ahmed bencherif écrivain et poète

Bienvenue sur le blog de ahmed bencherif blog de culture et Littérature

2
mai 2024

 

l émergence du nationalisme algérien 1515_1953 0-7 screenshot

mes chers lecteurs, je vous annonce la parution demlon nouvel essai historique aux editions le lys bleu Pais

29
avr 2024

mon nouvel ouvrage paru aux éditions le Lys bleu Paris, intitulé ‘l’émergence du nationalisme algérien 1515-1953. . c’est l’histoire de la nation algérienne en tant que telle n’en déplaise à ses détracteurs … la nation algérienne moderne existe bel et bien depuis 1620, sous la forme gouvernementale de république.

commandez-le dès à présent vous en serez ravi et vous le lirez plusieurs fois de suite.

 

14
fév 2024
Posté dans Non classé par bencherif à 8:58 | Pas de réponses »

Ahmed Bencherif - Biographie, publications (livres, articles)

11
jan 2024
Posté dans Non classé par bencherif à 12:26 | Pas de réponses »

Centre universitaire Salhi Ahmed

Naama

Journée d’études sur le roman francophone algérien

Le 4 décembre 2023

 

Margueritte : du roman historique à l’essai historique

De l’auteur  Ahmed Bencherif

 

La littérature, c’est projeter sa vie vers l’autre, la vie des autres vers l’autre ; elle est essentiellement humaine, dans ce sens qu’elle exprime nos forces et nos faiblesses, nos pulsions et nos désirs ; c’est présenter notre personnalité comme reflétée par un miroir parfait en surface et une sonde introspective dans notre moi profond. C’est notre cœur, notre âme qui parle tour à tour. C’est dire une fusion ou même une confusion de passions et de spiritualité, autrement dit une sagesse donc une forme de la raison. Elle a recours au langage pour s’exprimer, exprimer, éblouir, transporter dans l’imaginaire. Ecrire c’est parler de soi ou des autres, utiliser un style, employer des règles, des principes, une grammaire, une orthographe, un plan. Donc c’est quelque chose de normative qui s’impose. Ecrire, c’est laisser un relief de sa propre culture. Cette écriture est confrontation en double communication avec soi-même et autrui.

La littérature est souvent de culture plurielle, en un seul style d’écriture. C’est le cas de la littérature maghrébine d’expression française. Dans la littérature maghrébine, le pluriel s’impose, c’est le nous, c’est toute la société qui est visible dans la trame romanesque, d’où s’explique la multitude des personnages et une pluralité des héros. Ce n’est pas la ville urbanisée, modernisée, cultivée et partant espace  de l’individu agissant. L’individu est donc histoire en propre qui se distingue de la société, une forme d’égoïsme. Mais c’est le village, le douar, la ruralité qui manque cruellement de tout : ni école, ni viabilisation. C’est le groupe social, la tribu, la fraction mais jamais l’individu agissant. Nous relevons  ce caractère dans les moissons en la forme du volontariat bénévole, cette Touisa ; on va encore payer le taleb l’imam sur fonds privés par cotisation. Donc il existe toute une échelle de valeurs où l’individu a été formé et donc pour le cas c’est l’écrivain.

Cette littérature procède à la fusion du Maghreb et de la langue française qui sont deux univers différents.   C’est le lieu des métissages des cultures, le lieu des ouvertures et des accès offerts par la langue française, le lieu de coexistence de deux cultures qui dialoguent, s’entrechoquent,

D’un point de vue historique, il existe une littérature maghrébine depuis 1945.on distingue aussi une disjonction de trois ensembles de textes avec perméabilité. C’est avec les relations politiques et diplomatiques avec la France que l’on peut distinguer ces trois types de mouvements littéraires :

-  les littératures nationales produites en arabe classique, berbère ou dialectal échappent  à l’influence française.

- les textes qui s’inscrivent dans une logique coloniale écrits par des Français pour un public français.

- les textes se réclamant d’une identité maghrébine produits par des Maghrébins d’abord engagés au moment des luttes pour les indépendances qui vise un public français dont il fallait attirer la sympathie ; aujourd’hui cette littérature est devenue classique et figure parmi les programmes scolaires. Elle a survécu à l’arabisation dans les trois états. De nos jours elle s’adresse à un public maghrébin plutôt que français, installant un nouveau dialogue entre les deux rives. Les auteurs se servent de la langue française parce que l’histoire de leur pays l’a voulu.

Le débat critique est souvent biaisé et obéit à une forme de passion, loin de la sérénité avec l’ex colonisateur : les conflits refoulés, tour à tour l’attirance et la répulsion, les désirs camouflés sont en jeu dans le rapport avec lui. De plus, l’affirmation de soi est sans cesse convoquée, comme si elle était constamment contestée par l’ex colonisateur, qui l’est en fait- dans son subconscient.

La colonisation avait produit un phénomène d’acculturation. Cela avait posé une question essentielle ou disons existentielle : fallait-il écrire avec la langue du colonisateur sans être aliéné. Cette question ne cessa de hanter nos écrivains. Le système colonial diffusait sa langue, sa culture par la presse, l’administration, la justice en dressant de solides barrières pour la langue arabe et berbère, par la fermeture des écoles, des séminaires, des universités traditionnelles. Il visait tout simplement l’assimilation des populations maghrébines pour les intégrer dans un ensemble de francophonie encore en formation. Sa tâche n’était pas aisée cependant, car les langues locales étaient solidement enracinées dans les trois sociétés qui avaient produit quand même un modèle de civilisation arabo-musulmane.

Alors c’est avec la langue du colonisateur que nos écrivains s’étaient exprimés. Ils ont composé des textes de dimension littéraire et identitaire complexe.

L’essai est le premier genre adopté. C’est une prise de parole, une manifestation de soi, par laquelle il revendiquait une place dans l’espace colonial. L’écrivain y recourait pour apporter sa contribution dans un débat ou politique ou culturel. C’est un sous-genre, une littérature orientaliste, exotique qui met en lumière des peuples étranges au public occidental. C’est l’ouvrage  autobiographique de Mohamed ben si Ahmed Benchérif, produit en 1921 dont il raconte les campagnes militaires au Maroc et en Allemagne et qui ne manque pas d’exotisme. En fait cette timide contestation n’est pas évidente à première lecture et ce roman semble plutôt faire allégeance au pouvoir colonial qui lui consent un espace – si limité soit-il – dans ses institutions éditoriales. « Echantillons » de la réussite de la mission civilisatrice de la France, ces auteurs semblent n’avoir acquis leur statut d’écrivains et d’intellectuels qu’au prix d’une « trahison » et peuvent être exhibés comme justification de la politique d’assimilation.

C’est dans cette optique, que j’ai dû  choisir le genre  du roman historique pour mon tout premier texte littéraire. L’œuvre historique monumentale de Charles Robert-Ageron ( Les musulmans algériens et la France 1871-1919 )  m’avait conduit à me poser des questionnements sur le drame colonial, les formes de résistance pacifiques. Donc Ageron avait développé tous les segments de la vie sociopolitique de l’Algérie coloniale pendant cette période 1871-1919, mais également l’insurrection de Margueritte ou des Righa du 26 avril 1901 dont il avait développé les causes et les conséquences.

 

Donc j’ai élaboré Marguerite ( Margueritte) en 2 tomes, le premier ayant trait au drame colonial, le second à l’insurrection elle-même. Les deux volumes ont été publiés en France, respectivement chez Publibook et Edilivre Paris. j’avais tiré un grand profit de la chronique du temps du défunt Laadi Flici (Qui se souvient de Margueritte ? ), ouvrage peu volumineux mais qui retranscrit les auditions au procès de la cour d’assises de Montpellier, desquelles j’ai pu reconstituer l’insurrection en cause et du procès des insurgés.

Je dois revenir à mon introduction pour apporter mon modeste témoignage sur l’engagement de la littérature maghrébine d’engagement. Mon éditeur Publibook m’invite le 19 mars 2009 au salon international du livre de Paris. je m’y étais préparé en achetant un lot de livres que devait présenter mon éditeur au salon. Mais il fallait le visa pour m’y rendre. Après trois mois d’enquête, le consulat d’Oran me refusa ce visa. Quelle déception ! J’engage un bras de fer avec l’Etat français pour me dédommager et lui signifier l’injustice dont j’ai fait l’objet. J’écrivis au Président de la république française, M. Sarkozy. Son chef de cabinet me répond en me disant que mon courrier a été lu par le Président de la République française et qu’il avait chargé le ministre de l’émigration, M.  Eric Besson. Celui-ci m’écrivit en effet et aprs plusieurs mois, il me répond que la décision du consul général d’Oran était justifiée et que si vous voulez encore faire un recours écrivez à la haute commission des recours. J’avais tout simplement abandonné. Mais j’étais heureux d’avoir la preuve d’avoir la preuve que mon œuvre était anticoloniale. Ces dernières années j’appris par de hautes autorités algériennes instruites sur les visas que désormais mon nom figurait sur la liste noire des autorités consulaires françaises.

Pour revenir à mes publications, j’avais fait quelques présentations de mon œuvre au niveau de notre wilaya d’abord par une vente dédicace à la maison de la Culture Naama et des exposés à Ainsefra sur invitation de l’association Safiakettou. Les débuts étaient tristes et ne présageaient pas du tout mon succès. J’avais créé mes sites en 2010 et je commençais à être connu. Puis, en 2012, je reçus une invitation par l’association Nour de AinTorki (Margueritte) pour présenter mon œuvre. Enfin, une lueur d’espoir qui revient. Je publie l’invitation sur mon blog. Une agréable surprise m’attend. Un Français, Christian Pheliene, fait un commentaire sur mes sites et me demande de l’inviter. Je lui réponds que j’en étais heureux mais je transmets votre demande à l’association. Il fut en effet invité. Donc, je me rend à AinTorki. Je constate une mauvaise volonté manifeste des autorités locales. Le maire n’a pas voulu mettre à la disposition de l’association le centre culturel dont la présidente fut obligée de louer une salle des fêtes à 18.000 dinars. M. Christian Pheline était là. On fait connaissance et il m’apprend qu’il était un visiteur de mes sites et qu’il avait lu mon œuvre Margueritte. Nos échanges étaient sommaires cependant.

Deux ou trois mois plus tard, j’appris que M. Christian Pheline était de retour, qu’il avait publié un ouvrage historique en France intitulé ‘ L’aube d’une révolution, Margueritte Algérie 26 avril 1901’. L’auteur était rentré en Algérie précisément à Aindefla, il avait dédicacé son ouvrage au lectorat de cette wilaya. Puis, il a eu la chance de rééditer son livre en Algérie aux éditions La Casbah. J’achète en France quelques copies. Je lis et je relis l’ouvre que j’analyse en toute objectivité. J’ai un goût amer au niveau affectif et au niveau mémoriel :

-. L’auteur se réfère à un historien américain qui, selon lui, notre peuple s’accommode de la colonisation et veut bien l’être. Il traite le chef de l’insurrection comme un thaumaturge qui suçait la langue des autres pour se faire obéir. Les impairs font légion.

-.   J’ai ressenti une grande peine. J’avais l’impression qu’on volait mon succès. Pire encore, cet auteur est l’invité de la radio chaine trois et de la radio Aindefla. Tout comme des espaces journalistiques lui sont réservés.

Cependant, je ne m’avoue pas vaincu. C’est là que je fais de mon œuvre un projet d’écriture. Je tente un virage et je publie un essai historique ‘ Regard  critique sur l’œuvre de Christian Pheline aux éditions Chaab El Harrach. En 2015, la chance me sourit. Je passe à Canal Algérie expression livre et deux émissions sont consacrés à mon œuvre Margueritte tome 1et tome 2. Je fais plusieurs conférences aux universités d’Oran, Batna, Tlemcen dans le cadre de colloques internationaux ou maghrébins ou invités. Plus tard le centre universitaire Salhi Ahmed de Naama m’ouvrit ses portes.

Mes lecteurs m’exhortent à faire une adaptation cinématographique de mon œuvre. Alors, je la réédite sous le titre de ‘Margueritte revisitée aux éditions Al Moutaqaf Batna en 2019. Je conclus un contrat avec un scénariste, puis je prends contact avec un producteur à Boumerdes. Ce dernier me dit que le ministère de la Culture n’accorde pas de subventions. Encore une fois, la chance me lâchait. J’étais convaincu que Christian Pheline me volait mon succès. En effet, je découvris que le juge d’instruction de l’affaire Margueritte était son arrière-grand-père et qu’il tentait de le disculper de ses interrogatoires abusifs et de ses arrêts injustes. Alors, en 2020, c’est le vrai virage du roman historique à l’essai historique. J’entame le procès des insurgés de Margueritte. La recherche documentaire et l’écriture ont été longues et éprouvantes. Je m’initie aux méthodes scientifiques et je m’inspire de l’œuvre du maitre Charles Robert Ageron. Puis, je plonge dans le passé lointain et je tombe sur les chroniques judiciaires de l’époque. C’était vraiment un procès passionnant, célèbre de son temps.

Au début de janvier 2021, mon essai était achevé. Puis commença le marathon pour trouver un éditeur avec toutes les craintes de me voir signifier un refus. Cependant, j’avais visé haut. J’avais soumis entre autres mon manuscrit aux éditions l’Harmattan, l’une des plus grandes maisons de France qui publie essentiellement les œuvres sociales, les thèses de doctorat. Je reçus une réponse favorable et cet éditeur m’invite à corriger les fautes d’orthographe. C’était le COVID et j’étais en déplacement à Bechar où j’avais subi une chirurgie oculaire. Finalement, je parviens à faire les corrections nécessaires et en 2021, le procès des insurgés de Margueritte cour d’assises de l’Héraut 1902-1903 est publié en mars.

Non seulement mon nouvel ouvrage scientifique est là mais j’avais le noble sentiment d’entrer dans la cour des Grands. Ma carrière académique commençait. En effet, je suis interviewé pour la première fois par un journal de Montpellier en France, puis l’annonce est faite en Algérie par un organe de presse. Je propose ce livre d’histoire de 300 pages au recteur de l’université de Tlemcen pour l’intégrer dans la recherche scientifique historique. Je reçois une réponse favorable et le laboratoire d’histoire organise pour moi un séminaire en juin de la même année. La saga de Margueritte était désormais à l’international. En effet, sur le net je tombais sur podscat où deux universitaires avaient fait un exposé sur Margueritte. Il se trouve que ce sont des chercheurs l’un anglais, l’autre américain, qui travaillent sur l’Algérie coloniale française. Sans difficultés, je trouve leurs contacts et je leur annonçais ma nouvelle publication et je leur proposais de l’intégrer dans leurs travaux de recherche :

-. La Docteure Jennifer Sessions me répondit qu’elle venait de recevoir une copie du procès des insurgés de Margueritte et qu’elle avait également lu mon roman historique qu’elle dit avoir apprécié. Elle l’intègre dans ses travaux de recherche à l’université de Virginie aux USA, d’autant qu’elle bénéficiait d’une bourse de recherches d’une grande association et qu’elle avait séjourné plusieurs en France.

-. Le   Docteur Arthur Asheraf est aussi professeur chercheur à l’université de Cambridge au Royaume Uni. Il accepta avec un réel plaisir de l’intégrer dans ses recherches scientifiques.

Pour revenir à la mauvaise volonté des autorités locales de la Wilaya d’Aindefla. Dix ans plus tard, je connaissais ma plus grande déception. J’avais proposé à la bibliothèque principale de faire le premier colloque national sur cette insurrection. Son directeur accepta et j’avais toujours cette crainte de voir surgir une entrave. J’avais un panel de professeurs en histoire avec qui nous avions fait un colloque national sur le soutien international autre qu’arabe à la révolution algérienne. Parmi eux, se trouvaient trois professeurs de l’université de Khemis Meliana. Ils décidèrent de boycotter ce colloque. Je sollicitais une audience au Wali d’Aindefla en l’informant de mon projet de colloque et en lui disant que je rencontrais des entraves et que je devais les révéler de vive voix. Il me convoqua. Je m’y rendais par une journée froide et pluvieuse de décembre. Hélas, le Wali n’a pas voulu me recevoir. J’était révolté du peu de considération qu’il m’accordait. Je retourne chez moi à Tlemcen et je lui envoie une lettre dure de ton mais respectueuse. Pour moi, c’était la fin de mes activités à Aindefla.

Mais pourquoi cette mauvaise volonté. Nous avons la réponse dans les évènements de l’insurrection de Margueritte elle-même que je vais exposer brièvement

Résumé

Une trentaine d’individus s’étaient réunis au mausolée de sidi Bouzar le 25 avril 1901, sous la direction de deux hommes : Yakoub Ben ElHadj et Taalibi Ben Aicha. Ils passaient en revue les préparatifs de l’insurrection qu’ils avaient projetée de mener le lendemain. L’insurrection de Margueritte ( Righa) est déclenchée le vendredi 26 avril 1901. Cent-vingt-cinq hommes marchent sur le village de Margueritte, située à neuf km du village  de Meliana. Sur leur chemin, ils passent par la maison forestière. Le garde champêtre prit son fusil Lebel et tira un coup de feu, dont la balle a été déviée de sa trajectoire. La riposte est immédiate et il est tué par un projectile. Ils arrivent au village et rassemblent les habitants, tous des colons, sur la place publique. Pourtant, ils sont terriblement menaçants. Ils  contraignent les Européens à se convertir à la foi musulmane. Cinq Européens, qui avaient refusé de renier leur foi, sont massacrés dont l’un survivra à ses blessures graves.

Vers dix-sept heures, une compagnie arrive aux abords de Margueritte et une confrontation se produit avec les insurgés dont dix-sept tomberont au champ d’honneur, du côté des soldats, un tirailleur en est mort. L’insurrection était réprimée dans le sang. Pourtant, le  lendemain est sur pied de guerre. Deux-mille soldats, entre Zouaves, Tirailleurs, sont sous le commandement du général Octave Gilet. Il y eut un affreux et criminel ratissage

Dans la forêt. Des morts sans sommation, des vols de bijoux, des saccages,  des viols de femmes. L’opération est achevée trois jours plus tard et quatre cents hommes sont arrêtés, ramenés à Margueritte et interrogés.   

         Donc, les viols des femmes restaient tabous pendant 120 ans au sein d’une société conservatrice. L’affront persistait, l’humiliation aussi. Il se trouve que parmi les principaux insurgés, il existe par les temps présents des descendants qui sont des personnalités influentes, introduites au sein des autorités communales et de la wilaya. Je ne leur en veux pas. Ce ne sont pas des hommes instruits mais qui protégeaient à bras le corps ce secret de viols.

Cependant, le projet de colloque national est toujours d’actualité. Je souhaite l’organiser à la wilaya de Naama dont les autorités locales m’ont toujours présenté leur soutien.

Pour finir, je ferai un bref résumé du procès des insurgés de Margueritte

 Instruction judiciaire Blida :

              Maxime Pheline, l’arrière-grand-père de l’auteur Christian Pheline qui cherchait à le disculper, a été nommé en cette qualité sur la proposition du parti colonial dont il subissait l’influence conséquemment. L’enquête commença le 28 avril et s’acheva le 14 juin. Au 1er mai, 101 suspects étaient incarcérés à la prison de Blida. Au 1er juin, 179 étaient  inculpés. Le juge  d’instruction, malade, est remplacé par le juge d’instruction Marneur.  Le procureur de la république Poinsier donna  non-lieu pour 13 suspects et maintient 166. La chambre d’accusation d’Alger reprend l’instruction et donne non-lieu pour 63 suspects et décide le renvoi de 125 inculpés.

Dès le début du mois de mai, la liste des jurés était établie par la commission siégeant à la cour d’assises d’Alger. Elle comprenait 24 titulaires et 10 suppléants, tous des Européens. Ils étaient appelés à siéger à la session d’assises prévue pour le 12 du même mois, sous la présidence du conseiller à la cour M. Andrée De Réonard, assisté de deux conseillers Cardot et de Grozart. Le 4 janvier 1902, les 125 inculpés sont transférés à la prison Barberousse Alger. Au début de mai 1902, la liste des jurés est établie, elle comprend 24 titulaires et 10 suppléants, tous des Européens.  Ils doivent siéger le 12 du même mois en cour d’assises. Le conseiller André de Réonard est désigné président de la cour d’assises, assisté de deux conseillers,  Cardot et Grozard.

              Défense  

Maitre L’ Admiral  dépose un mémorandum pour demander la délocalisation du procès vers une cour d’assises en France. Il savait que les colons exigeaient la pendaison des 125 insurgés sur la place publique sans aucune forme de procès. Le 12 avril 1902, La délocalisation du procès est acquise, d’où indignation du parti colonial. C’est désormais un procès métropolitain qui obéit aux règles du droit et de procédure. La cour de cassation confia l’affaire à la cour de l’Héraut, Montpellier.

             Transfèrement à la prison de Montpellier

Avant le transfèrement des prisonniers en France, un bilan sanitaire a été établi. Il révèle que le nombre de décès dans les prisons algériennes était de 16  dont deux à la prison Poinsier de Blida et de quatorze autres à celle de Barberousse Alger. Ils sont désormais 107 accusés. Ils sont transférés à Montpellier le 20 novembre 1902, après 18 mois de détention dans les geôles algériennes. C’est le mois de ramadhan. Le président, M. Rouquet, le juge d’instruction, M. Fresquet et le procureur de la République M. Giraud les attendent. Les prisonniers franchissent la porte d’entrée par file de quatre personnes. À midi, la porte se referme sur les accusés. Aussitôt, le repas chaud leur est servi.

Le substitut du procureur général, M. Vincent, leur rend également visite. Puis ce fut au tour du Secrétaire général de la préfecture, M. Duponteil, et le chef du cabinet du préfet, M. Arnaud. Leur visite devait nécessairement être sanctionnée par un rapport destiné au ministère de l’Intérieur, Président du Conseil, M. Waldeck-Rousseau.

              Cour d’assises de Montpellier président Rouquet               

La cour d’assises ouvre la session criminelle le 15 septembre 1902. Le procès s’ouvrit le 15 décembre 1902, sous la présidence du conseiller Rouquet, en même temps président de la cour d’assises. Il était assisté de deux assesseurs Weyer et Moudet. Deux autres assesseurs suppléants leur sont adjoints sans droit à la parole, sauf en, cas d’empêchement d’un titulaire, alors ils prennent part aux délibérations.

Le procureur général Laffon voulait des têtes. Il était assisté par ses adjoints.

La colonie était aussi présente. Le gouverneur général avait tout fait pour être partie au procès. Il était représenté par le chef de service Luiciani qui pendant les débats justifiait les séquestres et les ventes par licitation comme mesures légales. Il tentait de couvrir les exactions commises sur cette tribu Righa en Algérie et il qualifiait les insurgés de fanatiques.

Le jury était constitué après une large consultation. Ils étaient 12 membres dont le chef des jurés, M Jean Paul-Marie Plagnot.

Des dizaines de journaliste couvraient le procès. De grandes personnalités étaient présentes politiques et intellectuelles. La salle était archi comble par le public. Des hommes et des femmes témoignaient leur sympathie aux prisonniers. Des dames leur payaient les honoraires d’avocats, leur emmenaient des repas et des vêtements à la prison.

                 Le verdict

Les débats durèrent 40 jours et le huit février 1902 le verdict tombait. Il était plus ou moins clément. Car, aucune peine capitale n’avait rendue.

Travaux forcés à perpétuité

  1. Yakoub Mohamed Ben elhadj Ahmed    (accusé n °1)
  2. Taalibi elhadj Ben Aicha                         (accusé n° 2)
  3. Bourkiza Mohamed Ben Sadok               (accusé n° 3)
  4. Abdallah El Hirtsi Mhamed                      (accusé n° 5)

                    Travaux forcés à temps limité

  1. Taalibi Miloud Ben elhadj Djilali (accusé n° 4) : 15 ans de travaux forcés et d’interdiction de séjour.
  2. Hammadi MohamedBen Tifouri (accusé n° 20) 7 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour.
  3. Abdallah Otmane Ben elhadj Mohamed (accusé n° 21) 5 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour.
  4. Ben Youcef Salem Ben Salem (accusé n °18) 5 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour.
  5. Bouaziz Mohamed Ben Youcef (accusé n° 53) 5 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour.
  6. Hammadi Mohamed Ben Amar (accusé n° 17) 5 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour.
  7. Hennour Kouider Ben Aissa (accusé n ° 12) 6 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour.
  8. Amar Ostmane Abdelkader (accusé n° 49) 5 ans de travaux forcés et 5 ans d’interdiction de séjour.
  9. Couchi Said Ben Mokhtar, qui est condamné à sept ans de travaux forcés et de cinq ans d’interdiction de séjour

                  Réclusion et interdiction de séjour   

  1. Hennour BenAmra (accusé n° 10) 5 ans de réclusion et 5 ans d’interdiction de séjour.
  2. Benhannour Abdallah Ben Djilali (accusé n° 11) 5 ans de réclusion et 5 ans d’interdiction de séjour

                  Réclusion    

  1. Zerdi Ben Youcef (accusé n ° 19) 2 ans de prison
  2. Iddi Ben Ahmed (accusé n° 24) 2 ans de prison
  3. Mohamed Djillali (accusé n° 28) 2 ans de prison
  4. Meziane Amar Djillali (accusé n° 56) 2 ans de prison

                        Interdiction de séjour

  1. Mohamed Otsman Abdelkader Ben Mohamed (accusé n °6) 5 ans d’interdiction de séjour
  2. Ben Amar Abdelkader Ben Yahia (accusé n° 7) 5 ans d’interdiction de séjour
  3. Bourkiza ElHabib (accusé n° 66) 5 ans d’interdiction de séjour

 

                 Maison de correction

 

Couchih Mohamed (accusé n° 15) sera enfermé dans une maison de correction jusqu’à l’âge de 20 ans.

 

            

31
mai 2023

Ahmed Bencherif

Ecrivain chercheur

Conférence à la maison de la Culture  

Abdelkader Alloula Tlemcen

Samedi 27 mai 2023 à 14 heures

Thème : la grande bataille de la Macta

     La société algérienne au premier quart du XIX ème siècle  

          Le caractère tribal de  la société algérienne persiste et le domaine agricole privé très limité n’a pas permis la fondation d’une bourgeoisie nationale encore moins des propriétaires féodaux. Cet état économique laissait le pouvoir entre les mains du divan de la république militaire algérienne.

Les  communautés sont Kabyles Zouaouwa, Kabyles, Arabes, Maures d’Andalousie, Coulougli, Turcs. Mais il existe une excellente cohabitation entres ces groupes ethniques, cimentée par la religion commune, l’islam.

Au niveau sociologique, il existe deux genres de tribus :

-. Les tribus Makhzen. Elles sont puissantes, guerrières, riches. Elles occupent les plaines. En période de paix, elles perçoivent l’impôt sur les autres tribus qui leur sont attachées, qu’on appelle : Raya ( sujets). Elles-mêmes ne paient pas d’impôt. En temps de guerre elles sont mobilisées contre l’ennemi extérieur ou pour réprimer une rébellion intérieure, ou encore soumettre une tribu non soumise. Elles sont les auxiliaires de la petite armée turque. En fait, elles forment le gros de l’armée. Elles sont parfaitement connues par le divan. On peut citer un exemple les Douers et les Smélas.

-. Les tribus Raya. Ce sont des sujets soumis à l’impôt. Elles sont pauvres et non armée en général, très peu nombreuses. Elles ne possèdent pas de cavaliers ni d’armes à feu. En  cas de danger, elles sont protégées par le pouvoir ou les tribus Makhzen.

La puissance d’Alger réside dans sa marine de guerre redoutable, invincible. Elle possède plus de 35 vaisseaux et généralement ce chiffre baisse rarement.

L’effectif de l’armée turque est de 12.000 hommes et parfois, en temps de paix, ce chiffre descend jusqu’à 3.500 hommes. Elle est réservée aux Turcs d’origine, après qu’elle eût incorporé dans ses rangs des Maures et des Coulougli, par crainte de perdre le pouvoir.

Le pouvoir turc s’appuyait aussi sur les confréries religieuses ou les familles maraboutiques. Sans les tribus Malhzen, le Pouvoir turc n’aurait pas duré cette longue période, d’autant que les révolutions du peuple étaient courantes.

  1. I.                    Préliminaires  
  2. A.     L’expédition française contre Alger 14 juin 1830  

Le corps expéditionnaire se compose :

1. l’armée de terre se chiffrait à 37.551 hommes et 4.008 chevaux. Le parc de siège est composé de 82 pièces de gros calibre, 9 mortiers.

2. La flotte de guerre se composait de 20 vaisseaux, 24 frégates et 70 bâtiments ; la flotte de transport est formée de 500 navires pour le transport des troupes et du matériel, des munitions et des vivres pour deux mois.

Le corps expéditionnaire est réparti en 3 divisions :

1. La première  division sous les ordres du général Berthezène, elle-même fractionnée en 3 brigades sous les ordres des généraux Poret de Morvan, baron Achard, baron Clouet ; colonel Brossard, chef d’état-major de la division.

2. La deuxième division sous les ordres du lieutenant général du comte de Loverdo, elle-même fractionnée en 3 brigades ; la première sous les ordres Danrémont, Munck d’User, Colomb d’Arcines ; colonel Jacobi, chef d’état-major de la division.

3. La troisième division sous les ordres du lieutenant général duc Des Cars, elle-même fractionnée en 3 brigades, sous les ordres des généraux vicomte de Berthier, baron Hurel, comte De Montlivaut ; colonel Pétiet , chef d’état-major.

Le 14 juin 1830, cruelle mémoire   

Le 14 juin 1830, c’est l’agression contre Alger par le corps expéditionnaire sous le commandement du général de Bourmont. Alger, la citadelle hier encore imprenable, tombe aux mains des Français. C’est la chute du pouvoir des Turcs. Le dey Hocine capitule le 5 juillet et il lui est permis par le commandement militaire français de regagner la Turquie en emportant sa fortune estimée à quatre millions de francs.

Soucieux de préserver son pouvoir et ses intérêts, le bey d’Oran, Hassan, sollicite l’appui de Mahiedien qui va à Guetna tenir un conseil de tribu pour étudier la proposition du bey. Les membres sont unanimes pour aider le bey à préserver son pouvoir. Mais Abdelkader s’insurge et dit qu’il n’y avait pour sa famille aucune certitude pour protéger le bey Hassan contre le ressentiment général de la population dont il faisait l’objet. Il ajoute qu’un autre motif s’oppose à donner l’asile au bey Hassan : donner l’asile au représentant d’un gouvernement tyrannique méprisé et exécré serait considéré par les Arabes comme une approbation de sa conduite passée. Aussitôt mieux éclairés les membres du Conseil se rangèrent de l’avis d’Abdelkader.

                Oran

Le 4 janvier 1831, le général Danrémont entre à Oran et le dey Hassan s’embarque pour Alexandrie.  L’anarchie règne alors sur fond de brigandages les haines et les rancunes ravivent les passions

                Le cheikh Mahiedine, père d’Abdelkader, organise la défense

Abdelkader  se distingue sous les ordres de son père dans les confrontations du 3 et 7 mai, 16 et 23  octobre, 10 et 11 novembre de l’année 1831, sous les murs d’Oran. Abdelkader pieux, élégant, intrépide cavalier, habile dans les exercices du corps. Dans la rencontre du 7 octobre, chargeant jusqu’au milieu des lignes ennemies, il faillit être prisonnier et  son cheval avait reçu sept coups de baïonnette.  Sous le feu terrible, il réussit à ramasser son neveu si Tayeb blessé.

Mahiedine est sollicité pour son investiture de sultan, il refuse.  Sollicité encore une fois le 22 novembre 1832, il concède et consulte son fils Abdelkader qui répond : « le livre de la foi à la main et si la loi me l’ordonnait, je ferais moi-même  une saignée derrière le coup de mon frère ». « Voici le sultan annoncé par le prophète. C’est  le fils de Zohra. Obéissez-lui comme vous obéissez à moi, dit le pieux Mahiedine ».

La puissance d’Abdelkader est précaire. Il est nommé par trois tribus seulement, et il ne possède pas d’argent, qui est le nerf de la guerre. Il avait seulement trois pièces de 3 boudjous (3,50 francs) qu’il gardait dans un pan de son burnous. Pourtant, Il allait faire face aux dépenses d’un gouvernement régulier et à triompher de la résistance des chefs rivaux qui se disputaient la province d’Oran. Mascara lui fait allégeance et il en fait sa capitale.

Du côté français et sur la courte période 1831-1832, il y eut un mouvement des généraux de la division d’Oran, tous incapables de sortir des murs de la ville et dont les troupes rationnaient les vivres par le fait des difficultés de ravitaillement par terre. Car les tribus enveloppaient en permanence la ville. Quant au ravitaillement par mer, il durait plus de deux mois. Au général Damrémont avait succédé, en avril 1831, le général Faudois. Celui-ci est remplacé par le général Boyer surnommé le cruel.il est à son tour remplacé par le général Desmichels le 23 avril 1833. Celui-ci passe à l’action et lance des offensives sur Arzew et Mostaganem qu’il occupe.

L’année 1833 vit une série d’attaques de l’émir dont celle de Mostaganem. Les soldats de l’émir dépourvus de canons munis de pioches et à découvert défoncent les murs de la ville. Dans le courant de la même année, l’émir s’empare de la ville de Tlemcen triomphant et chassant le khalifa ben Nouna du sultan Moulay Abderahmane. Désormais, il a deux points d’appui : Mascara et Tlemcen.

Le général Desmichels est maitre de la ville d’Oran à l’intérieur des murs de celle-ci, qui est de plus constamment sous les attaques d’Abdelkader. Il est presque prisonnier dans sa propre garnison, privé de ravitaillement et le risque de sortir razzier les tribus limitrophes n’est pas sans danger. Il doit en priorité faire nourrir ses hommes de troupe. Pour atteindre cet il a un besoin pressant de paix. Aussi, il tente une négociation avec l’émir. Ce sera le traité Desmichels.

              Le traité Desmichels

« Traité de paix (Traité Desmichels). Le Général commandant les troupes françaises

dans la province d’Oran et l’Émir Abdel Kader ont arrêté les conditions suivantes :

ARTICLE PREMIER. — A dater de ce jour, les hostilités entre les Français et les Arabes cesseront. Le Général commandant les troupes françaises et l’Émir ne négligeront rien pour faire régner l’union et l’ami lié qui doivent exister entre les deux peuples que Dieu a destinés à vivre sous la môme domination. A cet effet, des représentants de l’Émir résideront à Oran, Mostaganem et Arzew ; de même que, pour prévenir toute collision entre les Français et les Arabes, des officiers français résideront à Mascara.

ART. 2. — La religion et les usages musulmans seront respectés et protégés.

ART. 3. — Les prisonniers seront rendus immédiatement de part et d’autre.

ART. 4. — La liberté du commerce sera pleine et entière.

ART. 5. — Les militaires de l’armée française qui abandonneraient leurs drapeaux seront ramenés par les Arabes. De même, les malfaiteurs arabes qui, pour se soustraire à un châtiment mérité, fuiraient leurs tribus et viendraient chercher un refuge auprès des Français, seront immédiatement remis aux représentants de l’Émir, résidant dans les trois villes maritimes occupées par les Français.

ART. 6. — Tout Européen qui serait dans le cas de voyager dans l’intérieur sera muni d’un passeport visé par le représentant de l’Émir à Oran et approuvé par le Général commandant. ».

Le 26 février 1834

          Incidences du traité Desmichels

Cependant le général crut à un succès et rendit compte avec un orgueil distingué à son gouvernement.  Il se met en valeur dans les lignes suivantes :

             «   Je vous annonce la soumission de la province d’Oran, la plus considérable et la plus belliqueuse de la Régence. Ce grand événement est la conséquence des avantages qui ont été remportés par les troupes de la division. »

Le traité envoyé à Paris reçut un accueil froid. Sa validation n’a pas suivi la ratification habituelle parla  voie parlementaire. Le gouvernement autorisa le général à signifier par écrit à Abdelkader que le roi avait approuvé le traité.

En clair, Abdelkader est libre d’agrandir son royaume et d’y intégrer les tribus de gré ou de force afin de détruire leur sentiment d’indépendance et leur donner en échange le sentiment national nécessaire à la résurrection de la nation algérienne. Il est conscient de cette mission noble et ardue et il entreprend de la réaliser en organisant son administration naissante. Il n’a pas non plus l’intention de se confiner dans les limites territoriales de la province d’Oran. La sécurité de la province d’Oran donnait à réfléchir aux tribus qui n’y dépendaient pas et qui étaient exposées aux raids des coupeurs de route ou de razzias de l’armée d’Afrique (française). C’est ainsi qu’une délégation des tribus du Titteri vint à Mascara voir l’émir et lui proposer de dépendre de son commandement. Il va en effet annexer de nouvelles tribus, de nouveaux territoires.  Donc, Abdelkader a un projet national à mettre en œuvre. Toutes les tribus d’Algérie apprécient l’ordre et la sécurité que l’émir Abdelkader a instaurée.

Abdelkader combat aussi les tribus le long du Chélif dont il triomphe et crée deux khalifats Mohamed El Berkani à  Médéah et El HADJ Mahi Esseghir à Meliana après avoir battu si El Aribi et hadj Moussa un marabout du désert qui s’était emparé de Médéah. Le traité Desmichels ne lui imposait aucune limite territoriale.

           Violation unilatérale du traité de paix

           L’émir Abdelkader envoie une copie du traité Desmichels au gouverneur général, le général Drouet d’Erlon. Celui-ci prend connaissance pour la première fois de la dite convention, quand il constate que le souverain arabe ne reconnait pas l’autorité de la France. Il prend une colère vive et requiert instamment le rappel du général Desmichels qui est remplacé par le général Trézel qui prend le commandement de la division d’Oran en février 1835. Le gouverneur général et le général Trézel sont tous d’avis pour modifier le traité Desmichels et obliger l’émir Abdelkader à reconnaitre l’autorité de la France et en être le vassal.

Trézel avait violé le traité Desmichels en commettant une razzia sur la tribu Hachem Ghraba, à laquelle appartient l’émir Abdelkader. Le général n’ignorait pas ce lien de parenté. Il avait fait faucher leurs moissons, piller leurs tentes. Abdelkader avait été mis au courant. C’est en clair une violation flagrante du traité de paix. C’est l’affrontement que recherchait aussi l’émir Abdelkader. C’est la grande bataille de la Macta.

La bataille de la Macta     

            Position géographique, indication approximative  

            Les marais de la Macta sont situés à 15 km au nord-ouest de Mostaganem et débouchent sur la plaine de l’Habra. Ils sont gardés par les monts Beni Chougrane au nord-est et les monts Tessala au sud-est. Le bassin versant fait une superficie de 14.390 km2. L’oued Sig est dans leur voisinage.

           Les forces

  1. l’émir.

L’émir déploie sur les rives de la rivière Sig, dans sa direction, 2.000 cavaliers, 800 fantassins. Mais des renforts étaient arrivés de Tlemcen dont on n’a pas les chiffres hélas.

2. Le général Trézel sort le 26 juin 1835, à la tête d’une colonne de 5.000 fantassins, un régiment de Chasseurs d‘Afrique, quatre pièces de montagne, vingt voitures de ravitaillement, un grand nombre d’ambulances.

               II. Relation  

Les Douers et les Smélas veulent commercer avec la garnison d’Oran, en échange de leur protection et du coup échapper aux exigences de l’émir qui leur avait enjoint de quitter les environs d’Oran pour s’installer du côté de Messerguine et chargea son agha Al Mazari d’exécuter cet ordre. Les deux tribus refusent et obtiennent la protection du général Trézel qui les reçut le lendemain au camp du Figuier et conclut avec eux une convention de protection en échange de leur vassalité et de ravitailler la garnison en denrées alimentaires et en bœufs. Le général vient camper sur les bords du ruisseau Tlelat et envoie une sommation à l’émir pour cesser d’inquiéter ces deux tribus vassales. L’émir répond qu’il reprendrait les deux tribus passées sous le drapeau français et il les réintégrerait à son commandement. Il appela des contingents à se réunir au Sig. La guerre éclatait de nouveau le traité Desmichels était rompu.

Le général Trézel sortit le 26 juin 1835 à la rencontre des contingents de l’émir. Il  disposait d’un régiment de cavalerie qu’il morcela en trois parties :

-. Deux escadrons forment l’avant-garde.

-. Deux escadrons aux flancs du convoi.

-. Deux escadrons ferment l’arrière-garde.

L’infanterie est aussi morcelée et le général Trézel n’en plaça pas assez pour soutenir la tête de sa colonne.

Au matin du même jour, la colonne est à peine sortie du taillis de Mouley Ismail, qu’est elle prise d’assaut par des combattants de l’émir, fantassins et cavaliers. La colonne du général Trézel panique sous l’effet de la surprise et la violente charge armée. Son avant-garde se rabat sur la colonne. Les Modjahidine poussent la colonne, attaquent le convoi, isolent un bataillon. Trézel réagit, enlève une partie de son arrière-garde et la déploie à l’avant du convoi. Les combats sont durs, furieux, rapides. Les Moudjahidine marquent un temps d’arrêt pour mieux continuer la bataille. L’ennemi en profite pour ramasser ses blessés et ses morts dont le colonel Oudinot.

Un dilemme se pose au général : continuer la lutte, ou battre en retraite dans de bonnes conditions. Le général accorde un repos à ses soldats, qui dégénère en récréation.

Le général marche vers le Sig, y arrive vers la fin de l’après-midi. Des Moudjahidine campent à proximité. Le général se leurre et essaie de leurrer l’émir qu’il somme à reconnaitre l’autorité de France. L’émir sait qu’il est victorieux, sinon en position de force. Il refuse fièrement. Il sait que la garnison d’Oran est à sa merci pour son ravitaillement et que la ville elle-même est enveloppée par ses contingents. Le général est en perte de confiance avec ses soldats. Sa colonne marche toute la journée du 27 sur le Sig et le lendemain, elle  marche vers Arzew.

Les troupes de l’émir la pourchassent sur une plaine qui finit à l’intersection de deux routes, l’une, les collines de Hamyan et, l’autre, les gorges de l’Habra. La première est plus facile à traverser, en ce sens qu’elle est découverte. La seconde est abrupte.

Trézel opte pour les gorges de l’Habra. L’émir envoie un millier de cavaliers, portant les fantassins en croupe, qui se déploient sur le défilé au moment où la colonne française s’y présente à l’endroit où l’Habra quittant les marais, prend le nom de la Macta.

Le général Trézel ne veut pas dégarnir son ordre de retraite pour contenir les Moudjahidine sur les hauteurs. Cette faute stratégique lui coûte très cher. Il envoie seulement deux compagnies pour balayer les collines. Mais les Moudjahidine les repoussent et les obligent à rester dans la vallée. Ils attendent le passage du convoi qui s’engage dans les gorges. Ils le prennent d’assaut. L’arrière-garde de la colonne française ne cherche pas à défendre le convoi, mais elle court à droite pour se réunir à la tête de la colonne.

Plusieurs voitures sont dépouillées de leurs charges et leurs blessés sont achevés, alors que d’autres sont entrainées dans les marais par leurs conducteurs épouvantés. Ces derniers arrêtent leur fuite sous la menace armée du maréchal de logis Fournier qui parvient à sauver 20 blessés seulement. Le désordre de la colonne française est entier, le nombre de victimes entre morts et blessés est incalculable.

Le champ de bataille est désolant par ses cris, ses râles, ses corps défigurés, gisant partout, telle une vision apocalyptique. Une partie des soldats français escalade difficilement et pêle-mêle sur un mamelon autour d’une pièce d’artillerie qui tonne désespérément sans effet. Elle est aussitôt attaquée par les Moudjahidine. Elle est isolée du reste de la colonne et tente de résister à mort. Quelques-uns de leurs chefs les convainquent à descendre du mamelon et à rejoindre la seconde partie qui a pu s’échapper et cherche la route d’Arzew au milieu du désordre général et elle ne parvient pas à la trouver.

Trois ou quatre officiers, Bernard, Allaud, Pastoret, Maussion, ont formé une petite arrière-garde composée de 40 chasseurs, 50 soldats de toute arme, soutenue par l’artillerie. Elle tente désespérément de contenir les assauts des moudjahidine. Mais elle est décimée. La colonne rentre à Arzew, après avoir marché 16 heures et combattu 14.  Le général Trézel trouve un renfort sous les ordres du commandant Lamoricière, secondé par les capitaines Cavaignac et Montauban. Il rentre à Oran avec une petite troupe par mer.

      

     Le bilan      

           -. Du côté français :

            Les pertes françaises sont : 280 tués, 500 blessés, 17 prisonniers ; perte d’un canon, des caissons à munitions, des voitures d’ambulance. Comme il est traditionnellement connu aux armées en guerre, le chiffre réel des pertes est gardé secret. Elles donnent un chiffre 4 à 5 fois moins que le véritable chiffre. Nous pouvons avancer, sous toute réserve, que selon ce désastre militaire français à la Macta, le chiffre de 1.000 morts n’est pas à écarter.

-. Du côté des Moudjahidine :

Nos longues recherches n’ont pas aboutit à donner un résultat des pertes. Certains auteurs français disent « Bezzaf », soit beaucoup. Mais ce beaucoup est indéchiffrable.        

            Le choc    

Ce fut le désastre militaire, une défaite cuisante dont le choc est terrible pour la France réputée de grande nation guerrière dont les généraux sont formés dans les académies militaires, dont l’industrie de l’armement est à la pointe du génie industriel universel. L’opinion publique, la classe politique, le parlement en sont scandalisés. Tous réclament des sanctions vigoureuses, des enquêtes, la vengeance. Le premier à en souffrir est le général Trézel.  Il fut immédiatement relevé et remplacé par le général d’Arlanges. Au gouverneur Drouet D’Erlon, succède le maréchal Clauzel, secondé par le fils du roi.

Au parlement, les débats sont houleux et le député M Thiers hurle vigoureusement :

« Ce n’est pas de la colonisation, ce n’est pas de l’occupation à une large échelle, ce n’est pas de l’occupation à une petite échelle, ce n’est pas la paix, ce n’est pas la guerre. C’est de la guerre mal faite ».          

Le maréchal Clauzel arrive le 10 aout 1835 avec deux grands desseins : l’extension de la puissance, la destruction de Mascara.  Il a pour mission de détruire Mascara, pour assouvir les soifs de vengeance des états-majors et de l’opinion publique.

Cette grande bataille aboutit à deux évènements majeurs :

-. Le premier est dramatique. C’est l’agression de Mascara par la colonne du maréchal Clauzel et du prince héritier, qui l’avait pillé et détruit de fond en comble et que l’énergique émir Abdelkader rebâtit entièrement.

-. Le second est heureux. Il conduit à la conclusion du traité de la Tafna du 30 mai 1837, qui reconnait la souveraineté de l’émir Abdelkader sur la province d’Oran et la province du centre, à l’exception des grandes villes, soit à peine deux ans après le désastre français à la Macta.

                   Bibliographie

Charles Henry-Chrchil ‘la vie d’Abdelkader’

Boualem Bessaih ‘L’émir Abdelkader

Alfred Nettement ‘ histoire de la conquête d’Alger

Henri De Grammont ‘histoire d’Alger sous la domination turque

Tlemcen le 27 mai 2023

Ahmed Bencherif

Ecrivain chercheur

 

 

 

              « A un homme façonné comme Abd-el-Kader dans un moule exceptionnel, homme dur comme le bronze, souple et plein de ressort comme l’acier, d’un esprit aussi vaste que le pouvait permettre son éducation, et qui, s’il était venu au temps de la jeunesse politique des Arabes, eut certainement accompli des choses immenses, à cet homme nous opposâmes aussitôt les caractères les plus variés, les talents les plus sérieux; quoique les plus divers ». Léon Plée

        « On a souvent comparé Abd-el-Kader à Jugurtha; il n’est pas sans quelque rapport avec Tac-Farinas. Celui-ci fut comme lui élu chef par une tribu insurgée; de même qu’Abd-el-Kader fatigua nos troupes, il fatigua les troupes romaines. Il alla comme lui, étant vaincu, chercher des forces dans le désert ». Léon Plée

Un nouvel adversaire : le général Desmichels

Le général Desmichels arrive à Oran le 23 avril 1833. Début mai, il sort de la place avec 2.000 soldats, tombe au point du jour sur la puissante des Gharaba Hachem,  la pille, la disperse.  La colonne est assaillie par des nuées de moudjahidine. La colonne rentre sans dégât majeur, et ravitaille Oran. L’appel du djihad par Abdelkader et son père est entendu et aussitôt les douars environnants se soulèvent. Ils viennent établir leur campement à trois lieues d’Oran, au ‘Figuier’ El Karma. Le général Desmichels sort de nuit pour surprendre Abdelkader. Il espère livrer bataille en avant de la place. Mais Abdelkader ne se laisse pas entrainer. Desmichels établit alors un blockhaus, lui signifiant que ses troupes ne reculent pas. Abdelkader attaque, Desmichels appelle toutes ses troupes. Mais Abdelkader les force de battre en retraite vers la place forte. Desmichels s’empare d’Arzew. Mais l’émir enlève jusque dans Arzew Betouna, un de ses nombreux ennemis et le fait exécuter. La mort de son père Mahiedine le prive de l’autorité morale, mais il sait en tirer bénéfice et ses actions sont plus téméraires et entreprenantes.

Abdelkader battait continuellement la campagne forçant les tribus à le suivre dans sa lutte, les empêchant de faire commerce avec les troupes françaises ou de les ravitailler en graines, huiles, viandes.

Le général Desmichels est maitre de la ville d’Oran à l’intérieur des murs de celle-ci, qui est de plus constamment sous les attaques d’Abdelkader. Il est presque prisonnier dans sa propre garnison, privé de ravitaillement et le risque de sortir razzier les tribus limitrophes n’est pas sans danger. Il doit en priorité faire nourrir ses hommes de troupe. Aussi, il tente une négociation avec l’émir. Ce sera le traité Desmichels.

71 Abelkader nos soldats Léon Plée

P40 J. Pichon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vie d’Abdelkader

 

 

Qui est Abdelkader ?

                          Témoignage d’Alexis de Tocqueville 1805-1859 :

 

               « Il ne faut pas se fier sur le passé et croire que la puissance d’Abdelkader, après avoir brillé un moment, s’éteindra comme tant d’autres. Il est au contraire fort à craindre qu’Abdelkader ne soit en train de fonder, chez les arabes qui nous entourent, un pouvoir plus centralisé, plus agile, plus fort, plus expérimenté et plus régulier que tous ceux qui se sont succédé depuis un siècle sur cette partie du monde. »

                                                        Henri Tessier l’émir Abdelkader p 96

 

 

 

                                Abdelkader, le diplomate

 

               Le traité Desmichels ou le traité de paix abordé lors de l’émission passée nous révèle la dynamique et le génie d’Abdelkader en diplomatie. Sa renommée encore naissante et sa puissance encore en construction n’empêchent pas ce chef non reconnu au niveau International à exceller dans l’art des négociations de questions les plus âpres et les plus complexes. A notre sens, il dépassait de loin le meilleur des ministres des Affaires étrangères de  son temps. Cela est d’autant plus vrai que l’émir poursuit encore l’organisation de son administration toute neuve et pose les premiers fondements de l’État authentiquement algérien qu’il est entrain de créer dans un environnement sociologique complexe et bien souvent hostile, sans compter les considérables difficultés que crée la conquête française de notre pays.

Le général Desmichels écrivit à l’émir Abdelkader pour l’informer qu’il était disposé à entrer en pourparlers avec lui et négocier un traité de paix entre les deux parties en décembre 1833. Abdelkader lui envoya une lettre dépêcha deux de ses lieutenants Miloud Ben Arrach et Ould Mahmoud pour conférer en dehors d’Oran avec Mardochée Amar, représentant le général Desmichels. Dans la lettre, il dit que ses deux envoyés lui feront connaitre ses propositions et si elles sont acceptées, vous pouvez aussitôt envoyer le juif Amar Mardochée auprès de l’émir pour arrêter le traité de paix.

Le général rend compte de la correspondance à son gouvernement et demanda l’autorisation de traiter avec Abdelkader. Paris donna son accord aux conditions suivantes :

1° Abdelkader reconnaissait l’autorité de la France

2° Abdelkader prêtait foi et hommage au roi des Français

3° payait un tribut annuel.

Les négociations furent aussitôt engagées et se poursuivirent du 4 au 26 février 1834. L’émir rejetait carrément les propositions du gouvernement français. Il demeurait  campé sur ses positions. Il savait qu’il était  en position de force et que son ennemi était dans une situation désespérée du moins en faiblesse. Ses hommes étaient menacés de mourir de faim et embarquer ses troupes étaient aussi à haut risque. Finalement, le traité est signé conjointement le 26 février 1834 par les deux parties. C’est le triomphe de l’émir Abdelkader : le traité ne fait aucune mention de cette condition de reconnaissance de l’autorité de la France. Toute la province est sous la souveraineté de l’émir à l’exclusion d’Oran, Arzew, Mostaganem. Son autorité s’étend jusqu’ à Chelef.  Voyons le texte du traité :

FB_IMG_1667753633371 FB_IMG_1667511490400

L’officier d’ordonnance M. Desforges prend la fuite et rentre à Oran informé le général Desmichels du désastre qui avait frappé sa colonne expéditionnaire. Point nécessaire de dire son désarroi et son abattement ! Aussitôt, il rassembla les troupes de la garnison pour se porter au secours de leurs camarades qui purent être sauvés à temps anéantissement. Ce qui resta de la colonne rentra à Oran dans les conditions, des plus pénibles.

Dans l’ardeur de sa victoire, Abdelkader reprend la route de Mostaganem pour continuer à maintenir le siège et à s’en emparer. Abdelkader ne dispose pas d’artillerie de siège dans son armée encore en formation, laquelle est composée exclusivement d’infanterie et de cavalerie. Les fantassins avaient pris possession des faubourgs et attaquent l’un des forts situés près de la mer. Un brick français les pilonnait sans cesse. Les Arabes se déshabillent et nagent en direction du navire, leurs fusils au-dessus de leur tète. Ils tentent d’aborder, mais ils sont repoussés. De son coté, Abdelkader avait creusé une galerie de mine sous le pied des murailles et des explosifs éventrèrent une brèche prise d’assaut par des moudjahidine qui sont repoussés en désordre par un feu nourri des soldats massés à droite et à gauche des murailles. Abdelkader dont les ressources ne lui permettent pas de libérer la ville sut lever le siège et regagner Mascara.

Le 6 aout 1833, le général Desmichels opère une razzia contre la tribu des Zmélas et enlève femmes et enfants.il négocie la libération des otages sous condition que la tribu n’obéisse plus à Abdelkader et vienne s’établir à Messerguin et à Oran. D’un autre coté la tribu des Douairs ancien makhzen turc continue de ravitailler la garnison d’Oran. Ce fut un coup terrible pour l’émir. Il décide de leur dépêcher des marabouts influents qui les convainquent de renoncer à tout lien avec les français. Les Zmélas quittent Messereguin et les Douairs cessent toute activité commerciale avec les français.

Le général demande à l’émir le 30 octobre, au nom de l’humanité, la  libération des prisonniers français qui escortaient Kaddour Tubben, chef de tribu des Bordjia.  Abdelkader décline cette sollicitation et lui adresse un défi avec une grandeur d’esprit certaine :

« Quand vous sortirez à deux ou trois jours d’Oran, j’espère que nous nous verrons et l’on saura enfin qui de nous doit rester le maitre du pays ».      J. Pichon

Le général relève le défi et sort le 2 décembre à 6 heures du soir, la tète de 2000 fantassins, 400 chasseurs (cavaliers), 100 sapeurs, 2 pièces d’artillerie. Il tombe sur la tribu des Zmélas. De violents combats les opposent. La colonne française parvient à tuer un bon nombre d’Arabes, d’enlever des femmes, de faire des prisonniers. La troupe française rentre à Oran glorieuse de sa razzia qui avait emporté des vivres dont la garnison manquait cruellement. Car, elle était ravitaillée seulement par la mer. Par voie terrestre, elle ne recevait aucun ravitaillement par risque de tomber sur les moudjahidine. Le général était dans une situation critique pour assurer la survie de ses hommes. Il avait deux alternatives, l’une aussi grave que l’autre : voir mourir de faim ses hommes ou s’embarquer pour la France.  Il réitère sa demande de libération des prisonniers à l’émir et lui propose une négociation de la paix.

Abdelkader renonça à diriger lui-même le siège de la ville qu’il confia aux Hachem Ghraba. Il se rend en toute hâte vers le point qu’il sait le plus menacé et exposé à la furie du général, qui n’est autre que le campement des Douairs et des Zémelas. Ses contingents chargent la colonne qui est sous le commandement de l’officier de l’Etang : l’infanterie française bat en retraite précipitée et de façon désordonnée ; la cavalerie prit la fuite sans se retourner ni reprendre le souffle. Cependant, l’artillerie oppose une résistance sérieuse. Les contingents de l’émir s’emparent du butin pillé aux deux tribus. Les soldats français, qui n’avaient pas ramené de ravitaillement, sont en proie aux affres de la soif et de la faim. De plus, le soleil du mois d’aout les brule. Bientôt les moujahidine les cernent de tous cotés.

Les deux tribus reprirent courage. Elles sont prêtes à la contre attaque. La bataille est engagée et c’est la débandade de la colonne française dont des contingents battent en retraite. Vif et alerte, tacticien de grande valeur, Abdelkader donne un ordre par lequel il s’assure la victoire. Son cri puissant et chaud  d’Abdelkader retentit, galvanise, enthousiasme : « Incendiez la plaine ! ». Sur le champ, des centaines de cavaliers partent au galop, sillonnent de tous les sens la plaine et mettent partout le feu aux herbes sèches et aux broussailles sur les arrières des soldats français dont la marche est ralentie par leurs blessés. La colonne ennemie marche sur une épaisse couche de cendres brulantes et passe au travers de rideaux de flammes. Ce stratagème épuisait leurs forces et leur résistance. Un grand nombre de soldats jettent leurs armes. Certains moururent asphyxiés, d’autres roulaient sur ce tapis de cendres et de flammes toujours brulantes et désespérés, leur vie finit sous les coups mortels des yatagans des moudjahidine.

12345...60

Yasume |
les poèmes de mistigri |
philantrope de mbarta |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | HAZA LANITRA
| beauty $pot
| lalarmedelephant