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La grande ode : un nouvel ouvrage de l’auteur


 

    La Grande ode 

                                          par Ahmed Bencherif                                  

 

 

     La Grande ode

 

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Jocelyne 

 

 

Heureuse qui comme Jocelyne fut aimée

D’un amour violent sans passion du désir

Voué à l’infini de forme sublimée

Qui naquit un soir d’été, soudain sans prévenir.

De présent généreux alloué au quidam

Le bel émoi me conquit, nourri de mystère,

L’immense prodige atteignit mon âme,

Dépêché avec heur d’un lointain univers.

Mon esprit débarqua dans son grand royaume,

Faire allégeance royale sans pompes,

Ne chercha à sentir les enivrants baumes,

Ni à voir les attraits gracieux qui dopent.

Mon coeur élit logis aux coteaux des Graves

Près de Maison Carrée pour sentir la chaleur ;

Il tremble, il guérit à ses mots suaves ;

A sa voix fluette, il jouit de bonheur.

Ma muse irriguait ses vergers assoiffés,

Curant son spleen mortel, lui chantant romance.

Heureux, j’ai communié avec la belle fée

Par delà les chemins, point de résonance.

Son flot de paroles m’enchantait à l’envie,

D’expression candide, au timbre mielleux,

Doux comme le zéphyr qui rafraîchit ma vie,

Par les soirées d’été ou les jours frileux.

 

10

 

Son verbe cultivait mon imaginaire

Qui n’osa par sacre esquisser le portrait,

Vu le temps d’un songe : cheveux noirs, peau claire,

Sourcils bien tracés, visage plein d’attraits,

De taille moyenne, formes gracieuses,

Au pas fier et souple à ses trois décades,

Aux joues pleines, couleur de cerise

De pommes émergeant en jolie myriade.

J’ai aimé ta vertu égale aux moissons

D’un champ très immense fécondé au soleil.

Trois mots du grand amour composent ma chanson

Interprétée de nuit, de jour à mon réveil.

Jocelyne ! Tu verras nos sapins, nos cyprès

Au pied de la dune ondulée par le vent

Où surgit la source fraîche, de fond doré,

Couronnée d’un bouquet de verdure flottant.

Les cristaux scintillants te feront caresses

Aux chevilles blanches, aux jambes fuselées ;

Tu jouiras bellement de plaisir immense,

Tu voudras cavaler et tu voudras rouler.

Tu feras ta pensée à notre Isabelle

Et sur la falaise au-dessus de la marre

Ton regard aimera la région rebelle

Traversée par l’oued, veillée par le Mekhter.

Notre lac est salé, ses eaux s’évaporent ;

Ses oies sont solitaires, ses berges déboisées,

Jusqu’à l’éternité son cycle perdure,

Quand tout aura été anéanti, rasé.

 

11

 

Dans la blanche koubba de mon saint aïeul

Surmontée de croissant, ceinte par quatre murs

Tes invocations franchissent le ciel,

Recueillies et bénies par les deux anges purs

L’odeur de piété te souffle repentance,

Te montre l’auguste silence éternel,

Te cure de tes maux, douleurs et transes,

Stimule tes envies à la vie, au label.

Garde mon souvenir vierge dans ton sein,

Fais-en un monument de paix et de joies,

Puise tes énergies, c’est un livre sibyllin.

Car je suis victime ulcérée de vos lois.

Le feu de mon amour brûlera pour toujours,

Les eaux bleues de la mer ne pourront l’éteindre.

J’ai tenté d’accéder à ton voeu sans détour,

Le leurre mourut bien avant de feindre

Et le vent raviva les flammes sans répit,

Je revins de suite captif de ma passion.

A tes mots, à ta voix, je chasse mon dépit.

Jocelyne, la reine de mes émotions.

Garde mon souvenir vierge dans ton sein,

Chéris-le comme un trophée merveilleux,

Que ta mémoire le garde pur et sain

Sans jamais l’altérer, captif de tes yeux.

Jocelyne ! Souviens-toi des moments merveilleux,

Vécus à travers les ondes sans frontières,

Dans la stratosphère à des milliers de lieues,

Où nos âmes se mariaient loin de la terre,

Du verbe magique qui glissait dans ton coeur.

De la joie ressentie pour me voir sur écran,

Tu restais captive de plaisir et douceur,

En suivant l’épisode à travers mon roman.

 

12

 

Tes mains frêles roulaient sur un simple clavier,

Libéraient un beau flot qui coulait en cascades,

Fraîches et pures, plus folles qu’un coursier,

Douces et suaves, au goût de muscade.

L’automne te souriait dans sa mue éternelle,

La couleur superbe des arbres t’enchantait,

Tu valsais dans les bois de chêne et d’érable,

Parmi les feuilles tombées qui crissaient.

Sur la plage entre deux mers magnifiques,

Tu livrais de belles impressions d’avenir,

Prodigieux stimulant pour ma grande fresque,

D’art subtil bariolé au son de la lyre.

Paris te semblait proche pour m’accueillir,

Partager avec moi le toit de ton amie,

Libérer nos belles émotions sans frémir,

Comblés par le bonheur d’être enfin unis.

Je vis alors Vénus, ses jardins et ses fleurs,

Ses sources limpides bruissant aux feuillages,

Ses fruits magnifiques d’inégale saveur,

Beau rêve d’évasion parmi les ombrages.

Au mois sacré, tu fis serment dans la mosquée,

A l’issue du prêche officié vendredi.

Ton âme avait bu l’odeur de sainteté,

Bénie par l’oraison d’augustes psalmodies.

Amusée de charme à peine dévoilé,

Elle vit venir la romance fortuite,

A la merci d’aléas, éphémère et sans suite,

La dompter à loisir et d’humeur la geler.

Vie rangée, la passion pour les jeunes femmes,

Comme si son coeur eût refroidi pour toujours.

Mais elle a tôt senti le souffle de l’amour

La combler de plaisir, l’envahir corps et âme.

 

13

 

Cavaler la jument n’est plus des temps présents,

La chose arriva quand même, impromptue,

Comme la mélodie de cymbale battue.

Courtoisie et respect se mêlaient au charme,

Déployé encore de façon timide,

Par crainte d’offenser l’émouvante dame,

Au visage pourpre, tel un fruit de grenade.

Le chagrin commença vers la fin de l’automne,

En ville côtière qui ferma nos beaux flux,

M’internant dans l’antre du silence monotone,

M’accablant d’angoisse, sans espoir de salut.

Le mâle dégradé se sentit menacé,

Déclencha la scène par sinistre calcul,

Intéressé par les acquêts et d’amour nul,

Imposant contraintes par les temps dépassés.

Le retour s’illustra de grande surprise,

Le miroir reflétait un nouveau visage

De liens forts fluctuants d’affection imprécise

Sur un fond de l’amour encore vierge.

La tigresse rugit avec fureur et prit l’élan,

Les griffes saillantes, le regard foudroyant.

Mais c’était son tigre calme et prévenant,

Affable et médusé, resté sur son séant.

Colère effrénée et la porte claquée,

Magma en irruption, foudre abattue !

La belle révoltée fut davantage louée,

Sa page en braise défendait sa vertu.

La paix revint très tôt, les deux âmes unies,

Le filon d’or caché émergea en beauté

Et surgit la crainte de l’instant redouté,

La fuite en avant engagée à l’infini.

 

14

 

Du temps mort souhaité, réputé restaurer

L’amitié vite mue en amour méconnu

Le dessein recherché n’est plus à espérer,

Fragile autant qu’un fil de soie ténu.

Nos esprits se croisaient dans le firmament,

Libres comme le vent, embarqués dans un char

Attelé aux chevaux ailés, beaux et charmants,

Eblouis de douce lumière sans dard.

Nos corps rivés au sol demeuraient impuissants

A faire de nos voeux une réalité

Martyre sans appel de l’ordre oppressant

Imbu de sa force et sans rivalité.

Nos pensées volaient lors de nos tristes fêtes

Du mouton sacrifié, du sapin érigé,

Leur longue échéance attendue avec hâte,

Geôle d’épouvante. Qui eût pu y songer ?

Jocelyne ! Prends ma main, l’avenir nous sourit,

Vivons la saga dans la joie et les ardeurs.

Mon dessein est noble, je serai le mari

Plus fou que l’amant brûlé par la langueur.

Corrige mon talent et ma hardiesse,

La musicalité des mots, le peu d’élégance.

Tu ne peux corriger ma grande faiblesse

L’engouement voué à tes magnificences.

Moins que ça ne puis-je te donner mon aimée,

L’unique foyer de mes émotions.

La comédie est vaine dans les grandes passions,

Car leur flamme surgit où tout semble calmer.

Ce serait te mentir, abuser de ta foi,

L’abeille se nourrit dans les jardins en fleurs,

Mon amour s’abreuve de tes belles ardeurs,

Ma conquête hardie n’est que de bon aloi.

 

15

 

Pourras-tu renoncer à ta sensualité ?

L’hypnose est éphémère, le réveil si brutal

Et l’être se morfond, terrassé par le mal,

Angoissé de remords, de chagrin, tourmenté.

Vois clair en toi-même, laisse jaillir le vrai,

Accepte ce destin venu tardivement,

Jouis-en avec heur, rien n’a plus d’attraits,

C’est la source de vie qui coule lentement.

Au soleil de midi jaunissant de l’hiver,

Inlassablement terni par de gros nuages

Noirs crasseux, gris cendre, épaissis dans l’éther,

Actifs avec furie, annonçant l’orage,

La blanche colombe quitta son pigeonnier,

Survola monts et flots, les prairies et les plaines,

Apeurée par l’aigle, traquée par l’épervier,

Hardie et fidèle arriva sans peine,

Becqueta ma vitre et me remit l’anneau

Porteur de nouvelles me disant son regret,

Pour cause mondaine célébrée au château

Toute l’après-midi afin de palabrer.

Je sentis ses odeurs ramenées par le vent

Et j’en bus à la lie l’extrait euphorique.

La vive boisson, le nectar magique

Dans une coupe d’argent, sous mon humble auvent.

Mon esprit chavira et mua en oiseau

Qui vola dans les airs et alla se poser

Sur la paume de sa main, plus frêle qu’un roseau,

Plus belle qu’une fleur, plus douce qu’une rosée.

Le courroux encore ! Les nerfs à fleur de peau,

Le visage rougi et les yeux enflammés,

Mise en garde et l’épée hors du fourreau,

La joie émerveillée sévèrement blâmée.

 

16

 

Au vent ! Point de gîte, l’heure n’a pas sonné,

Ressentiment impur, jusqu’alors inconnu.

Amère déception, le sublimé fané.

Grande perplexité, errance dans les nues.

Le temps s’était figé. Plus de jour, plus de nuit !

Le futur enfermait ses joies, ses tristesses.

Tôt l’esprit fut conquis pleinement par l’ennui

Et le coeur fragile assiégé de transes.

Le ciel s’était vidé de sa phosphorescence,

De ses couleurs claires, grises ou sombres.

La boule de feu perdit son incandescence

Le disque de platine s’enfuit dans les ombres.

Dans les bois silencieux, les feuillages dorment,

Les oiseaux sont en deuil, la faune se terre,

La cigale se tait et les fourmis chôment,

Le lièvre demeure cloîtré dans son repaire.

Halte ! Il faut penser. Trop de fatuité nuit.

La page est tournée, la romance mourut,

Le discrédit blesse, la hargne se poursuit,

Rien n’a plus d’intérêt, c’est l’heure de la mue.

L’artiste dessina de belles images

Figurées clairement avec talent et art ;

Le mage dispensa de probants adages

Avérés dans la vie, sans bruit, ni fanfare.

Le poète chanta l’idylle sibylline ;

Le courtisan se crut proche de son dessein

Par la voix, les regards, les traits et les signes.

Ivre de passion qui prenait son chemin.

Le Seigneur exhorte les humains à aimer.

Ceux-ci sont des frères par le sang ou le culte.

La mue peut s’opérer si l’ardeur est calmée.

L’amitié et l’amour mèneront leur lutte.

 

 


3 réponses:

  1. NADIA écrit:

    Merci Ahmed!tu es plein de tendresse amicale!!!

  2. bencherif écrit:

    Nadia, ta culture immense égale ta sagesse : elles cohabitent en parfaite harmonie. Ton goût pour la poésie n’est pas à dre.
    Ainsi faite, tu es merveilleuse!

  3. NADIA écrit:

    Me voilà transporter par cette magie des mots; ces mots d’une sensualité extrême…
    Là , commence la féerie :

    Son verbe cultivait mon imaginaire

    Qui n’osa par sacre esquisser le portrait,
    Garde mon souvenir vierge dans ton sein,

    Chéris-le comme un trophée merveilleux,

    Que ta mémoire le garde pur et sain

    Sans jamais l’altérer, captif de tes yeux.

    ET SE POURSUIVRA TOUT LE LONG !!! Merci Ahmed, tu es fantastique!

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