’étaient pas criardes, loin d’être offensantes. L’on retient aussi que personne ne mourrait de faim, car chacun se débrouillait comme il pouvait pour gagner sa subsistance.

L’élément sociologique qui retient l’observateur se situe au niveau de la tolérance entre les individus, entre les religieux, entre ceux-ci et ceux-là. Il n’existait donc aucune secte religieuse chrétienne, ni mouvement salafiste musulman, encore moins des extrémistes juifs dont la communauté était négligeable en nombre. Les lieux du culte étaient ouverts pour leurs propres fidèles dont les prêtres, rabbin et imams officiaient leur ministère loin de tout prosélytisme. Les bars avaient aussi leurs fidèles de diverses ethnies et diverses confessions : Musulman, chrétien, juif faisaient la bringue à un même comptoir. La mosquée, l’école coranique, les taleb et les oulémas existaient aussi. Mais ils ne s’insurgeaient pas contre les buveurs de vin, les amateurs du vice, les quelques libertines appartenant à leur propre religion. Pourtant, l’islam orthodoxe malékite prédominait comme à son apparition au 8ème siècle de notre ère au grand Maghreb. Il faut dire aussi que la petite ville vivait dans un conservatisme collectif et que toute innovation pouvait offusquer le musulman, le chrétien ou le juif. Nous n’omettrons pas de dire ce même caractère tolérant régissait les écoles ecclésiastiques dont la plus importante, le lycée Institution Lavigerie, ou celle de sœurs blanches qui prodiguaient l’enseignement général ou artisanal.

Cette tolérance au niveau individuel s’illustrait dans la relation de la cité chérifienne avec son fils, le maraudeur, qui ne fut jamais inquiété, ni maltraité, ni matraqué pour ses maraudages de fruits et légumes, pour l’unique raison qu’il était handicapé physiquement et chef de famille nombreuse. C’est un exemple comme tant d’autres non cités qui illustraient la mutualité de la société colonisée face à ses moyes de subsistance très durs et quasiment incertains : les citadins gagnaient leur vie dans une agriculture vivrière ou dans quelques emplois de commis dans des administrations ou comme saisonniers dans des chantiers fortuits ; les autres, qui nomadisaient,  tiraient leur subsistance de l’élevage.

La trame narrative évoluait autour du vaniteux, le dénommé Mohamed dont la personnalité psychologique force notre admiration dans sa simplicité, sa modestie, son air affable. Mais il n’était guère bouffon. Au contraire, il ordonnait bien sa vie, son jardin, ses heures de loisirs. Ce caractère vaniteux n’est pas spécial, exceptionnel à son propre psychique. Il est universel et a suscité l’intérêt des écrivains, des psychologues, des penseurs qui en étaient tantôt émerveillés, tantôt critiques négativement. Les citations anciennes ou contemporaines sur cette faculté mentale ont foisonné. Pour donner une définition plus ou moins rapprochée, la référence à la citation de l’écrivain belge Jean Mergeai : « L’orgueilleux se regarde dans un miroir, le vaniteux se contemple dans les yeux des autres ». On déduit qu’il existe un lien entre l’orgueil et la vanité. Celle-ci par conséquent végète en nous-même à divers degrés. L’écrivain français Alphonse Karr étaye ce postulat en disant : « La vanité est l’écume de l’orgueil ». Ainsi Friedrich Nietzsche conforte cette idée par sa citation : « La vanité d’autrui n’offense notre goût que lorsqu’elle choque notre propre vanité ».  Marc Aurèle définit le vaniteux dans sa relation avec les autres :  « Le vaniteux fait dépendre son propre bonheur de l’activité d’autrui ; le voluptueux de ses propres sensations et l’homme intelligent de ses propres actions ».

Le vaniteux cherche à se vanter sans justification aucune, il peut même mentir par pure prétention et il en est conscient, contrairement au mythomane dont les mensonges ne sont pas intentionnels. Il cherchera toujours à être encensé par une quelconque formulation sensée ou maladroite. Quant à l’orgueilleux, il méprise les éloges indélicats

Tous ces traits caractériels se retrouvent inclus dans la personnalité de Mohamed, le personnage central. Sa femme, Fatma, les connaît merveilleusement bien et sait les courtiser pour obtenir ce qu’elle désire, assouvir ses caprices. Elle ne manipule pas son mari, mais elle le gonfle et la mue caractérielle s’opère vite. Mohamed passe alors de l’état colérique à l’état bon enfant. Il  lui achète les choses qui font plaisir à toute femme : foulard, petit flacon de parfum, produits de maquillage artisanaux, robes d’intérieur à bas prix. Il lui donne également l’argent pour aller au bain, remplir son devoir sociétal de congratulation aux naissances, baptêmes, mariage. Pourtant leur foyer vivait littéralement dans la précarité. Fatma l’appelle : « mon lion ». C’est parti : Mohamed rugit et s’apprête à aller en chasse pour rapporter la proie à sa compagne  Fatma parvient à convaincre son mari pour lui acheter une nouvelle robe de valeur (QIMA), à l’occasion du mariage de son propre frère, malgré la précarité de leur subsistance. Mohamed fait alors la tournée des magasins de tissus pour l’acheter à crédit, sachant que le remboursement état vraiment aléatoire, ce que les marchands n’ignoraient pas et le renvoyaient sans façon. Là encore l’orgueil le sauva chez le dernier marchand qui l’offensa en présence du caïd, un parent de sa femme. Le caïd paya  la robe et Mohamed repartit très heureux, comme peut l’être un enfant.

Le destin de Mohamed ne s’arrêta pas là. Son orgueil écuma et commença pour lui une longue histoire au bar. Il picolait presque tous les jours avec son ami Brahim qui en courtisait également la vanité de façon magistrale pour économiser ses sous. Au bar tout le monde venait  des civils, des militaires, des brutes, des sages, des couples français, la libertine. Parmi ces buveurs invétérés, il y avait un tyranneau, le légionnaire Hans, à la taille d’un Hercule et au courage d’un félin. Il narguait tout le monde au bar, comme dans la rue, percutait celui-là, molestait un

autre. Les gens le craignaient et l’évitaient. Même la police militaire ne l’inquiétait pas. Il était parvenu ainsi à être honni par les Arabes et les Français. Un soir de bringue, en rentrant à la caserne, il fut tué dans un bosquet de tamarix de l’oued.

Au bout de quelques jours, la gendarmerie fut dans l’impossibilité quête ne bloqua à identifier le coupable et ficela le dossier en accusant X. Mais le crime n’était pas crapuleux et les jours passants, il eut une certaine connotation nationaliste, car le nationalisme était en effervescence à Ain-Sefra, comme partout en Algérie. Le coupable anonyme fut tôt encensé par les Musulmans. Tout le monde  en parlait, c’était le point du jour de tous les jours. Un matin, Mohamed se rend chez le chef de la commune mixte et lui déclare : « Hé ! Hé ! Hé ! C’est moi qui l’ai tué ». Il est embarqué, transféré au tribunal militaire d’Oran. Il écopa de cinq ans de prison et fut ramené par train jusqu’à Méchéria. De là, il fut transféré à la prison de Tabelbala, conduit par des cavaliers spahis. Il était vraiment glorieux de son exploit et les prisonniers l’admiraient, l’adulaient.  Il purgea une année, quand le directeur de prison le convoqua et lui déclara placidement : « Mohamed, ce n’est pas toi le tueur. Tu es libre, rentre chez toi ».

Voilà comment cet ouvrage rend hommage à des gens ordinaires qui avaient créé leurs propres légendes. C’est ce que vous découvrirez en le lisant et plusieurs fois en interpellant votre esprit critique comme le suggère l’internaute dans sa note de lecture.

Aphrodite reviens ahmed bencherif

9 octobre, 2014
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