Marguerite tome 2 vient de paraître. Si au premier tome, le héros, Hamza, encore adolescent, avait affirmé sa personnalité et s’était peu à peu aguerri au contact d’épreuves dramatiques que connaissait son peuple, vivant sous le joug colonial. Ses rêves avaient aussi pris peu à peu la forme d’un projet fiable pour mener sa révolution, idéal qu’il nourrissait en son corps et âme. Au second tome, Hamza est prêt pour l’action armée. Cependant, la réalité était beaucoup plus complexe et sa révolution ne prend l’allure que d’une insurrection, à localisation géographique réduite. La préparation de celle-ci s’était déroulée dans un état de violence qui avait contribué à l’explosion de colère d’une poignée d’hommes, résolument engagés pour faire entendre leur voix confisquée. Donc le tome 2 détaille cette insurrection, fort peu connue du grand public et peut-être dans son propre milieu, Marguerite à Meliana, à l’exception de la tribu des Righa qui avait fomenté la révolte dite de Marguerite.
L’état de violence, qui l’avait précédé, était grave et dramatique. Le parti colonial, qui exerçait presque tous les pouvoirs et possédait presque toutes les terres et se comportai en vrai tyran, menait des actions violentes pour obtenir l’indépendance de l’Algérie, affranchi de la tutelle de
la France et réduisant les indigènes à plus d’esclavage. De plus, il voulait réduire à l’indigénat les Juifs qui avaient accédé à la citoyenneté française par le décret Crémieux. Ainsi il provoqua la crise, dite anti-juive, qui avait embrasé l’Algérie. Les colons s’étaient déchaînés sur les Juifs dans presque toutes les villes entre 1887 et 1898 : Oran, Tlemcen, Alger, Ain-témouchent, Saint-Denis-du-Sig…Leurs magasins furent pillés, saccagés. En 1898, c’est la véritable crise, pendant laquelle Alger était devenu un champ de bataille, difficile à imaginer : leurs magasins furent saccagés et pillés et des marchandises furent transportés à dos de mulet. Parmi la communauté juive, il y’eut plusieurs blessés graves et deux morts. C’était l’anarchie, car l’armée laissait faire, encore secouée par l’affaire Dreyfus. L’Etat français fut dépassé par les évènements et pour briser la révolution des colons, il céda aux exigences du parti colonial et conféra l’autonomie de l’Algérie. Oui, c’était bien la révolution des colons qui s’attaquait à la communauté juive, afin de la priver la citoyenneté française. Sur ce point, l’Etat français ne céda pas cependant.
Ainsi ce tome 2 nous permet de comprendre la psychologie du colon et de voir clair dans des épisodes qui restent plus ou moins obscurs, sauf pour les historiens qui ont étudié à fond ces tragédies.
Marguerite tome 2 par Ahmed Bencherif.
Edition Edilivre, 56 rue de Londres
75008 Paris.
Florence
Florence, doux rêve qui vient la nuit
Chanter la romance au son de la lyre,
Curer l’âme troublée par l’affreux ennui,
Guérir la plaie du cœur, chasser le délire,
Ouvrir les horizons au-delà des grands flots,
Elire le logis dans les bois verdoyants,
Cultiver le jasmin, épandre le pavot,
Insuffler dans ma vie ses charmes attrayants.
La lune disparaît lorsque tu apparais :
La voûte céleste est alors brillante,
Constellée en grappes par tes beaux attraits,
Œuvre d’art grandiose, sublime et fascinante.
Au clair de Florence, la romance est chantée,
La sonate est jouée, les notes se plaignent,
Les houris évoluent en danses envoûtées
Et dans l’eau bleue du lac les cygnes se baignent.
Ta beauté surpasse les pierres précieuses,
Rouges et violacées, vertes et bleues, argentées,
Astre magnifique, de couleurs berceuses,
De radiations tendres, à jamais attestées.
Le soleil se couche, lorsque tu apparais ;
Alors le ciel est bleu, baigné de lumière,
La nature active dans ses plus beaux attraits,
Les jolis passereaux chantent leur grand concert,
Les fleurs s’épanouissent, les lys et les lilas,
Les herbes renaissent, les moissons durent l’an,
Les branchages valsent malgré leurs entrelacs,
Les senteurs enivrent, charriées par les vents.
Tes dards brûlent l’aigle dans son lointain envol
Et soufflent l’air chaud sur la neige qui fond.
Ma main ne brûle au feu de forêts des saules,
Mais brûle sur ta joue, jusqu’au derme profond.
Les fleurs épanouissent à ta seule haleine,
Avec précocité et de meilleurs éclats.
Mon talent s’enflamme de poésie pleine,
Par ton hale qui tient mon être dans ses appâts.
C’était le premier dimanche du mois d’août de la même année. La nature endormie se réveillait paresseusement. Le soleil dessinait au levant un mélange de couleurs fantastiques, les unes timides, les autres conquérantes. Dans les bois, les oiseaux s’agitaient et criaient précipitamment, avant d’aller becqueter un vers de terre ou une cerise, de voltiger dans le ciel avec beaucoup de grâce et de perfection. Le monde rural était levé : une vache qu’on trayait à sang mugissait, se débattait et tentait de fuir la main implacable ; une femme battait du lait, une autre cueillait des roses dans son jardin. Le village semblait désert à cette heure matinale. Les artères commerçantes propres : dès l’aube, le cantonnier avait ramassé à dos d’âne les papiers charriés par le vent et les cartons d’emballage vides en alfa, heureux de les emporter et de les donner à brouter à une ou deux brebis soudanaises, qu’il élevait pour leur portée pluriannuelle. Les bars et les commerces européens étaient fermés, en raison du caractère religieux de la journée, bien plus que par un repos hebdomadaire mérité. Il faisait frais et l’astre du jour ne flambait pas. Sur la terrasse du café maure, quelques clients buvaient lentement du café à la fraîcheur matinale, les boutiquiers indigènes arrosaient les devantures, quelques uns remplissaient d’eau des jarres enchâssées au mur. Ils chômaient tous car personne ne songeait à faire ses emplettes de sitôt.
Dans ce silence de campagne, l’église rappela aux fidèles l’auguste moment pour vénérer le Dieu et récolter la bénédiction dont ils avaient besoin pour se prémunir contre de fâcheux aléas. La cloche, qui tintait pour le rassemblement spirituel, symbolisait la purification et la piété, ses puissantes notes se répercutaient à la ronde et chacun se démenait pour être à l’heure et se prosterner à la puissance divine, on y donnait son cœur pour être aux premiers rangs afin de mieux laver ses pêchers et ses tourments. On aimait la maison du Seigneur et en retour, elle réconfortait les âmes perdues, par une simple prière qui descendait comme un baume, par la bouche du curé. On acceptait son enseignement de morale que chacun appliquait selon ses propres impulsions, mais en respectant toujours la pudeur. Dans les rues, qui s’animaient peu à peu, deux grands courants humains flottaient et se côtoyaient dans une compréhension réciproque idéale : les chrétiens allaient faire la messe et passaient le plus normalement du monde devant les musulmans qui leur réservaient une attitude respectueuse, l’échange des Salamlec étant d’usage. Les uns et les autres étaient convaincus qu’ils détenaient la vérité absolue, sans le penser tout haut, car la tolérance cultivée à travers les ages finit par triompher et les amenait à raisonner, à éviter des désagréments inutiles qui n’entamaient la foi, ni des uns, ni des autres, les douloureux souvenirs de confrontation d’ordre religieux ayant été effacés depuis longtemps. L’age des guerres saintes était révolu et l’homme de cette confession ou de l’autre ne tenait plus à brandir le javelot. Il évolua et assimila convenablement sa propre religion. Les enfants, qui accompagnaient leurs parents, étaient adorables et mignons, heureux d’aller sentir la chaude ambiance religieuse. Comme de petits anges, Ils avaient la pureté de l’âme, croyaient à une vie merveilleuse, avaient hâte de grandir, pour en cueillir des roses sans épines. Ils portaient leurs plus beaux habits pour la circonstance et sentaient un bon parfum. Les fillettes tenaient la main de leurs mamans, les petits gosses apprenaient à s’en affranchir. Tout au long de l’itinéraire, ils n’entendaient parler que de la douceur de Sidna Aissa, Jésus, de charité chrétienne, de foi et de toutes les belles choses qui existent sur terre ; ils assimilaient dans leur jeune age la morale, afin de marcher toujours dans le droit chemin. L’un espérait devenir prêtre, une fillette rêvait d’être une sœur blanche.
L’église était au cœur du village, comme l’était le Christ au cœur des Chrétiens. Son bel ensemble architectural gothique et musulman initiait aux méditations philosophiques sur le rapprochement des peuples. L’homme, cet éternel incompris, s’ingénie à assembler les matières et échoue à assembler les vertus. Sur un fond de mosaïque africaine, la Vierge Marie purifiée, la lalla Meriem (Marie) sanctifiée, était émouvante, son enfant dans ses bras. Le crucifix chagrinait les âmes dont quelques unes, prises d’attendrissement, versaient un ou deux pleurs. Les cierges étaient allumés et l’encens exhalait son parfum. L’atmosphère était chaudement pieuse et les fidèles prenaient un air d’innocence pour demander le Pardon. Elle rappelait, en outre, le perpétuel combat entre le tentateur et la sagesse. L’orgue, qui était une récente charité de la mère de Fernandez, émettait ses notes plaintives et fortes. Vêtu de soutane blanche et auréolé d’un long chapelet qui retombait sur sa poitrine, le Père Nardi officiait la cérémonie. C’était un homme de grande piété qui suivait l’évolution de son temps et augurait même sur l’avenir. Par des paroles pondérées, sa verve intarissable abordait les différents maux de la société. Rien n’échappait à son esprit clairvoyant, ni l’adultère, ni une autre infamie. Il savait pourtant qu’il nageait à contre courant et que l’Etat moderne oeuvrait pour le progrès et son corollaire, l’émancipation des mœurs, comme si les deux dimensions, tenues pour indissociables par nature, formaient un seul rail, sans lequel le train déraillait infailliblement. L’homme moderne tendait de s’affranchir de la décence, de donner libre cours à ses instincts, moins pudiques que ceux des animaux qui, pour leurs accouplements, opèrent d’un charme recherché et persévérant.
Le son musical se tut, le père ouvrit l’Evangile et invita à la lecture de l’Epître de Paul aux Romains au paragraphe 26 :
« C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes ; car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; et de même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire qui méritait leur égarement »
« Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé pour commettre des choses indignes, étant remplis de toute espèce d’injustice, de méchanceté, de cupidité, de malice ».
L’instant était à la repentance. Chacun se jurait de ne plus commettre de mauvaises actions, de préserver vaille que vaille le serment indéniable à Jésus, de suivre l’exemple des Apôtres qui furent accablés de mille persécutions, d’être fidèles aux martyres, combien nombreux, hommes, femmes ou enfants, jetés aux bêtes féroces dans un amphithéâtre bondés de milliers de spectateurs et de courtisanes nues, ou encore décapités, nus, dans les places publiques, déchiquetés en lambeaux entre deux arbres, fouettés à mort aux verges. Le christianisme, qui fut combattu, à outrance par les idolâtres finit par triompher et donna l’espérance aux hommes qui modérèrent leurs mœurs et diffusèrent la vertu, la fraternité et l’amour du prochain. Avec un cœur lourd, le Père Nardi ferma l’Evangile, leva ses deux mains au ciel et récita à haute voix l’espérance de Paul pour réconforter les âmes :
« Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous. Amen. Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint Esprit ».
La messe terminée, on attendit patiemment un moment aussi solennel, le sacrement de deux époux. Ce serment, qui les liait dans la fidélité réciproque, pour la vie, pour la mort, dans le meilleur et dans le pire, était émouvant. Le Père Nardi louait toujours Dieu pour cette coutume qui défiait les ages et qu’il imputait à un sentiment de religiosité vif. Les deux époux étaient très heureux : Madeleine était ravissante dans sa robe blanche ; Gustave était élégant dans son costume bleu. Ils passèrent à l’autel. Là, le curé célébra la cérémonie d’usage et les déclara unis, selon les lois sacrées du mariage. Ils échangèrent leurs alliances et sortirent, suivis par l’assistance qui criait d’émotion : « vive la mariée ! »
Tout le monde était parti et il n’en restait plus que Juliana et un jeune homme qui tentait désespérément de lui tenir compagnie, d’essayer de la réconforter dans ses moments de solitude et d’abattement. Elle le connaissait, le croisait souvent sur son chemin, faisait parfois une courte promenade avec lui dans le jardin public. Il la prévenait d’attentions douces et la comblait de compliments mérités. C’était un gentil garçon plein de finesse qui l’épatait ; son humour ingénu la divertissait quelque peu. Il semblait lui faire la cour. Son regard la troublait, ses avances n’avaient pas ce caractère pressant, comme celles d’un courtisan commun. Mais elles étaient sincères et persévérantes. Elle éprouvait un secret plaisir, de se sentir attirante, admirée…Elle ne voulait pas qu’il restât avec elle, par une indéfinissable faiblesse : elle se complaisait en sa présence, son cœur battait anormalement, son regard était trouble, la timidité la saisissait. Elle lui demanda en vain de partir, le pria confusément. Elle le supplia, en lui tenant les deux mains. Alors, elle frissonna et sentit une douce chaleur l’envahir. Puis, elle dit simplement d’une voix tendre : « va ! Je t’en conjure au nom du Christ ». Le moment était sincèrement émouvant et pur, sans aucune atteinte à la piété des lieux. Le jeune homme qui ne s’était pas comporté de façon équivoque fut obligé de céder à cette exhortation et s’en alla, heureux de se sentir enfin aimé par Juliana.
Sa persécutrice, Graziella, ne venait plus à l’église, depuis qu’elle s’était jetée dans les bras de Gaston. C’était sa meilleure amie qui avait trahi sa confiance et la faisait terriblement souffrir. Les valeurs déclinaient, l’amitié devenait traîtresse et assassine, on se jouait des sentiments des autres comme on jouait aux dés. Une cruelle fatalité la frappait et elle ne savait pas comment réagir pour reconquérir la quiétude de sa vie conjugale, qui se fragilisait de jour en jour. Son mari ne l’accompagnait que rarement à la messe, si bien qu’elle en perdit le souvenir. Elle grandit dans une famille qui faisait de l’Evangile le code de conduite immuable de leur vie et ne songea jamais à l’adultère pour assouvir ses désirs, encore moins au divorce pour pouvoir se remarier, ce qui était selon la loi religieuse un péché. Sous une forte émotion, Juliana abandonna ses deux petits enfants, sagement assis sur un banc, et marcha lentement vers l’autel. L’espoir renaissait après une longue attente et promettait une vie meilleure pleine de joies et d’amour. Un rayon de soleil illuminait son univers sombre. La femme supporte le moins la séparation. C’est la chose la plus cruelle qui puisse lui arriver. Surtout si elle est belle et jeune. Ses courtisans abondent et déploient un charme entreprenant qu’elle subit infailliblement. C’est la loi de la nature qui ne renferme aucun mystère, c’est un besoin à plaire qu’aucune philosophie ne puisse détourner ni ignorer. Là commence son drame. Elle écoute ses impulsions qui la minent sourdement, sa conscience la torture, la fidélité jurée l’écrase et elle en souffre terriblement. Rien ne présente plus d’intérêt pour elle et c’est le moment où elle a le plus besoin de force qui chancelle fatalement.
Elle se prosterna et se réfugia aux ultimes espérances de l’âme angoissée pour trouver le salut et l’inspiration d’une ligne de conduite. Elle se couvrit le visage d’un voile clair et murmura une courte prière qu’elle ne pût achever, l’anxiété étranglant sa voix. La mélancolie, qui l’assiégeait, gagna l’environnement spirituel. L’espace se restreignait autour d’elle et lui semblait atrocement vide. Sa douleur muette déchirait les cœurs et montait au ciel, emporté par des anges qui la pleuraient. Elle vivait une crise terrible et ne parvenait pas à choisir la voie propice : préserver sa vertu et souffrir indéfiniment de l’abstinence, commettre le péché, tomber dans l’immoralité et trahir sa confession. Il ne lui restait plus que de se retrancher dans son éducation religieuse, d’invoquer le Tout Puissant, d’en implorer la clémence et de l’assister dans son combat douteux. Elle s’était attardée plus que d’habitude et ses deux petits enfants vinrent auprès d’elle. Sa fillette de cinq ans découvrit avec effroi que sa maman avait pleuré. Elle en fut épouvantée et se serra contre elle. Plus que le garçon, la fille est proche de sa mère dont elle comprend l’état d’âme et cherche à la consoler promptement. D’une voix brisée, elle lui demanda ce qui la chagrinait. Le cadet qui était âgé de trois ans restait ahuri et prononça plaintivement : «Maman ! » Que pouvait-elle dire ? Sinon, garder sous silence son secret Et d’ailleurs, ils ne comprenaient rien à ces choses abominables que commettaient sans vergogne les adultes. Il fallait avant tout sauver les apparences et sauvegarder l’harmonie de son foyer.
Grappes de raisins
En forme de grappe de raisin juteuse,
Qui brille au soleil par les jours de juillet,
Réveille les envies combien amoureuses,
Parmi les feuillages vert clair et douillet,
Plus grosse que le fruit du chétif grenadier,
Qui, pendant, balance au toucher d’un rameau,
Garde jalousement son nectar très envié,
Attendrit de couleurs et cure de maints maux,
Charnue comme nèfle, tendre dans la bouche,
Filante dans la main, brûlante dans les sens,
Cette cime de chair succulente enclenche
Un très fort sentiment d’extase et de transe.
C’est ton orgueil comblé, frais et impérissable,
Qui vit plus dans ta chair, plus encore dans ton cœur.
Il fut le témoin présent et invulnérable
De tes jours sereins ou vifs, tes joies ou tes langueurs.
Tu la pares d’écrin de soie noire ou rouge,
Couleurs violentes bien suggestives,
Qui donnent à chacun un tendre vertige,
L’élan de conquête de façon hâtive.
Le regard s’y pose, tu en es heureuse,
Tu jouis de plaisir, tu te sens la femme,
Tu décroches le prix de jolies berceuses,
Compliments sincères, venus du fond de l’âme.
Ta volupté, aussi, jamais inassouvie :
De câlins en câlins, tendres ou passionnés,
Elle en est vierge, tout au long de ta vie,
Toujours glorieuse, et à jamais fanée.
C’est ton sein féminin émergeant de ta chair,
De rondeur unique, appât pour le regard,
De belle volupté, qui croit en égal pair
Dès la naissance et pointe ses beaux dards.
Bleu œillet, extrait de l’odyssée à paraître ahmed bencherif
Je te vis radieuse, vêtue de bleu oeillet
Entre le tapis vert et le jaune doré,
Sous l’éther par journée très peu ensoleillée
Et, tout autour de toi, se dressaient les fourrés.
Tes noirs cheveux retombaient sur tes seins,
Tes yeux éjectaient la flamme pour brûler,
Lovés sous les cils noirs, sur ton visage sain
Sans faux pli, ni rides dont la peau était halée.
Tu étais si belle dans ce champ de blé mûr,
Gracieuse comme la biche de ton bled,
Attirante sans fin, rafraîchie par l’air pur,
Souriante à l’envie, sûr de ton remède.
Les épis caressaient tes jolies mains brunes
Les herbes s’inclinaient à tes pieds couverts.
Par émoi, l’artiste retenait son haleine
Et de partout montait le chant de l’univers.
Derrière toi, le champ prenait sa naissance,
Pour se jeter loin et finir au tapis vert
Fermé par une haie de plantes peu denses
Qui fermaient l’horizon où naissait le bel éther.
Un vent léger soufflait, caressait tes cheveux,
Baisait ton visage, rafraîchissait ta peau
Collait ta chemise sur ton corps délicieux,
Te susurrait à l’ouie l’évasion au hameau,
Roucoulait la chanson de l’amour à venir,
Berçait les feuillages où nichaient les oiseaux
Faisait flotter le blé joyeux de t’accueillir,
Heureux de vivre un jour avant la fatale faux.
Le gazon immense, par ci par là terreux,
Te faisait un beau lit très épais et tendre
Pour mouiller de rosée ton corps svelte et gracieux
En sentir l’haleine sans plus attendre,
Pour vivre des moments de plaisir intense,
Gravé en mémoire jusqu’à la fin des temps,
Oublier tes soucis, détruire tes transes,
Jouir à satiété de joie cachée longtemps.
Nadia !
Le pari n’est tenu pour te rendre grâce.
Ton éclat nuancé de rose et de pourpre,
Evoque le rubis qu’un peintre ne trace
Q’un chantre ne chante dans l’ode champêtre.
Ton mérite est plus cher qu’un diamant royal,
Ta valeur surpasse les joyaux de la terre,
Ta vertu génère des saintes de chorale,
Tu es ce prodige de notre univers.
Dussè-je muer en encensoir précieux
Et te sanctifier par des fumigations
Qui renvoient mes tendres complaintes aux cieux
Et livrent le sujet de mes émotions.
Ma magie du verbe n’est péché, ni crime.
C’est l’âme qui parle, dit ce qu’elle ressent.
C’est le coeur qui vibre par affolant rythme.
Mon vers en cascade déplore l’air stressant.
Ai-je de la grandeur ? Quel joli compliment !
Et de la puissance ? Tu me hisses au faîte,
Aux hautes sphères du merveilleux firmament.
J’en suis ravi chère Nadia que tu l’attestes.
Mon lyrisme est pour toi, femme de culture. Cherche-t-il à dérober un amour sans espoir ? Oh que non ! Il te loue pour ta belle allure, Comme dîme à payer pour tes veillées du soir.
Le chant n’est pas magie, c’est de l’art recherché, Evertué d’idéal et de franchise du cœur, Où l’âme désire planer et chevaucher,
Passionnée de sublime, extasiée de bonheur.
L’auteur a présenté, mercredi 6 mai, ses ouvrages au palais de la culture de sa ville natale; la séance a été suivie d’un débat et d’une vente dédicace. Et furent consacrées trois interviews de la radio régionale de naama, dont l’une rediffusée à la radio nationale informations culturelles.

signature de mon roman historique colonisationa française Marguerite tome 1 et livre ^poésie la grande ode
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extrait de l’odyssée à paraitre, par ahmed bencherif
Keira
O Keira ! Ecoute mon appel dans la nuit
Solitaire et vide, monotone et triste,
Sous un ciel sombre sans lune qui reluit
Sans constellations brillante, filante.
O Keira ! Ecoute mon appel émerger
De mon coeur oppressé par l’atroce langueur,
De mon moi qui reste, sur ta beauté, figé,
Ensorcelé à fond par tes attraits charmeurs.
Qu’il souffre loin de toi, loin de ton haleine !
Grâce ! Viens dans mes bras et guéris sa douleur
Par simple caresse, viens curer sa peine.
L’étreindre dans tes bras, lui prodiguer bonheur.
Nous irons par l’oued, au milieu des roseaux,
Des lauriers, tamaris, des ronces et palmiers
Entre la dune d’or et les jardins si beaux
Plantés de figuiers, de géants pommiers.
Qu’elle est belle ta voix, douceur et harmonie,
Legs d’une légende encore vierge
Qui cache les amours, par les dieux, bénis
Vécues ardemment, sans voile, ni cierge.
Nous irons nous marier sous nos beaux peupliers
Sur un tapis de fleurs odorantes et gaies,
Non loin de la vigne verte et du figuier
Fêtés par un concert de chants du merle et du geai.
Le printemps arrive, témoin de notre sacre.
L’automne n’est pas loin, témoin de notre serment.
O saisons lointaines ! Pitié de ma vie acre !
Pliez les jours et les nuits ! Hâtez l’évènement !
O Keira ! Trouve-moi le séjour pour rester,
Rester à tout jamais dans tes bras accueillants,
Par les jours joyeux, par les nuits veloutées,
Evoluer toujours autour de ton rayon.
Toi qui parus en ce printemps fleuri et verdoyant,
Comme un soleil d’été aux aurores,
Ou la lune rousse dans un ciel attrayant,
Un jardin bien tenu embaumé de flore,
Toi qui soufflas de loin un espoir recherché
De saison en saison, qui m’avait ébloui,
Qui avait ranimé mon tonus relâché,
Sous le poids du doute, quand tout semblait enfoui,
Hommage à Charles-Robert Ageron.,
Par Ahmed Bencherif
Le grand historien, Charles –Robert Ageron, quitta la vie active sans gloire, pour avoir attaqué le syndrome du colonialisme en Algérie. Il en est ainsi des hommes d’exception qui crée des œuvres percutantes. Il quitta la vie le début septembre 2008, terrassé par la maladie.
Sa thèse « Les Musulmans algériens et
la France », soutenue en 1968, soit six ans après l’indépendance de l’Algérie, se distingue par une audace que peu de spécialistes pouvaient s’approprier pour piocher dans le passé colonial et le mettre à la disposition du lectorat. Elle est colossale et couvre la période allant de 1871 à 1919. Elle constitue une référence de base pour l’intelligentsia, dénote l’analyse objective de la praxis coloniale multiforme, reflète une probité intellectuelle exemplaire, procède d’une clarté sidérante, dans la mesure où elle situe les évènements dans leur contexte historique pur et sans maquillage. Les investigations, que mena Ageron, nécessitèrent une grande persévérance, de l’opiniâtreté et surtout l’occultation de ses sentiments et de ses opinions.
Ageron nous a fourni une didactique pour comprendre le passé colonial qui avait désastreusement évolué à partir de 1871, soit à l’avènement du gouvernement des maires. Disons tout de suite qu’il réfuta les thèses infirmes des penseurs coloniaux. Disons aussi qu’il rendit bien des fois hommage au peuple algérien pour être resté lui-même : fier, vaincu mais insoumis, résistant infatigable.
Sa thèse m’avait permis de réfléchir, puis de comprendre les mécanismes que j’ai développés dans le roman historique « Marguerite tome 1 ». Par probité intellectuelle, je lui avais dédié cet ouvrage ; hélas, il ne put, pour cause de maladie, savourer le plaisir de savoir que sa thèse avait servi à faire un roman historique volumineux.
Le premier tome transpose le quotidien en Algérie, en situation conflictuelle grave de trois communautés : les colons, les juifs et ceux qu’on appelait honteusement indigènes. Sinistre tableau : séquestre, régime d’exception, sussions fiscales, parole muselée, famines régionales, internement administratif, déportation en Nouvelle Calédonie….
Le second tome, qui paraîtra très prochainement, relate :
- la révolution avortée des colons
- la crise anti-juive qui avait embrasé l’Algérie
- l’insurrection de Marguerite
Mon œuvre, telle que conçue, n’aurait certainement pas vu le jour, sans l’apport substantiel de Charles-Robert Ageron. Encore une fois, je lui rends hommage.
Qu’il repose en paix !